Diégèse




samedi 16 février 2019



2019
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L'Imposteur au bord du lac de Côme 47



Gustav Diégèse














Message 47

J'invente avec un certain succès une étude sur l'urbanisme du Caire. Il y a pourtant une opposition évidente entre les termes. Le Caire est de ces villes qui sont rétives à l'urbanisme. Depuis la révolution industrielle et cette manie de vouloir tout planifier, on a inventé peu à peu cette discipline honnie, qui, en plus d'un siècle a surtout montré sa capacité à échouer dans tout ce qu'elle a entrepris. On pourrait même admettre, avec un peu de courage et de lucidité qu'il n'y a pas pire ennemi des villes que les urbanistes. Mon étude sur l'urbanisme du Caire va tenter de le démontrer. Je vais inventer une méthode qui sera ensuite applicable aux autres villes ; même aux villes dont on dit habituellement qu'elles ont un urbanisme « maîtrisé. »

Prenons Paris, par exemple. On s'acharne à considérer que le baron Haussmann a considérablement amélioré Paris. C'est évidemment une absurdité. Comme dans les autres villes où il a sévi, le plan et le bâti haussmanniens sont des échecs patents. Il suffit pour s'en convaincre de circuler autour de la Madeleine, de considérer ces grands appartements destinés à la bourgeoisie et qui sont désormais vides. Haussmann : ce sont des milliers et des milliers de mètres carrés qui ont durablement échappé à l'habitat. Il y a aussi celui qui voulait être le Haussmann du vingtième siècle : le dit « Le Corbusier. » On doit pouvoir trouver son vrai nom quelque part. Si l'on considère honnêtement sa conception de la ville et de la vie en ville, on plonge immédiatement dans un monde aussi surveillé et totalitaire que ceux inventés par Huxley. La ville de Le Corbusier ne vaut que pour « Le Meilleur des mondes. »

Quand je n'écris pas sur Le Caire, je choisis un point de vue en surplomb sur les villages italiens qui n'ont jamais eu à souffrir de cette guigne de l'urbanisme. J'y vois les familles qui se sont serrées les unes contre les autres, ménageant l'espace, la lumière, les ressources. Elles ont peu à peu apporté le confort, l'eau courante et l'électricité. J'y vois la durabilité des matériaux, l'unité des tons et des couleurs. Et puis mon regard s'évade vers leur périphérie. Je ne vois plus alors que la laideur et le chaos du commerce.









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4e de couverture






Bellagio, presqu'île du Lac de Côme en Italie, abrite un des lieux de la Fondation Rockefeller, lieu de résidences d'artistes et de chercheurs. Le cadre est magnifique. Le paysage sublime, avec Ce charme suranné des anciennes stations de villégiature. C'est d'ailleurs à Bellagio qu'est née la fille de Franz Liszt, Cosima, qui épousa plus tard Richard Wagner. Son père et sa mère y avaient passé leur lune de miel.
Mais, qui est ce chercheur à la triste mine qui intrigue et inquiète ses condisciples et qui affirme travailler sur l'urbanisme du Caire ? Est-ce un terroriste déguisé en savant ? Un savant déguisé en poète ? Rien de tout cela ?
Avec ce roman, Gustav Diégèse confirme sa maîtrise du roman policier intellectuel. Car, évidemment, l'énigme de cet imposteur, qui n'en est peut-être pas un, est une métaphore philosophique. L'enquêteur dépêché par la Fondation est tout aussi bien un philosophe qu'un policier, qui médite sur les apparences et sur l'universalité du malheur. D'ailleurs, comme l'affirme La Rochefoucauld, dans toutes les professions chacun affecte une mine et un extérieur pour paraître ce qu'il veut qu'on le croie. Ainsi on peut dire que le monde n'est composé que de mines.










16 février






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