Diégèse | |||||||||
jeudi 9 mai 2019 | 2019 | ||||||||
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Rien de cela à Paris | 129 | ||||||||
Noëmie Diégèse | |||||||||
À
Paris, il n'y a pas la mer. C'est une évidence. Il suffit de regarder
une carte géographique pour le constater. Les stations balnéaires les
plus proches sont à deux heures de train et l'on ira se baigner à
Honfleur, Deauville, Trouville, Le Crotoy ou encore rêver à Cabourg à
Proust et à Marguerite Duras. On se baignera... si l'on n'est pas
frileux. Certes, assez proches de Paris, ces villes en sont
suffisamment éloignées pour dans notre
imaginaire relever davantage de la Normandie, comme entité floue où
l'on va en week-end, quitte à annexer à cette Normandie-là une partie
de la Picardie. Il n'y a que la ville du Touquet, qui n'est pas en
Normandie mais dans le Pas-de-Calais, qui ait accolé
« Paris-Plage » à
son nom à la fin du dix-neuvième siècle. Pour être précise, la station
s'est d'abord appelée « Paris-plage » avant de se nommer
« Le Touquet ». Depuis 2002, pour les Parisiennes et les Parisiens comme pour les touristes, « Paris-Plage » désigne plutôt une opération qui vise à transformer les berges de la Seine en plage de sable. Certes, on ne s'y baigne pas, mais l'ambiance y est... ou presque. Depuis, d'autres villes en France et à travers le monde ont ensablé une partie de leur territoire pour faire « Bruxelles-les-Bains » ou inaugurer « La Plage » de Brive-la-Gaillarde. Le Touquet ayant gagné entre temps le privilège d'accueillir la maison de villégiature du Président de la République et de sa famille semble s'être accommodé d'avoir perdu son épithète qui l'avait pourtant fondé. Mais, ce qui lie Paris à la mer et surtout à la plage de manière indéfectible depuis plus de cinquante ans, ce sont bien sûr les pavés. Il fut un temps où les pavés étaient l'une des caractéristiques de la capitale française ; ce pavé gris que l'on battait parfois et qui était un élément important de son paysage. Le pavé a presque partout disparu et l'on ne sait plus très bien si la page demeure sous le goudron. Mais l'expression si poétique « sous les pavés la plage », apparue pendant la révolte de mai 1968, est restée dans les mémoires et les imaginaires, quand bien même il faut désormais bien chercher les quelques rues qui demeurent pavées. Ce sont aussi les gares ferroviaires parisiennes qui excitent l'imaginaire balnéaire. Pas toutes les gares, bien sûr, car la gare d'Austerlitz ne conduit pas à la mer, ou n'y conduit plus, pas plus que la gare de l'Est. Mais, autour de la gare du Nord, on mangeait du poisson et des crustacés venus par le train express et les Bretons faisaient de même dans tout Montparnasse. Aujourd'hui, c'est vers la gare du Nord que l'on trouve de bons restaurants indiens, mais c'est une autre histoire. Il n'y a pas la mer à Paris, mais il suffit de fermer les yeux sur un bord de Seine et de laisser guider son imagination par les mouettes qui, très énergiquement, dialoguent avec le sable qui dort sous les pavés déchus. |
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page 129 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
« Rien de
cela ! » L'expression est ambiguë selon ce que l'on souhaite
trouver ou pas. Noëmie Diégèse est partie à la rencontre de celles et
de ceux qui, habitant Paris depuis plusieurs années, viennent de
capitales d'autres pays. Elle leur a posé la question :
« Rien de Cela
à Paris ? » Simple en apparence, le projet aurait pu tourner à l'exercice scolaire alignant les truismes les plus éculés. Certes, pas de « Big Ben » à Paris comme à Londres, ou encore, pas de milices armées dans les rues comme à Sao Paulo. Ce serait oublier le talent incontestable de Noëmie Diégèse pour faire parler ses interlocutrices et ses interlocuteurs et retracer ensuite ces conversations toujours délicates. Le résultat est convaincant. Il dresse le portrait sensible d'une ville que l'on aime ou que l'on déteste, mais qui laisse rarement indifférent. On sourira bien sûr d'apprendre que ce ressortissant suisse s'ennuie désormais quand il rentre à Zurich de la circulation fluide et policée. Mais est-il sincère ? On aura aussi la confirmation que l'on peut aimer ou craindre l'anonymat que procure la grande ville. On regrettera, évidemment, la déception de celles et de ceux qui, s'étant forgé une image idyllique de la ville lumière, ville de l'amour, trouvent une ville dure, parfois violente et qui fait peu de concessions à la tendresse. Et si Paris était comme toutes les villes du monde après tout ? Non, nous dit Noëmie Diégèse. Le charme demeure... malgré tout. |
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9 mai |
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