Diégèse | |||||||||
dimanche 10 novembre 2019 | 2019 | ||||||||
ce travail est commencé depuis 7254 jours (2 x 32 x 13 x 31 jours) | et
son
auteur est en vie
depuis 21707
jours (72 x 443 jours) |
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ce qui représente 33,4178% de la vie de l'auteur | trois mille cent-une semaines de vie | ||||||||
hier |
L'atelier du texte | demain | |||||||
En dire du bien | 314 | ||||||||
Mathieu Diégèse | |||||||||
Nous
terminerons cet ouvrage par un recueil inattendu de récits
hagiographiques qui ont été parmi les plus difficiles à recueillir et
que nous avons rassemblés dans un chapitre intitulé : « Les
bons Voisins ». Nous avons parcouru des kilomètres et des
kilomètres à travers la France, dans les villes, les banlieues, les
campagnes, et aussi les pseudo villes, les pseudo banlieues et les
pseudo campagnes, pendant des jours et des jours, pour recueillir pour
cet ouvrage moins d'une dizaine de récits de personnes disant du bien
de leurs voisins. Bien sûr, il ne s'agissait pas seulement de trouver des personnes capables d'émettre une opinion vaguement positive ou positivement évasive du type : « ils sont gentils ; ils sont serviables ; un jour il m'a aidé à sortir le pack d'eau minérale du coffre de la voiture alors que j'avais une élongation à l'épaule droite. » Ce type de témoignages, nous en avons des centaines et nous pourrions en avoir encore davantage. Nous voulions d'autres récits, qui exaltent particulièrement les qualités morales d'une voisine ou d'un voisin. « Devant l'immeuble, les places de stationnement sont comptées. Il n'y a aucune forme de réservation possible. C'est le premier arrivé qui se gare le premier. Bien sûr, quand on revient des courses, il est toujours possible de décharger le coffre de la voiture en se garant en double file. Les enfants gardent les courses sur le trottoir ou dans le hall de l'immeuble jusqu'à ce que l'on ait trouvé une place pour se garer. Cela prend parfois un bon quart d'heure, sinon davantage. Il y a aussi le fait que certaines places de stationnement sont à éviter. Par exemple, se garer derrière l'immeuble E, c'est avoir l'assurance que la voiture sera abîmée, même si c'est une voiture de la cité. À chaque fois qu'il y a eu des voitures brûlées, c'était derrière l'immeuble E. Personne n'a jamais vraiment compris pourquoi. L'immeuble E n'est pas pire que l'immeuble A ou B. On n'a jamais trouvé qu'une seule explication : il n'y a pas d'immeuble F. L'immeuble E est donc le dernier immeuble par ordre alphabétique et cela suffirait à le déclasser. Moi, je rentre assez tard du travail. Mes horaires sont décalés. Les enfants sont à la garderie, mais c'est la voisine du dessous qui va les chercher et qui les garde jusqu'à ce que je rentre. Mais, il y a quelque chose d'incroyable, quelque chose qui est presque devenu légendaire dans la cité : quand je rentre, il y a une place libre devant l'immeuble. Ce n'est pas toujours la même, mais il y en a toujours une libre. Si bien que j'ai commencé à croire que j'avais vraiment de la chance, ou mieux, que je bénéficiais d'une protection divine particulière. Un jour, mon plus grand fils a eu dix-huit ans et il a passé son permis de conduire. Un autre jour, j'étais souffrante et j'ai prêté la voiture à mon fils. Le soir, vers 19 heures, j'ai attendu à la fenêtre qu'il rentre comme il l'avait promis. 19 heures, c'est l'heure à laquelle je rentre d'habitude. Et, peu avant l'heure, j'ai vu la voisin du deuxième étage sortir de l'immeuble, entrer dans sa voiture et la déplacer. Quand mon fils est arrivé, quelques minutes après, il a pu garer la voiture devant l'immeuble. Et c'est alors que j'ai compris. Pendant toutes ces années, mon voisin du deuxième, tous les soirs de la semaine, avait déplacé sa voiture pour me laisser la place parce que je marche difficilement. Il n'en a rien dit. Les autres voisins n'en ont rien dit non plus, mais personne n'aurait profité de la place vide. Je ne l'ai pas remercié. Cela aurait été embarrassant pour lui comme pour moi. » |
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page 314 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
On n'a jamais
autant
écrit. Tous les genres littéraires sont réhabilités. Tous, ou presque.
Certains ont plus de succès que d'autres, parmi lesquels le pamphlet et
la diatribe. Ce dernier est d'ailleurs un genre qui, dès lors que le
texte en est publié électroniquement, agglutine les fautes
d'orthographe et les incorrections syntaxiques de manière souvent
surprenante, s'éloignant ainsi de manière radicale des textes produits
par les Cyniques et les Stoïciens. Il est cependant un genre
particulier qui n'a plus de succès, au point qu'on en cherche en vain
les occurrences : l'hagiographie. D'ailleurs, Huysmans regrettait
en son temps, déjà, que le genre eût disparu, en tant qu'ouvrage
consacré à la vie des saints. Certes, on objectera qu'il y a bien des
textes hagiographiques, produits à des fins de propagande. Cela est
différent. Ils sont hagiographiques, au sens second. Ce ne sont pas des
hagiographies. Il s'agira donc, dans ce livre de l'épistémologue et
philosophe Mathieu Diégèse, de réhabiliter l'hagiographie comme genre
littéraire, et donc de produire des textes qui disent du bien de quelqu'un ou de
quelque chose à d'autres fins que celle de l'édification.
Voici un livre réjouissant et apaisant. Assurés que l'auteur ne poursuit d'autre but que celui de saluer des réalisations et des personnes, on demeure confiants, on mesure la place et le rôle du bien dans le monde et l'on se prend ensuite à regarder celui-ci avec plus de bienveillance et à trouver que, malgré les adversités de la condition humaine, tout ne va pas si mal. |
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10 novembre |
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