Louis avait cherché comment les astronomes avaient déterminé que c'était à Taregana qu'il fallait aller, mais, surtout, beaucoup d'éléments l'avaient amusé. Tout d'abord, l'appellation de village attachée à Taregana dont le décompte de la population oscille entre 940 et 10 000. Taregana ne cesse de croître grâce à son marché et à sa gare qui la relie à Patna, la capitale de l'État. Mais, le 22 juillet 2009, plus de 20 000 astro touristes étaient attendus et l'idée de cette foule confluant vers cette bourgade l'avait dissuadé de tenter le voyage. Il avait donc suivi l'événement sur l'internet. Il avait ainsi appris que, littéralement, « Taregana » signifiait « compter les étoiles », toponyme prémonitoire s'il en était. Mais, l'idée que l'éclipse de 2009 y était attendue depuis longtemps, très longtemps, se renforçait du fait que Aryabhata, le premier des grands astronomes de l'Inde, qui a passé toute sa vie ou presque à Patna, à une trentaine de kilomètres de Taregana, au cinquième siècle après Jésus Christ, soit réputé avoir établi à Taregana sur le temple solaire un dispositif lui ayant permis de déterminer le caractère héliocentrique de notre galaxie. Aryabhata ne croyait pas que la terre fût créée et qu'elle sera détruite, mais plutôt que tout se déroulait de manière continue sans commencement ni fin. Calculant la durée du jour sidéral, il ne se trompa que de 9 millième de secondes.
Si Louis le pouvait encore, il se rendrait maintenant à Taregana, protégé par les mannes de Aryabhata et chercherait l'emplacement exact d'où, comptant les étoiles, Aryabhata a compris que la terre était une sphère qui tournait sur elle-même.
30 juin 1973
11 juillet 1991
3 novembre 1994
11 août 1999
3 octobre 2005
Il les a toutes vues. Toutes celles qu'il pouvait voir. En 1955 il avait 15 ans. 7 minutes, 7,7 secondes. La plus longue du siècle. Plus de deux fois plus longue que celle, très médiatisée du 11 août 1999. Mais depuis quelques années, il ne peut plus voyager. La dernière qu'il a vue vraiment, c'est celle du 3 octobre 2005. Elle était annulaire. Depuis lors, il les traque seulement sur l'internet.
Mais ce qui l'intéresse, ce ne sont pas elles, en fait. Ce qui l'intéresse, c'est ce que font les gens pendant les éclipses.
Mathieu Diégèse nous donne un récit attachant. On a l'impression de connaître Louis, infatigable chasseur d'éclipses. Original aussi, fasciné par la fascination des être humains par les astres. Que cherche Louis dans les yeux de ces femmes et de ces hommes, dans leurs corps qui se blottissent, heureux et atterrés.
Et si vous parcouriez la planète vous aussi pour les éclipses ? La prochaine, c'est le... , visible depuis...