Diégèse | |||||||||
jeudi 30 mai 2019 | 2019 | ||||||||
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ce qui représente 32,9109% de la vie de l'auteur | |||||||||
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La ligne de crête | 150 | ||||||||
Mathieu Diégèse | |||||||||
Je
me rends dans le
Vexin français pour suivre la route
qui conduit de Chérence à La Roche-Guyon, surplombant la grande boucle
de la Seine qui commence à Rolleboise et se clôt à Bonnières. Si l'on
veut marcher, on peut continuer jusqu'à Gommecourt par le Chemin de la
Montagne qui surplombe le Val-la-Dame et le Val-Étourdi et même
au-delà, descendre jusqu'à Bennecourt puis musarder Promenade des
Tilleuls pour y croiser le souvenir de Zola qui, plus tard, lui préféra
Médan, plus proche de Paris. Le paysage des coteaux de la Seine à cet endroit n'est que lumière. Aimablement, la route ménage des haltes pour admirer le paysage. Je m'arrête à chacune d'entre-elles. Il y a toujours quelques touristes qui jugent utile de prendre des photographies, parfois même des peintres qui, se rendant à Giverny, un peu plus loin du côté normand, peignent sur le motif des toiles dont ils semblent toujours déçus. On apprend à l'école que la Seine nonchalante a creusé patiemment le plateau calcaire, y prenant ses aises en de larges boucles. Si l'on oublie les leçons de géographie on ne voit qu'un fleuve paresseux qui traîne en admirant les châteaux et les églises, et surtout les églises, qui sont si nombreuses et si remaniées qu'elles portent toute ou presque l'histoire architecturale de la chrétienté. Je rejoins à Chérence le souvenir d'une peintre désormais un peu oubliée qui avait acquis avec son mari le prieuré du village. Marie-Thérèse Dethan-Roullet peignait des natures mortes, du Vexin jusqu'en Sicile, poussant jusqu'à Bruges, la Flamande, pour mieux revenir ensuite aux lumières séquanaises tremblées. Peut-être était-ce son grand-oncle, Jules Noël qui lui donna le goût de peindre, lui qui peignait des marines. À moins que ce ne fût son oncle, Gaston Roullet, qui fut peintre officiel des Colonies et de la marine et correspondant du Monde illustré. Est-ce en référence à cet oncle qui avait acquis cette petite notoriété officielle qu'elle garda son nom de fille accolé à son nom de femme, elle qui appartenait à l'Union des femmes peintres et sculpteurs. Peut-on encore imaginer qu'en 1889, l'UFPS exposait en son salon plus de quatre cents artistes femmes ? Ma rêverie m'a conduit jusqu'au bout de la route des crêtes, qui ne fait d'ailleurs que quelques kilomètres. Je choisis de descendre par la rue Vieille Charrière de Gasny. corridor de craie et de verdure. J'aperçois le donjon des La Rochefoucauld. Je pousserai jusqu'au jardin à la française, car, c'est là qu'on perçoit le mieux la facture intimidante de la forteresse, château de sable posé là par quelque géant oublieux. |
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page 150 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Mathieu Diégèse
signe là l'un de ses petits bijoux littéraires comme on les aime tant.
Il
est allé en quelque sorte écrire sur
le motif, comme on le dit joliment pour les peintres qui vont
peindre des paysages en dehors de leur atelier. Ce motif ? Des routes de France qui suivent la crête d'un massif montagneux, d'une falaise. On en connaît dans plusieurs régions, que ce soit dans le massif vosgien, le Cantal, les Cévennes, les Gorges du Verdon ou encore celle, vertigineuse, qui conduit de La Ciotat à Cassis. Ce sont des routes touristiques que l'on ne prend jamais sans un délicieux frisson. Ces crêtes aménagées de belvédères, qui ont vu tant de capots de voiture levés et laissant échapper la vapeur de radiateurs surchauffés, sont des fabriques de souvenirs. Depuis peu, les appareils photos ont été remplacés par des téléphones, parfois munis de perches, qui permettent d'envoyer instantanément les clichés ainsi pris dans le vaste monde de l'internet et d'atteindre la grand-mère, l'oncle, la tante ou la petite amie, qui diront à coup sûr : wouah ! comme les y auront invités les icônes émotives qu'on leur aura proposées. C'est toujours un plaisir de se promener avec Mathieu Diégèse et sa tendre ironie. Ces promenades sur les crêtes n'y font pas exception. |
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30 mai |
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