Diégèse | |||||||||
lundi 18 février 2019 | 2019 | ||||||||
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Ce serait une image triste | 49 | ||||||||
Noëmie Diégèse | |||||||||
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«
Rougon
Karma » *Brusquement, Silvère leva la tête. Il se débarrassa des plis de la pelisse, il prêta l'oreille. Miette, surprise, l'imita, sans comprendre pourquoi il se séparait d'elle d'un geste si prompt. Depuis un instant, des bruits confus venaient de derrière les coteaux, au milieu desquels se perd la route de Nice. C'étaient comme les cahots éloignés d'un convoi de charrettes. La Viorne, d'ailleurs, couvrait de son grondement ces bruits encore indistincts. Mais peu à peu ils s'accentuèrent, ils devinrent pareils aux piétinements d'une armée en marche. Puis on distingua, dans ce roulement continu et croissant, des brouhahas de foule, d'étranges souffles d'ouragan cadencés et rythmiques ; on aurait dit les coups de foudre d'un orage qui s'avançait rapidement, troublant déjà de son approche l'air endormi. Silvère écoutait, ne pouvant saisir ces voix de tempête que les coteaux empêchaient d'arriver nettement jusqu'à lui. Et, tout à coup, une masse noire apparut au coude de la route ; la Marseillaise, chantée avec une furie vengeresse, éclata, formidable. « Ce sont eux ! » s'écria Silvère dans un élan de joie et d'enthousiasme. La foule faisait chant, le chant faisait foule, et il aurait été impossible de distinguer la foule du chant, le chant de la foule. La force de l'apparition était bien celle que l'on donne aux événements du climat, aux crues vengeresses, aux tempêtes dévastatrices, aux grandes pluies orageuses qui libèrent soudainement de la touffeur de l'été. La foule marchait. Car la Marseillaise est un chant de marche. On l'a trop souvent entendue assénée à des assemblées figées dans la commémoration, le deuil ou la solennité pour toujours s'en souvenir. Sur cette route des collines, en cette nuit froide et pourtant enfiévrée, le chant révolutionnaire reprenait sang, débarrassé de la gangue compassée que lui avaient assénée les notables. Silvère pris Miette dans ses bras : « il faut que nous suivions cette cohorte. Quelqu'un devra pouvoir témoigner de cette épopée, de cette révolte républicaine. Il faudrait que les journalistes suivent les révoltes et les révolutions, les batailles et les guerres. Regarde, aucun de ceux qui écrivent dans les journaux républicains de Plassans n'est là pour accompagner cette troupe. Si tu le veux, si tu me suis, nous allons changer cela. » Miette, qui ne savait encore ni lire ni écrire le regardait s'enflammer avec l'enthousiasme que procure l'espoir de projets au long terme avec l'être aimé. *le texte en italique est celui de Zola dans La Fortune des Rougon, premier tome des Rougon-Macquart |
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page 49 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Noëmie Diégèse
n'est pas la première à se livrer au jeu de la réécriture de scènes de
romans du XIXème
siècle, mais tous les auteurs n'ont pas le talent de Noëmie Diégèse.
L'idée est simple et elle est souvent venue aux lectrices et aux
lecteurs qui se sont succédés devant les pages de Hugo, Zola, Stendhal,
Flaubert ou Mérimée... Et si ça se finissait bien ? Et si Gavroche
ne
mourait pas ? Et si Madame Bovary rencontrait le marquis de
Carabas
dans un crash spatio-romanesque ? Ainsi, le dernier livre de Noëmie Diégèse a plusieurs vertus. D'abord, celle de nous inciter à relire nos classiques pour se rappeler mieux les scènes tristes, les images tristes, que l'auteure va transformer. Puis, celle de nous rassurer après avoir été émus, encore, et parfois à pleurer. Éponine ne meurt plus dans les bras de Marius près d'une des Barricades des Misérables et forme ensuite avec Cosette un trouple joyeux et salace. Silvère et Marie, au commencement des Rougon-Macquart ne meurent pas non plus, et s'enfuient à Paris où ils fonderont un journal révolutionnaire et fouriériste... Ces pastiches, qui sont autant de pastiches stylistiques, auraient certainement plu à Proust. Et Madame Bovary devenue Verdurin l'aurait évidemment fait rire. |
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18 février | |||||||||
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