Diégèse | |||||||||
samedi 23 mars 2019 | 2019 | ||||||||
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son
auteur est en vie
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ce qui représente 32,6985% de la vie de l'auteur | |||||||||
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L'atelier du texte | demain |
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Celle qui fera mouche | 82 | ||||||||
Mathieu Diégèse | |||||||||
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À la Recherche du temps perdu Marcel Proust VII - Le Temps retrouvé III : Matinée chez la Princesse de Guermantes L'Adoration perpétuelle |
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Comment la
littérature de notations aurait-elle une valeur quelconque, puisque
c'est sous de petites choses comme celles qu'elle note que la réalité
est contenue (la grandeur dans le bruit lointain d'un aéroplane, dans
la ligne du clocher de Saint-Hilaire, le passé dans la saveur d'une
madeleine, etc.) et qu'elles sont sans signification par elles-mêmes si
on ne l'en dégage pas ? Peu à peu conservée par la mémoire, c'est la chaîne de toutes les impressions inexactes, où ne reste rien de ce que nous avons réellement éprouvé, qui constitue pour nous notre pensée, notre vie, la réalité, et c'est ce mensonge-là que ne ferait que reproduire un art soi-disant « vécu », simple comme la vie, sans beauté, double emploi si ennuyeux et si vain de ce que nos yeux voient et de ce que notre intelligence constate, qu'on se demande où celui qui s'y livre trouve l'étincelle joyeuse et motrice, capable de le mettre en train et de le faire avancer dans sa besogne. La grandeur de l'art véritable, au contraire, de celui que M. de Norpois eût appelé un jeu de dilettante, c'était de retrouver, de ressaisir, de nous faire connaître cette réalité loin de laquelle nous vivons, de laquelle nous nous écartons de plus en plus au fur et à mesure que prend plus d'épaisseur et d'imperméabilité la connaissance conventionnelle que nous lui substituons, cette réalité que nous risquerions fort de mourir sans l'avoir connue, et qui est tout simplement notre vie, la vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie, par conséquent, réellement vécue, cette vie qui, en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l'artiste. Mais ils ne la voient pas, parce qu'ils ne cherchent pas à l'éclaircir. Et ainsi leur passé est encombré d'innombrables clichés qui restent inutiles parce que l'intelligence ne les a pas « développés ». Ressaisir notre vie ; et aussi la vie des autres ; car le style, pour l'écrivain aussi bien que pour le peintre, est une question non de technique, mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la différence qualitative qu'il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s'il n'y avait pas l'art, resterait le secret éternel de chacun. Par l'art seulement, nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n'est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu'il peut y avoir dans la lune. Grâce à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu'il y a d'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l'infini, et qui bien des siècles après qu'est éteint le foyer dont ils émanaient, qu'il s'appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient leur rayon spécial. |
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page 82 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Mathieu Diégèse est
un
lecteur passionné, compulsif et exigeant. Il explique dans la préface
que pour lire beaucoup et vite, il faut pouvoir repérer dans une page,
voire un ensemble de pages, la ligne, la phrase, le mot qui feront
mouche. Et ces lignes, ces phrases, ces mots ne sont pas toujours ceux
que l'on pense. Ainsi, par exemple, nul besoin de distinguer une
conclusion ou un dénouement. Conclusions et dénouements, explique
Mathieu Diégèse, sont seulement le moyen trouvé par l'auteur d'arrêter
d'écrire. Le plus souvent, l'essentiel de l'écriture de l'auteur est
ailleurs dans le livre. Mathieu Diégèse développe ainsi une méthode de lecture originale, nouvelle et amusante qui permet de relire autrement les grands classiques de la littérature comme n'importe quel roman de gare, avec une lecture flottante, équivalent de l'écoute flottante du psychanalyste. Le lecteur se connecte ainsi directement avec l'imaginaire de l'auteur. Ce livre propose aussi une typographie tout aussi originale que la méthode qu'il décrit et qu'il enseigne, typographie qui en fait un très bel objet. Apprenez à lire de nouveau avec ce livre. Cela pourrait bien changer votre vie. |
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23 mars |
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