Diégèse | |||||||||
mercredi 16 janvier 2019 | 2019 | ||||||||
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La Fabrique des souvenirs | 16 | ||||||||
Daniel Diégèse | |||||||||
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Nous
nous représentons le souvenir - et sans doute faudrait-il écrire
toujours : les souvenirs - comme les livres d'une
bibliothèque. Ce
n'est pas une si mauvaise représentation. Mais, il faut aller plus
loin, car, il
faut alors aussi savoir si cette bibliothèque contient bien tous les
livres
de notre vie ou non. Celles et ceux qui ont une grande bibliothèque
savent que, aussi bien tenue soit-elle, certains livres sont moins
facilement accessibles que d'autres et que ce sont ceux-ci qui ont
tendance à se couvrir de poussière. Tout en haut d'une étagère qui
paraît immense à notre petitesse, ils se confondraient presque. On
distingue parfois encore des séries. Cette représentation d'une
bibliothèque
complète s'oppose à celle d'une bibliothèque « désherbée. »
Des livres
manquent, car, jugés inutiles. L'opération menée par les
bibliothécaires se débarrassant de livres obsolètes est appelée :
désherbage. On ne se souvient pas des détails, on les a enlevés...
Encore faut-il savoir où on les a mis ? Sont-ils partis à la
benne, à
jamais inaccessibles ? Ou bien encore, sont-ils à la cave ou au
grenier, et l'on pourrait alors au prix d'un travail patient les
retrouver ? Cela est assez indécidable. Mais, ce qu'il faut
retenir,
c'est que cette représentation de la bibliothèque de souvenirs repose,
qu'elle soit complète ou non, sur une représentation linéaire du temps.
Il y aurait le présent, ce point qui se déplace sur un axe qui serait
l'axe du temps. Le présent y est entouré du passé et du futur. Le
futur, ce seraient les étagères vides que le temps qui passe, l'ayant
transformé en passé, se chargera de remplir de souvenirs. Or, cette
représentation du temps, commode pour la vie courante, connaître les
horaires d'un magasin ou donner rendez-vous à quelqu'un, est
puissamment
contestée par de nombreux philosophes, et notamment, encore assez
proche de
nous, par Henri Bergson. Il faut lire pour s'en convaincre cet ouvrage
incomparable qui rassemble des conférences données par l'immense
philosophe entre 1903 et 1923 : La
Pensée et le mouvant. Dès la première partie de l'introduction
intitulée Croissance de la vérité.
Mouvement rétrograde du vrai. Bergson, si vous me passez cette
expression, « annonce la couleur. » Qu'on en juge : « Nous savions bien,
depuis nos années de collège,
que la durée se mesure par la trajectoire d'un mobile et que le temps
mathématique est une ligne ; mais nous n'avions pas encore
remarqué que cette
opération tranche radicalement sur toutes les autres opérations de
mesure, car
elle ne s'accomplit pas sur un aspect ou sur un effet représentatif de
ce qu'on
veut mesurer, mais sur quelque chose qui l'exclut. La ligne qu'on
mesure est
immobile, le temps est mobilité. La ligne est du tout fait, le temps
est ce qui
se fait, et même ce qui fait que tout se fait. Jamais la mesure du
temps ne
porte sur la durée en tant que durée ; on compte seulement un
certain
nombre d'extrémités d'intervalles ou de moments, c'est-à-dire,
en somme, des arrêts virtuels du temps. Poser
qu'un événement
se produira au bout d'un temps t, c'est
simplement exprimer qu'on aura compté, d'ici là, un nombre t de
simultanéités d'un certain genre. Entre les simultanéités
se
passera tout ce qu'on voudra.* »
Voici en quelque sorte un condensé de Bergson qu'il nous
faudra déplier ici.* Henri Bergson - La Pensée et le mouvant - Alcan - 1934 |
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page 16 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Bellagio,
presqu'île du Lac de Côme en Italie, abrite un des lieux de la
Fondation Rockefeller, lieu de résidences d'artistes et de chercheurs.
Le cadre est magnifique. Le paysage sublime, avec Ce charme suranné des
anciennes stations de villégiature. C'est d'ailleurs à Bellagio qu'est
née la fille de Franz Liszt, Cosima, qui épousa plus tard Richard
Wagner. Son père et sa mère y avaient passé leur lune de miel. Mais, qui est ce chercheur à la triste mine qui intrigue et inquiète ses condisciples et qui affirme travailler sur l'urbanisme du Caire ? Est-ce un terroriste déguisé en savant ? Un savant déguisé en poète ? Rien de tout cela ? Avec ce roman, Gustav Diégèse confirme sa maîtrise du roman policier intellectuel. Car, évidemment, l'énigme de cet imposteur, qui n'en est peut-être pas un, est une métaphore philosophique. L'enquêteur dépêché par la Fondation est tout aussi bien un philosophe qu'un policier, qui médite sur les apparences et sur l'universalité du malheur. D'ailleurs, comme l'affirme La Rochefoucauld, dans toutes les professions chacun affecte une mine et un extérieur pour paraître ce qu'il veut qu'on le croie. Ainsi on peut dire que le monde n'est composé que de mines. |
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16 janvier | |||||||||
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