Diégèse




jeudi 13 juin 2019



2019
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Mais il n'y a pas d'histoire 164



Daniel Diégèse














Considérons la couverture de cet ouvrage et plus particulièrement la photographie. Que voyons-nous ? Tout dépend de qui est ce « nous ». Je ne peux pas savoir ce que vous voyez et vous ne voyez peut-être rien. Ce que je vois : un passage piéton. Mais, cela évoque aussi une peinture de Daniel Buren, que pourtant, à l'évidence, ce n'est pas. Je vois aussi un défaut dans le tracé d'une des bandes, qui a dévié vers la droite. À moins que ce ne soit dû à la parallaxe. Je vois deux tâches plus sombres sur les bandes blanches et deux taches blanches sur la même bande grise, à droite de l'image. Tout ce que je viens de décrire, je n'ai pas besoin de le voir dès lors que cela n'entre en rien dans la désignation de ces bandes blanches sur fond gris comme étant un passage piéton.

Mais, ce sont peut-être aussi des bandes grises sur fond blanc. Pourtant, cette hypothèse n'est pas praticable s'il s'agit bien d'un passage piéton. Mais, en me concentrant, je peux imaginer - donc faire une image - qu'il s'agit de bandes grises apposées sur un fond blanc un peu sali. Si je parviens à produire cette nouvelle image, dès lors, il ne s'agit plus d'un passage piéton et l'on côtoie d'emblée la question de l'œuvre d'art.


Qu'est-ce qu'une œuvre d'art ? Les réponses abondent. Toutes devraient commencer par cette condition impérative : il n'y a pas d'œuvre d'art si vous ne le décidez pas. L'oeuvre d'art est toujours de l'ordre de la décision avant d'être de l'ordre de la perception. Mais, vous pouvez ne pas le décider, voire décider le contraire en produisant cette phrase souvent entendue : « ce n'est pas de l'art ». Pourtant, dès lors qu'une image, un volume, une action vous sont désignés comme relevant de l'art, cette désignation devient plus forte que vos dénégations. La phrase : « c'est de l'art » est en effet performative :  dire, c'est faire. Si je décide que c'est de l'art et que je vous le dise, vous pourrez toujours refuser cette assertion, cela n'en demeurera toujours pas moins, pour vous, de l'art.


Mais, revenons au passage piéton, et partons en Islande où, pour la première fois, ont été expérimentés des passages piéton en trompe l'œil. Notre cerveau est habitué à construire ce que nous appelons le relief. Cette capacité nous permet de nous déplacer dans l'espace sans se heurter aux obstacles, de saisir des objets. Cette construction du relief est automatique parce qu'elle est vitale. Dès lors, pour empêcher le cerveau de reconstituer le relief, il faut faire un effort de vision qui peut être intense. Vous pouvez essayer, en regardant l'image ci-contre, de déconnecter votre vision en 3D et vous pouvez y arriver même si cela vous demandera de la concentration.

Si vous avez essayé de le faire, la première conséquence collatérale est que ce que vous voyez n'est plus, d'abord, une représentation d'un passage piéton, mais une sorte de jeu d'optique.

Mais, nous n'avons pas encore abordé la question de la compréhension. Est-ce que vous comprenez qu'il s'agit de la représentation d'un passage piéton ? Ce n'est pas certain. Vous le savez et cela vous suffit. Vous n'avez pas besoin de le comprendre. Vous ne l'avez peut-être d'ailleurs jamais compris. On vous l'a dit, vous l'avez retenu. Vous avez même été capable de définir une catégorie qui vous permet de désigner comme étant un passage piéton des formes de différents aspects et de différentes couleurs. Soudain, vous vous rappelez qu'auparavant, on appelait cela des passages cloutés. Une autre image, d'abord un peu floue, prend la place de celles qui vous sont proposées ici.










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4e de couverture






Qu'est-ce que comprendre ? Il n'y a pas question plus complexe malgré son apparente simplicité. On peut en effet mesurer les conséquences de la compréhension de situations plus ou moins complexes, y compris par des expériences menées avec des animaux, on peut plus difficilement déceler les mécanismes qui conduisent à cette compréhension... ou à cette absence de compréhension.
Le philosophe et épistémologue Daniel Diégèse s'est livré à l'analyse de cette notion mystérieuse. Si, pour Descartes, comprendre, c'est « embrasser par la pensée », la formule, pour séduisante qu'elle soit, ajoute de la complexité à la complexité. On suivra donc plutôt Daniel Diégèse qui explore les relations troubles entre la compréhension et l'explication, tendant à montrer que jamais aucune explication ne nous permet de comprendre quoi que ce soit. Puis, ce seront les relations tout aussi troubles qu'entretiennent la compréhension et la représentation, relations que l'art abstrait a très tôt déjouées. Enfin, dans la dernière partie, qui fait l'objet principal de ce livre, Daniel Diégèse tente de montrer que nous ne comprenons que si nous pouvons nous décoller de la réalité pour construire une fiction. Nous comprenons parce que nous nous racontons des histoires.










13 juin







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