Diégèse




mercredi 2 janvier 2019



2019
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La fiction est un bandeau sur les yeux 2



Mathieu Diégèse














La fiction est un bandeau sur les yeux Je regarde encore le message que j'ai reçu, qui se termine par la mention habituelle : « n'imprimez ce message qu'en cas de stricte nécessité. » Je crois que les conditions sont réunies pour que j'imprime ce message. C'est d'ailleurs moins pour lui donner une matérialité que pour pouvoir le poser sur le bureau à côté de moi afin de vérifier quand j'écris que j'écris bien sur commande.
Écrire sur commande ! Il n'y a rien de bien honteux à faire cela. Roland Barthes lui-même n'a-t-il pas écrit sur commande ? J'ai acheté les deux textes qu'il a écrit sur la peinture de Cy Twombly à la demande du galeriste Yvon Lambert. Je relis la page 39 : « TW dit à sa manière que l'essence de l'écriture, ce n'est ni une forme ni un usage, mais seulement un geste, le geste qui la produit en la laissant traîner : un brouillis, presque une salissure, une négligence. »

C'est ainsi que je dois penser le scénario que l'on me demande : comme un geste, un geste seulement.

Quand j'ai lu le message de commande, certes, j'ai été flatté. Je me suis de suite arrêté sur ce sentiment trivial : la flatterie, qui doit toujours agir comme une alerte. « Si nous ne nous flattions point nous-mêmes, la flatterie des autres ne nous pourrait nuire. », rappelle La Rochefoucauld par une de ses maximes. Je n'ai cependant pas pu renoncer entièrement à l'impression que ce message valait pour moi certificat d'écrivain. C'est donc bien que je serais écrivain puisque l'on me demande d'écrire un objet a priori non littéraire. Cela vaudrait pour preuve absolue, comme pour un peintre la commande d'un tableau de scène. Avais-je donc besoin de cette confirmation ?

Le 9 décembre 1978, au Collège de France, Roland Barthes dit ceci : « Peut-être que vouloir-écrire, ça veut toujours dire vouloir écrire quelque chose, donc que vouloir-écrire a toujours un objet, fantasmatique, et par conséquent, il y aurait à ce moment-là des fantasmes d'écriture. » Il s'agirait donc ici pour moi de faire coïncider la commande et le fantasme de l'écriture. Reste à savoir si on peut produire des fantasmes sur commande, ce qui relèverait dès lors, à coup sûr, d'une pornographie idéale.









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4e de couverture






Mathieu Diégèse est de ces écrivains qui donnent à lire et à voir le processus de l'écriture. Il a lu André Breton, et Nadja a certainement marqué son adolescence, avant de l'envoyer méditer longuement sur les cours de Roland Barthes au Collège de France, en 1978, consacrés à La Préparation du roman, ou bien encore sur les inépuisables Fragments d'un discours amoureux.

Barthes est d'ailleurs très présent dans ce récit à la première personne, comme s'il accompagnait le personnage - qui ressemble fort à l'auteur - dans des promenades sans but et souvent solitaires dans une campagne éblouissante qui sert de décor aux aventures qu'il imagine pour le cinéma ou la télévision.

Pourtant, alors qu'il s'y attendait le moins, une commande de scénario, enfin dénichée par son agent parisien, va bouleverser sa vie. Lui revient alors la voix de son mentor :

« Eh bien je dirais qu'un événement, qui lui vient du destin, peut survenir pour marquer, pour entamer, pour inciser, pour articuler plus douloureusement et même dramatiquement, cet ensablement progressif*. »










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