Diégèse | |||||||||
jeudi 14 février 2019 | 2019 | ||||||||
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Mes mondes | 45 | ||||||||
Noëmie Diégèse | |||||||||
Nous
allons faire ensemble l'expérience que je nomme
« la
terrasse. » Elle demande des moyens relativement limités et, si
vous habitez en ville, elle ne pourrait vous coûter que le prix de deux
cafés. Mais, elle doit vous coûter le prix de ces deux cafés, car,
l'expérience de « la terrasse » doit s'effectuer seul.e. Vous
ne pouvez donc pas vous faire inviter, même pas par le serveur ou la
serveuse, la patronne ou le patron du bar. Choisissez au hasard deux cafés en ville. À l'idéal, un café dans lequel vous seriez déjà allé.e et un autre que vous ne connaissez pas encore. Vous commanderez la même boisson. Le café n'est mentionné ici qu'à titre indicatif au regard de son prix, certes excessif, mais supposé abordable. Vous resterez au moins trente minutes assis.e à chacune des deux terrasses, sans livre, sans journal ou magazine, sans téléphone mobile. Vous pouvez garder sur vous votre téléphone mobile si vous en avez un, mais, vous devrez l'éteindre ; le mettre sur vibreur ou silencieux ne sera pas suffisant l'extinction complète est indispensable aux conditions optimales de l'expérience de « la terrasse. Vous chronométrerez l'expérience une fois la boisson servie, que vous payerez à l'avance pour ne pas être éventuellement dérangé.e par le serveur ou la serveuse venant vous réclamer la somme due, celui-ci ou celle-ci ayant terminé son service. Ce type d'interruption n'arrive cependant que dans les grandes villes. Dans les petites villes, voire les villages, cela pourrait paraître étrange que vous souhaitiez payer à l'avance : vous ne le ferez donc pas. Les conditions de l'expérience de « la terrasse » ayant été ainsi précisées, l'expérience peut commencer. Dernière consigne : vous devez essayer de ne penser à rien. Allez faire l'expérience et revenez lire la suite de ce texte après l'avoir effectuée. En admettant que vous ayez été une lectrice, un lecteur suffisamment motivé.e pour effectuer l'expérience de « la terrasse » et revenir ensuite lire ces lignes, à moins que vous n'ayez gardé en poche cet opuscule, je dois vous annoncer maintenant que l'expérience en question est impossible à réaliser. Pourquoi ? C'est qu'il est rigoureusement impossible de ne penser à rien, d'une part ; et qu'il est d'autant plus impossible de ne penser à rien quand on sait qu'on pratique une expérience dont on est à la fois le sujet et l'objet. Ne penser à rien supposerait que l'on soit entièrement le sujet de ses actes et de sa pensée. Or, cela n'arrive jamais et il faudrait pratiquer une méditation proche du coma pour « ne penser à rien. » À rien ni à personne. Je peux parier que si vous avez suivi mes instructions, vous avez au moins pensé une fois à ce livre, et donc, certainement à son auteure. Vous avez donc par voie d'association pensé à moi. Mais, pas seulement. Ce à quoi vous avez pensé, celles et ceux à qui vous avez pensé, cela vous appartient entièrement et n'est pas prédictible. Mon propos n'est pas ici de faire de la psychologie, ni de la sociologie. Les supports de votre pensée ne sont d'ailleurs pas décidables ni prédictibles, même par vous-même. En revanche, si vous revenez vers cette expérience et que vous la considériez du point de vue du temps, non du temps que vous avez chronométré mais de celui, sensible qui a marché avec votre pensée, il y a peu de doute que vous vous êtes placé.e dans un temps sensible et non chronologique. Je suis certaine que vous pourrez le confirmer. Reste à examiner pourquoi je vous ai demandé d'effectuer deux fois cette expérience de « la terrasse. » |
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page 45 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
« Il est
dans son monde » dit-on souvent des enfants rêveurs. « Il est
dans ses
mondes » devrait-on dire. Noëmie Diégèse se fait dans son dernier
livre
tout à la fois philosophe, historienne, psychologue voire
neurophysicienne, pour tenter de cerner ce qui relève de l'image, de
l'imagination et de l'imaginaire. Se fondant sur la longue lignée de
philosophes qui prennent le parti de la perception contre la notion de
réalité, et donc pour le réel, elle arpente les mondes enfantins, les
fantasmagories adultes, en exploratrice expérimentée. Sa démonstration
est implacable : ce que nous concevons souvent de manière
binaire : le
couple réalité vs imaginaire,
serait en fait toute une bande qui s'agence en différentes mises en
tension. Il faudrait donc pour concevoir le réel et sa perception,
pouvoir se représenter le chiliogone cher à Descartes, mais un
chiliogone qui se meut à la vitesse de la lumière. Nul besoin d'être un philosophe chevronné pour lire ce livre. Noëmie Diégèse raconte des histoires et ces histoires sont tour à tour tendres et captivantes. L'auteure, qui n'en est pas à son coup d'essai, nous prend par la main pour marcher dans ses mondes. Et nous l'y accompagnons avec un plaisir non dissimulé. |
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14 février | |||||||||
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