Diégèse | |||||||||
dimanche 23 juin 2019 | 2019 | ||||||||
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Un régime instable | 174 | ||||||||
Mathieu Diégèse | |||||||||
Qui
sera le ministre de l'intérieur ? Un nom s'impose très vite :
celui
de Maurice Papon. De 1951 à 1954, il a été Secrétaire général de la
Préfecture de police, puis, Secrétaire général du Protectorat au Maroc,
puis une sorte de préfet régional dans l'est de l'Algérie. Mais,
surtout, il est le Préfet de police depuis mars 1958. Le général Massu
n'aime pas particulièrement Maurice Papon. « C'est un
caméléon ! »
aurait-il dit un jour à l'un de ses collaborateurs qui évoquait son
action en Algérie. Pour Massu, en effet, Papon a trop fraternisé avec
les Musulmans de Constantine. C'est lui qui a permis que le maire de
la ville soit musulman. C'est lui aussi qui y a créé la cour d'appel
et pris un musulman pour sous-préfet, le premier de l'histoire
française. « Vous le mettez dans un
kibboutz, il devient juif. Nous allons prendre le pouvoir et il sera
avec nous. Et vous verrez qu'il réussira à apparaître comme un
modéré. » Les historiens démontreront en effet que Maurice Papon
pouvait
côtoyer les pires atrocités et même y être mêlé, voire en être l'un des
acteurs, sans que cela parût en aucune façon l'affecter. Mais, ce qui
affecte vraiment les hommes est de l'ordre du mystère. Et, en effet, Maurice Papon est nommé ministre de l'intérieur. Il lui suffit de traverser la Seine, depuis le Quai des Orfèvres, pour la place Beauvau. Il aurait aimé changé la localisation du ministère, car, il se trouve un peu loin du pouvoir. Massu s'est en effet installé au Sénat pour pouvoir faire camper la troupe dans le jardin du Luxembourg, qui est devenu une gigantesque caserne. Massu a fait fermer tout le quartier de l'Odéon, depuis le Carrefour de l'Odéon, à l'arrière du Boulevard Saint-Germain, jusqu'à la Place Edmond-Rostand sur le Boulevard Saint-Michel. La Rue de Condé, la rue Monsieur le Prince et, bien sûr, la rue de l'Odéon, sont fermées à la circulation. Le théâtre de l'Odéon, alors sous la coupe de la Comédie française, est réquisitionné et transformé en tribunal d'exception. On y juge en permanence celles et ceux que l'on nomme « les terroristes algériens ». Quelques photographies montreront plus tard des files de travailleurs immigrés attendant sur le parvis, déposés par des autocars Chausson arrivant de la banlieue parisienne, notamment du bidonville de Nanterre, des Grésillons à Gennevilliers, d'Argenteuil, mais aussi de partout en France. Puis, les mêmes, attendant les mêmes autocars qui les conduisaient dans le camp de Pithiviers, qu'on avait réhabilité à la va-vite pour l'occasion. Les habitants ont l'interdiction de faire des photographies par arrêté du gouvernement provisoire. Beaucoup d'entre eux, d'ailleurs, ont été invités assez fermement à quitter le quartier. « Trop d'écrivains, trop de libraires, trop d'intellectuels ! » aurait dit le Préfet de police qui a succédé à Maurice Papon. « Ces gens-là n'ont jamais apporté à la France que la défaite et le déshonneur. Pour se battre et vaincre, il ne faut jamais trop en savoir. » aurait-il ajouté. C'est sans doute pourquoi, dès son arrivée, le Gouvernement provisoire avait décidé de renforcer la censure, autant sur la presse et les imprimés que sur les livres et le cinéma. Cela a bien sûr suscité de très nombreuses publications clandestines. La Résistance n'était pas si lointaine qu'on ait perdu les bonnes habitudes. Les ouvriers du Livre se firent le malin plaisir de déjouer les oukases du « GP », comme on appelait le Gouvernement provisoire dans les cellules, de la même façon qu'on appelait Massu « Marteau » pour ne pas se faire repérer dans les cafés par les indicateurs, le plus souvent d'anciens collaborateurs planqués qui avaient repris du service. |
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page 174 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Ce livre est un livre
politique, mais c'est aussi un roman. On pourrait le qualifier de roman
d'anticipation s'il ne se déroulait dans le passé. C'est donc un roman
historique qui déroute le temps historique. C'est une
« dyschronie. » Car, Mathieu Diégèse est un drôle d'historien ! Il imagine que le Général de Gaulle, en 1958, a échoué dans la création de la cinquième République française et qu'un régime militaire a pris le pouvoir en France. Cela peut sembler absurde, sauf si l'on se rappelle qu'en 1958, Franco dirigeait l'Espagne, Salazar le Portugal et que les colonels grecs n'instaureront leur dictature qu'en 1967, soit 9 années plus tard. Alors, le régime militaire français installé, comment règle-t-il la guerre en Algérie ? Que se passe-t-il en 1968 ? Quels sont les hommes politiques qui ont accepté de travailler pour lui ? Comment a évolué la situation des femmes ? Quel sort a-t-il été réservé aux homosexuels ? Et enfin, qui est parvenu à le faire tomber ? Mêlant l'imagination et des documents authentiques, Mathieu Diégèse dresse le portrait saisissant d'une France dans laquelle toutes les composantes qui avaient permis quelques années plus tôt au régime de Pétain de se mettre en place ont retrouvé de la vigueur comme le devant de la scène. L'effet de réel est terrible, au point que l'on se demande quand on sort si l'on a bien pris son certificat de nationalité française mentionnant les filiations sur trois générations. |
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23 juin |
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