Diégèse




mardi 23 juillet 2019



2019
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Comme les nuits hurlent 204



Daniel Diégèse














Il marche dans la rue parisienne. Il est sept heures du matin. Les terrasses des cafés sont pleines. Il espère quand même trouver une chaise et une table pour prendre un verre d'eau gazeuse avant d'aller travailler. On ne vend plus de café. Un arrêté interministériel en a interdit la commercialisation. Même les mixtures décaféinées sont interdites, les contrôleurs de l'Hygiène Somniaque ne pouvant pas effectuer aisément de vérification à la tasse. Le café n'est que la première substance excitante interdite. D'autres vont suivre. La presse s'est fait l'écho d'un décret en préparation qui interdirait toutes les substances excitantes ou qui retardent seulement le sommeil. Il n'a pas encore été publié, car, le Conseil d'État considère qu'il entrave trop de libertés, et notamment la liberté individuelle, mais aussi la liberté de commerce. Ces interdictions devraient prendre place prochainement dans un traité intergouvernemental. Cependant, nombre de ces substances étant produites par des pays pauvres, cela vient encore compliquer la mise en place de mesures à l'échelle planétaire. L'arrêt de la commercialisation du café, à l'exception de Cuba, qui a refusé d'obtempérer, a provoqué des désastres économiques dans certains pays gros producteurs, désastres que l'aide internationale n'a que partiellement pu réparer.

Il a enfin trouvé une chaise. Il partagera sa table avec un inconnu, qui, ce matin, est une inconnue. Ils en ont l'habitude. Depuis que tout le monde se retrouve au petit matin dans les rues après une nuit entièrement ou partiellement insomniaque, la pratique est devenue courante et admise. Elle s'est même codifiée. Ainsi, il est de bon ton d'engager la conversation avec son voisin ou sa voisine de table en lui disant : « bonjour, combien de temps ? » Ce « combien de temps ? » signifie bien sûr : « combien de temps de sommeil ? » Il ne déroge pas. La jeune femme lui répond : « deux heures, selon l'appli. Mais moi, j'ai l'impression de ne pas avoir fermé l'œil. » Un décret a rendu obligatoire l'utilisation d'applications informatiques mesurant le sommeil et transmettant les informations recueillies à une banque de données.

Il se murmure cependant aux tables matinales des cafés parisiens que cette appli ne mesure pas que le sommeil, mais, qu'elle recueille aussi de très nombreuses autres données. Malgré les manifestations réclamant le « droit à la déconnexion », les enjeux en termes de santé publique ont semblé trop importants pour que le gouvernement renonce à l'imposer à l'ensemble de la population. Les données sont anonymisées et les résultats sont publiés chaque mois. C'est ainsi que chacun peut suivre l'effondrement inexorable du temps de sommeil de la population. Dans les villes, il a atteint en moyenne deux heures. Il est légèrement supérieur en milieu rural, mais n'atteint plus trois heures. Ce qui est particulièrement inquiétant, c'est qu'il ne remonte plus l'hiver, comme c'était le cas au début de l'épidémie d'insomnie. Certaines associations affirment que ces données ne sont pas fiables et que « l'appli » considère comme étant dans un sommeil profond des personnes qui sont en fait... mortes. En effet, le nombre de décès par épuisement pendant la nuit ne cesse de croître, surtout chez les plus de cinquante ans.









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4e de couverture






L'insomnie est un mal galopant. Les statistiques le montrent : les êtres humains dorment de moins en moins. Mais, depuis quelques mois, tout autour de la planète, c'est le même cri d'alarme. Non seulement, on dort de moins en moins, mais on ne dort même plus du tout.
Le mal a d'abord frappé les enfants. Les parents, dans un premier temps, ne se sont pas inquiétés. Il est courant que les enfants ne dorment pas la nuit, et ce, depuis leur plus jeune âge. Mais l'insomnie a persisté. Puis, les adolescents, pourtant réputés gros dormeurs, ont peu à peu perdu le sommeil, rejoignant en cela les vieillards, qui, depuis longtemps, ne dormaient plus beaucoup.
Mais, le mal s'est amplifié et les autorités sanitaires s'alarment. Une réunion extraordinaire de l'Organisation mondiale de la santé a été convoquée. Le discours de la Présidente a été repris par tous les médias et tous les réseaux sociaux : si le sommeil disparaissait, l'espèce humaine serait en danger. Mais, rien n'y fait. Les médicaments somnifères perdent de leur capacité d'endormissement. Même les produits anesthésiants font défaut.
Daniel Diégèse nous donne un roman d'anticipation passionnant. Qui saura redonner le sommeil à l'humanité ?










23 juillet







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