Diégèse | |||||||||
mardi 19 novembre 2019 | 2019 | ||||||||
ce travail est commencé depuis 7263 jours (33 x 269 jours) | et
son
auteur est en vie
depuis 21716
jours (2 x 13 x 281 jours) |
||||||||
ce qui représente 33,4454% de la vie de l'auteur | |||||||||
hier | L'atelier du texte | demain | |||||||
On peut avoir confiance | 323 | ||||||||
Gustav Diégèse | |||||||||
Tanguy
s'est arrêté pour
faire une pause sur une aire
d'autoroute de l'A10 peu avant Niort. Il s'arrête toujours à cet
endroit, comme ses parents s'arrêtaient là aussi dans son enfance et
son adolescence, quand ils ont commencé à prendre l'autoroute :
l'aire
de Poitou-Charentes. Il se rappelle qu'avec son frère, ils chantaient à
tue-tête un slogan publicitaire alors en vogue : « Charente
de Poitou,
Charente de Poitou, tradition du goût » C'était sans doute le
début de ce que l'on a appelé par la suite le marketing territorial.
Aujourd'hui, il ne chante pas. Il ne s'attardera d'ailleurs pas sur
l'aire et dédaignera la boutique de produits régionaux qu'il avait
pourtant l'habitude de fréquenter pour apporter un panier garni à
destination. Sa destination, il la connaît aussi depuis des dizaines d'années. C'est là qu'habitaient ses grands-parents, puis, lorsqu'ils ont pris leur retraite, ses parents : Saint-Méloir-des-Ondes, en Bretagne, pas très loin de la Normandie, dans la baie du Mont-Saint-Michel. Quand il était petit, il aurait préféré que sa famille fût installée à Saint-Benoît-des-Ondes, non loin de là, parce que c'était plus près de la mer. Et puis, il a fini par aimer ce gros bourg qui lui permettait de longues escapades à bicyclettes pour rejoindre la baie cependant toute proche. Il a encore quatre heures de route environ. Il devrait arriver en fin d'après-midi. Il appelle son frère qui est en route lui aussi. Il vient de l'est, de Dijon. C'est moins pratique. Avant la construction de l'A19, il devait même passer par Paris, enfin, par la Francilienne. Il devrait arriver avant lui. Son frère lui dit qu'il n'est pas loin d'Orléans. Ils n'évoquent bien sûr pas le motif de leur voyage. Ils le connaissent trop bien : installer leur mère dans l'EHPAD de Saint Méloir, vider la maison et la mettre en vente. Ni son frère, ni lui, ne souhaitent la garder. Son frère a une grande propriété vers Saulon-la-Rue, au sud de Dijon, qui absorbe toutes ses ressources. Quant à lui, il a fait le choix de la côte sauvage à l'ouest de Bordeaux, non loin de Soulac-sur-Mer. Il a acheté il y a quelques années un camping naturiste qui le tient occupé plus de six mois par an. Il a eu sa mère au téléphone le matin même. Elle ne sait rien de ce qu'ils ont décidé. Mais, depuis quelques mois maintenant, ils la trouvent très incohérente au téléphone. Les deux frères ont tenté de recouper les informations qu'elle leur livre dans des conversations toujours plus brèves et rien ne concorde. Ils ont appelé son médecin qui leur a dit qu'il ne l'avait pas vue depuis au moins trois mois, au point qu'il avait pensé qu'elle avait changé de médecin. Il a cependant affirmé que lors de la dernière visite, elle allait parfaitement bien. Tanguy arrive enfin devant la maison. Les volets sont fermés. Il sonne. Personne n'ouvre. Il craint le pire. Il retourne dans la voiture prendre le trousseau de clés qu'il a toujours dans la boîte à gants. Il ouvre la porte d'entrée. Non seulement, il n'y a personne, mais il n'y a rien dans le hall. Il parcourt les pièces une à une. Tout est vide. Il monte les escaliers jusqu'aux chambres. Tout est vide aussi. Il ne comprend pas. Il entend klaxonner dehors. C'est son frère. Il ouvre un volet du premier étage pour lui faire signe de monter rapidement. Il arrive. Lui aussi doit avoir la même tête ahurie que lui. Il appelle sa mère sur le téléphone fixe. Elle répond après quelques sonneries, lui demande quand il compte arriver, lui dit qu'elle leur a préparé une petite surprise. Il lui dit qu'il est arrivé, que la maison est vide et qu'elle n'y est pas. Elle rit et elle raccroche. |
|||||||||
page 323 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
« On peut
avoir
confiance ». En quoi ? En qui ? En l'État... En sa mère, en son frère, en Monsieur le Curé, en son banquier, son assureur, son oncle, sa grand-mère... Et pourtant ! Gustav Diégèse débusque avec talent des faits divers dans lesquels la confiance a été trahie alors qu'elle reposait sur des personnes ou des institutions irréprochables. Traquant les faits divers, en France, mais aussi partout à travers le monde, il décrit de manière implacable ces situations où l'on ne peut que faire confiance alors que... Ne lisez surtout pas ce livre. La prochaine fois que votre belle-mère viendra dîner chez vous, vous lui demanderez ses papiers et un quitus fiscal ! Un livre édifiant sur la duplicité humaine, qui sait être drôle pour décrire les turpitudes les plus insolites. |
|||||||||
19 novembre | |||||||||
2009 | 2008 | 2007 | 2006 | 2005 | 2004 | 2003 | 2002 | 2001 | 2000 |
2018 |
2017 |
2016 |
2015 |
2014 |
2013 |
2012 |
2011 |
2010 |