Diégèse | |||||||||
dimanche 24 février 2019 | 2019 | ||||||||
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son
auteur est en vie
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ce qui représente 32,6138% de la vie de l'auteur | trois mille soixante-quatre semaines de vie | ||||||||
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La Capacité de nommer | 55 | ||||||||
Gustav Diégèse | |||||||||
Comme
souvent, Laurent est arrivé très en avance à la gare pour prendre le
train de Montargis. Pour aller à Montargis depuis Paris en train, il
faut se rendre à la gare de Paris Gare-de-Lyon. On doit donc prononcer
deux fois le mots « gare, » alors les gens disent
habituellement, de manière
elliptique et économique, qu'ils vont à la gare de Lyon, même si c'est
à Paris. D'ailleurs, à Lyon, personne ne dit qu'il va à la gare de
Lyon, mais on dot qu'on va à Perrache ou à La Part-Dieu. Il y a un train presque toutes les heures pour aller à Montargis le matin. Les trains mettent entre 1h 39 pour le plus lent, qui marque 12 arrêts et 1h 09, pour le plus rapide, qui est direct. Celui-là est un train Intercités, alors que les autres sont des trains régionaux appelés en Île-de-France : Transiliens. Les trains qui vont à Montargis le matin se nomment GAMO ou GOMO. L'horaire des trains propose aussi un trajet qui dure 4H 58. Il s'agit à Paris-Bercy et non à Paris Gare-de-Lyon de prendre le train pour Nevers à 7H 01, de rester à la gare de Nevers environ une heure pour reprendre un omnibus qui, après 8 arrêts, s'arrêtera à Montargis à 11h48. C'est ce train que Laurent a décidé de prendre, qui lui laissera largement le temps d'aller visiter à pied, depuis la gare, la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Nevers qui l'a toujours intrigué. Certes, il se prend à imaginer jusqu'où il pourrait aller en presque 5 heures de train s'il prenait un train rapide. Il ne pourrait même pas rejoindre Nice. Il faut entre 6 et 7 heures pour aller à Nice en train depuis Paris. Il est 6H. Laurent doit attendre une heure environ dans la gare avant que ce soit l'heure de départ du train de Nevers. Il s'assoit sur des sièges qui forment deux rangées dos à dos. De l'autre côté, un couple converse. Il garde trace de leur échange. Il s'agit d'un homme et d'une femme, qui seront indiqués ici par les lettres B et C. B. : Qu'est-ce que cela
veut
dire ? Qu'est-ce que cela veut dire vraiment ?
La conversation est entrecoupée de silences et c'est
désormais l'heure
pour Laurent de prendre son train.C. : Percevoir, c'est se tromper. B. : Est-ce que l'on peut donc atteindre la vérité ? C. : On ne peut pas le percevoir. B. : Je ne le sais pas. C. : Je ne le sens pas. B. : Cela me fait peur. C. : Je te fais peur. B. : Je ne le sais pas. C. : Je le sens. B. : Tu te trompes. Alors tu te trompes. C. : Mais quelle serait la valeur de ma perception sinon cette erreur renouvelée sans cesse ? B. : Tu te trompes. Alors tu te trompes. Tu peux aller dessiner ton image plus loin. C. : Ce n'est pas toi qui décides. B. : C'était sans doute une erreur. |
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page 55 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Gustav Diégèse
n'est pas
le premier écrivain qui s'interroge en écrivant sur l'écriture et sur
les rapports complexes qu'elle entretient avec le livre et la
publication. Il assume cependant de le faire en publiant un livre dans
une sorte de tautologie critique qui a maintes fois été mise en
évidence. À cette première aporie s'ajoute celle de la fiction, du pacte fictionnel que passe le lecteur, qui admet que ce qu'il lit n'est « pas pour de vrai » et qui, pour jouir de sa lecture va cependant faire comme si c'était « pour de vrai », dans une sorte de fantasme maintes fois décrit. Mais le livre de Gustav Diégèse n'est pas un livre théorique et celles et ceux qui répugnent à en lire de tels ne doivent pas le craindre. L'auteur écrit bien une fiction, qui est bien un roman, qui en connaît parfaitement tous les codes. Mais, il ne se passe rien. Il ne s'agit pas non plus, comme dans le Nouveau Roman, de grossir certains détails, de décrire par le menu un mouvement d'humeur, un rideau qui volette dans le vent. Non. Les personnages sont des personnages qui vivent devant nous sans que rien, jamais, vienne s'opposer à l'ordonnancement des jours et des nuits. L'auteur ne choisit pas, ne distingue pas, ne nomme pas ce qui en cela pourrait faire récit. Un des plus beaux romans de l'absurde qui ait été livré depuis longtemps. |
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24 février | |||||||||
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