Diégèse | |||||||||
mercredi 13 mars 2019 | 2019 | ||||||||
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auteur est en vie
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L'atelier du texte | demain | |||||||
Ce n'est pas la vie | 72 | ||||||||
Daniel Diégèse | |||||||||
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Pourquoi
montre-t-on encore la trombine des romanciers et des romancières, au
point qu'au-delà d'un certain seuil de notoriété, c'est cette trombine
qui est principalement utilisée pour faire la publicité de
l'ouvrage ?
En effet, on pourrait penser que les marqueurs incitatifs à l'achat
puis à la lecture du livre sont assez nombreux sans y ajouter un
portrait photographique de l'auteur.e. La renommée de l'éditeur, les
signes distinctifs de la collection, le design graphique de la
couverture, etc. pourraient être des éléments suffisants... Le titre
lui-même ne fonctionne-t-il pas une sorte de slogan d'appel qui
quémande une lecture ? Bien sûr, le nom de l'auteur.e peut être
décisif
quand la notoriété en est établie. Et puis, évidemment, il y a, pour
peu que l'on puisse retourner l'ouvrage, la quatrième de couverture,
texte d'un genre particulier, qui, en librairie, doit emporter la
décision en moins d'une minute de lecture. Tout cela fait déjà beaucoup
d'éléments, et même parfois trop, alors, pourquoi y ajouter la trogne
- comme on disait avant - de l'auteur.e ? Après avoir regardé beaucoup de ces photographies où l'auteur.e se fait femme ou homme sandwich de se propre œuvre, effigie, parfois étendard, puis, immanquablement, cénotaphe, on peut tenter de dégager quelques éléments structurels de ces images. Il y a d'abord le regard. Un.e écrivain.e, c'est d'abord un regard. Sur de très nombreux clichés, ce regard est curieusement à la fois interrogatif, craintif et vaguement douloureux. Qu'est-ce que cela veut nous dire ? SENSIBLE ! l'écrivain.e est doté.e d'une sensibilité particulière, hors du commun. Elle, il, ont enfanté pour vous cette œuvre dans les affres et la douleur de la création. Vous n'allez quand même pas refuser un tel don, qui plus que le don d'un texte est le don de soi ? Dès lors, bien sûr, ce qui résonne d'emblée à l'oreille sarcastique, c'est justement la voix du théoricien de la mort de l'auteur : Roland Barthes. « Qu'est-ce que j'en ai à faire de ton don ! Ton-don devient le nom-farce du cadeau amoureux. » Le mot est lancé : « amoureux. » L'auteur.e de roman est un être ultra-sensible, écorché.e vi.f.ve, mais, c'est surtout une amoureuse, un amoureux, car, le roman, est malgré tout toujours un roman d'amour. Cette photographie, elle dit : « je suis amoureux.se. Tombe amoureux.se de moi. » Il ne s'agit plus d'un livre, il s'agit d'un philtre d'amour. |
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page 72 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Beaucoup
d'écrivains ont
réglé leurs comptes avec la littérature, avec l'écriture, avec le roman
et même avec leurs lecteurs. Daniel Diégèse, quant à lui, règle son
compte avec l'édition. Ce qui est moins banal. Mais, il s'attaque moins
à l'activité d'édition elle-même, qu'à ce qui l'entoure, et tout
particulièrement aux pratiques publicitaires et de promotion des romans
à grand tirage, et, plus précisément encore, aux portraits d'écrivains,
que l'on retrouve parfois en 4 par 3 sur les placards publicitaires des
villes. L'auteur a ainsi rassemblé une collection de photographies d'écrivains et d'écrivaines depuis l'après-guerre jusqu'aux dernières livraisons de la rentrée littéraire. En fin lecteur d'images, il analyse ces photographies, les dépouillant peu à peu de ce qui relève de l'époque, du temps et de la mode pour ne garder que ce qui, dans la photographie, dit, et parfois hurle : « ceci est un écrivain ». Et l'auteur d'affirmer : « comment reconnaître un mauvais écrivain.e ? » Il ou elle participe à sa propre promotion à la radio ou à la télévision. L'analyse de Daniel Diégèse marche de façon étonnante. Car, bien sûr, le factice déborde. La manière dont il démonte, par exemple, les photographies de jeunes écrivains qui veulent faire « comme les grands » est désopilante. Un livre à lire absolument... entre deux romans. |
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13 mars |
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