On se rendra directement dans la chapelle consacrée à la jeune sainte à laquelle la cathédrale est dédiée et dans laquelle se trouve une statue polychrome dont il est souvent dit qu'elle est une réplique de celle qui se trouve à Rome, réalisée par Maderno en 1599. On pourra contempler la grâce du corps allongé et les blessures du cou, dont on ne saura s'il s'agit d'une décollation ou de l'action du poids des siècles qui a fini par entailler la chair et le bois.
Mais, ce n'est pas non plus cette représentation émouvante du martyre d'une jeune femme dont le temps n'aurait pas corrompu le corps qui nous arrêtera. Car, levant la tête, on découvrira un décor mural tout à la fois abstrait et figuratif. Un quadrillage oblique régulier reprenant les motifs de la pierre veut enserrer des joyaux précieux et très colorés. Alors, on reprendra cette réflexion au long cours sur la présence de l'abstraction dans la peinture la plus ancienne. Et, de retour chez soi, on se saisira du gros volume abîmé des Voix du silence d'André Malraux qui énoncera page 70 de l'édition de la Galerie de la Pléiade de 1953 : « Aussi revendiqua-t-on moins l'imitation de la réalité que l'illusion d'un monde idéalisé. Cet art si soucieux de ses moyens d'imitation, qui attachait tant d'importance à "faire tourner" ses figures, ne fut nullement un art réaliste ; il se voulut l'expression la plus convaincante d'une fiction - de l'imaginaire harmonieux. »
On continuera donc cette déambulation, recherchant d'autres peintures en trompe-l'œil et l'on trouvera des cubes parfaits qui figureront donc bien mieux ce que l'enfer peut être que les peintures grimaçantes du Jugement dernier.
La première partie de son livre est consacrée à la peinture sur pierre, souvent recouverte puis redécouverte qui fait apparaître une iconographie riche et souvent surprenante. La cathédrale Saint-Pierre de Poitiers en est le plus merveilleux des exemples, où l'on a découvert en 2012 un ensemble de peintures murales témoins de la théologie de l'espérance qui prévalait au XIIIe siècle dans le Poitou. La seconde partie concerne les toiles que contiennent les cathédrales. On pourra ainsi traverser la France et les siècles jusqu'à la banlieue parisienne pour retrouver la cathédrale d'Évry, que l'on doit à l'architecte Mario Botta et inaugurée en 1995. Si elle est assez pauvre en peintures, on pourra se consoler en visitant le musée Paul Delouvrier d'art sacré, qui n'en manque pas. L'auteure n'oublie pas les vitraux, qui sont de la peinture sur verre, mais ils ne sont pas le sujet de son livre.
Noëmie Diégèse vous invite ainsi à un voyage artistique inédit qui vous fera traverser les siècles de l'histoire et de l'histoire de l'art, comme de l'histoire de la théologie catholique en France.