Diégèse




jeudi 25 juillet 2019



2019
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Une plus grande Certitude 206



Mathieu Diégèse














La plage.

Vous venez de lire la ligne au-dessus de celle-ci. Vous comprenez le terme. Arrêtons-nous un instant sur l'image mentale que cette ligne a produite en votre esprit.

La plage.
Mais cette image mentale, la première qui vous est venue, relève, soit de la plage en tant que concept, soit de la plage en tant que souvenir personnel.
Considérons la plage en tant que concept. Vous aurez pu visualiser une grande étendue de sable battue par les flots, lavée par les embruns. Nulle âme qui vive. Aucun bateau à l'horizon. La plage est désertique. C'est presque un prolongement du désert. Ce sont en fait deux déserts qui se font face, celui de sable et l'étendue marine ou océanique.

Ou bien alors, vous aurez visualisé une plage de vacances, colorée de parasols et de chaises longues disposées géométriquement. Dans la mer, une petite foule s'ébroue. On entendrait presque les cris des enfants chahutés par les vagues. Les vendeurs de friandises sont assaillis par des familles qui s'éloignent ensuite munies de barbes-à-papa.

La plage. Le paradis.

Vous lisez ces deux termes accolés.

Quelle que soit la plage que vous avez visualisée auparavant, et qui peut être un modèle hybride entre les deux proposés ci-dessus, vous allez devoir choisir.

La plage. Le paradis.

S'agit-il alors de la solitude humaine face à l'imperturbable grandeur de la nature insolente ? S'agit-il au contraire d'envisager une humanité sociale mais apaisée, occupée gentiment à dépenser quelques économies pour faire plaisir aux enfants.

Mais, vous pouvez tout aussi bien ne pas choisir.

Vous adorez la plage.

Vous détestez la plage.

Tiens, vous voilà parvenu jusqu'à ce lieu qui n'est pas vraiment un lieu. Vous avez suivi le panneau qui vous indiquait le chemin. Vous y êtes. Tenterez-vous de vous installer au centre ? C'est plus proche des commodités installées par la municipalité. Préférerez-vous les extrêmes, là-bas, près des rochers. On vous a dit qu'à l'extrême gauche de la plage séjournaient des naturistes. Vous préférez éviter à cause des enfants ou bien au contraire, c'est là que vous irez pour échapper aux conversations parfois poisseuses de vos voisins de plage, préférant les naturistes. Vous avez lu, c'est prouvé, que les naturistes parlent, à la plage, beaucoup moins que les vacanciers affublés de maillots de bain.

Vous êtes à la plage. Une de celles-ci. Aucune de celles-ci, bien sûr.

Vous pourriez aller vous baigner. Vous allez vous baigner. Mais, êtes-vous encore à la plage quand vous vous baignez ? L'expérience de la plage inclut-elle le bain ou s'agit-il de deux expériences distinctes ? Vous décidez de ne pas en décider.

Le souvenir de la plage.









page 206










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4e de couverture






Et si les vacances n'étaient pas ce que l'on croyait ? Farniente, soleil, journées sans aucune obligation... On décroche, on oublie le boulot, ses ennuis et le quotidien. Bref, les vacances constitueraient une forme de vacance de soi. Affublés de vêtements colorés, comme disait la chanson : « sans chemise, sans pantalon »,  on se prendrait presque à être quelqu'un d'autre.
Et si c'était tout le contraire ?
Le philosophe et anthropologue Mathieu Diégèse nous montre dans ce petit essai revigorant, qu'on est au contraire, pendant les vacances, davantage soi-même. Pour utiliser un mot savant, c'est pendant les vacances que notre ipséité, c'est à dire notre « être au monde » est la plus forte. Nous sommes ainsi dans une plus grande certitude d'être nous-même et vivants. Les vacances, quelles qu'elles soient, même en camping, même à La Grande Motte, agissent sur nous un peu comme la méditation.
La prochaine fois que vous croiserez un touriste dans la rue ou que vous rencontrerez dans votre miroir l'image de vous en vacancier bronzé coiffé d'un chapeau de paille, dites-vous qu'en celui-là, en celle-là sommeille un sage qui s'ignore.










25 juillet







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