- Oui. Elle n'a rien de bien particulier, à part ce livre si gros qu'il doit rendre la lecture bien inconfortable.
- tu ne lui trouves rien de bizarre ?
- je la trouve aussi bizarre que toutes les touristes seules. Déjà, cette station à la mi-saison n'est pas l'endroit le plus drôle d'Italie, mais y venir seule : il faut être très déjà très triste et ne pas craindre de le devenir davantage. Ce n'est pas la première que je vois comme ça. Il y a aussi celles qui espèrent ne pas repartir seules. Mais, ça n'arrive jamais. Je crois qu'en trente ans, je n'en ai vu qu'une qui est tombée sur un homme lui aussi esseulé. Ils sont repartis ensemble. Mais, Maria pense même que c'était une fausse rencontre et qu'ils s'étaient donné rendez-vous ici secrètement.
- Mais, elle, tu ne lui trouves rien de bizarre ?
- Si tu trouves bizarre qu'elle n'a pas bougé depuis des heures, alors oui. Elle n'est pas non plus la première à se figer sur la terrasse. Elles pensent qu'il ne faut pas perdre une minute de bon air. Alors, elles restent sur place jusqu'à la congélation.
- Tu exagères toujours.
- À peine. Franchement, par ce froid, rester sans bouger pendant des heures avec un livre aussi lourd qu'une haltère, il faut qu'elle soit vraiment très déprimée.
- Moi, je la trouve bizarre.
- J'ai bien compris. Mais quoi ?
- Tu me dis qu'elle n'a pas bougé depuis des heures, or, je parierais que je l'ai dépassée sur la route peu après la chapelle de Sant'Eligio.
- Eh, tu as dû te tromper. Je te dis qu'elle joue les statues depuis le début de l'après-midi. »
Il ne se passe rien. Rien ne devrait se passer.
Mais les apparences sont trompeuses et cette femme esseulée n'est peut-être pas celle que les autres touristes imaginent. Ils le découvriront, à leurs dépens, dans ce roman à la frontière entre le roman policier et le roman de science-fiction.
Mais qui sait ? Tout cela n'est peut-être qu'apparence.
Avec Frabosa Soprana, Noëmie Diégèse montre qu'elle sait jouer avec son écriture et surtout déjouer les attentes de ses lecteurs et de ses lectrices... pour leur plus grand bonheur.
Nous en faisons le pari.