Diégèse | |||||||||
dimanche 6 octobre 2019 | 2019 | ||||||||
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Névrose fin de siècle | 279 | ||||||||
9 octobre 1998 - 9 octobre 2018
- 20 ans Je me souviens très bien du rejet du Pacte civil de solidarité, le PACS, à l'Assemblée nationale parce que les députées et députés de gauche étaient moins nombreux que leurs collègues de droite. La gauche devait voter un texte majeur pour l'évolution de la société et elle n'était pas au rendez-vous. Pour toutes celles et pour tous ceux qui avaient porté le texte et le désir, comme la nécessité, de ce texte, c'était plus qu'une déception. C'était une trahison. Le lendemain, je me souviens avoir vu le Premier Ministre de l'époque, Lionel Jospin, tellement gêné de devoir évoquer l'homosexualité qu'il en était pathétique. Le Premier Secrétaire du Parti Socialiste, député de Corrèze, François Hollande, n'était pas là. Il se rachètera plus tard, cela dit, avec le mariage pour toutes et pour tous. Je jouais à l'époque au théâtre. C'était un vendredi. C'étaient encore les premiers temps de l'internet et nous nous étonnions de pouvoir visionner les débats parlementaires sur des écrans d'ordinateurs scintillants reliés au réseau des réseau par un modem tonitruant dans le bureau du régisseur en chef. Beaucoup parmi l'équipe du théâtre étaient militantes et militants du PACS dans cette salle parisienne qui avait vu partir tant d'ami.e.s mortes et morts du SIDA, qui avaient vu conjointes et conjoints doublement, triplement désemparé.e.s, parfois mis.es à la porte du jour au lendemain par des familles vengeresses. Je me souviens de ce garçon en larmes, à la rue, qui avait vu le père de son compagnon prendre de force, avec des gants, aidé de gros-bras de sa famille, tout le contenu de l'appartement de son fils mort quelques jours auparavant pour en faire un autodafé dans son jardin de banlieue. Il n'avait pu sauver que quelques photographies sous les quolibets, les menaces et les intimidations. Alors, quand nous avons appris que la proposition de loi n'était pas passée parce que la gauche avait préféré partir en week-end, nous nous sommes dit que nous nous en souviendrions et que viendrait le temps où le parti socialiste traître serait réduit au rang de groupuscule. C'est fait désormais. Plus de vingt ans plus tard, on peut se souvenir. C'est facile de se souvenir, les débats sont retranscrits et l'internet beaucoup plus efficace qu'en 1998. On peut donc parfaitement se souvenir de l'opposition obstinée de Madame Marie-Thérèse Boisseau alors députée d'Ille-et-Villaine qui ne cesse d'invectiver le rapporteur Jean-Pierre Michel et qui, lorsqu'elle entend qu'il dit : « Ce statut nouveau concerne donc tous les couples qui ne veulent pas ou ne peuvent pas se marier, qu'il s'agisse de couples homosexuels, de lesbiennes... » s'écrie : « Tout un monde ! » Oui, et c'est ce monde, ce monde qui est l'humanité, qui se souvient de Madame Boisseau, née Lebreuil en 1940, lui espérant même une vieillesse paisible et repentante. C'est elle qui sera quelques années après pendant sept ans, neuf mois et quatorze jours Secrétaire d'État aux personnes handicapées. Le 24 février 2004, elle présentera au Sénat le Projet de loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées en concluant par une citation de l'écrivain et philosophe suisse, lui-même handicapé, Alexandre Jollien : « Chaque homme est, à sa mesure, un cas, une délicieuse exception... ». On conviendra donc que ce jour d'octobre 1998, Madame Boisseau née Lebreuil, avec son « Tout un monde ! » rejetait hors de l'humanité les homosexuel.le.s. Elle n'était certes pas, ni la première, ni la dernière. Alors que celles et ceux qui s'exclament aujourd'hui contre l'adoption, contre la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes au nom de principes qui ne sont que des idéologies, au nom d'une religion qu'ils travestissent puisque religion d'amour ils en font une arme de haine, que celles ci et ceux-ci sachent que dans vingt ans, nous nous souviendrons d'elles et d'eux croupissant dans les poubelles de l'histoire de la République. Et nous ne les en tirerons pas. |
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page 279 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Alors que ce
siècle a déjà
presque vingt ans, Gustav Diégèse revient sur la fin du vingtième
siècle. Il retourne vers les lieux qu'il fréquentait entre 1995 et 2000
et tente de se souvenir du regard qu'il portait sur les paysages afin
d'essayer de reconstituer les modalité de pensée qui était les siennes
alors. C'est donc à une autobiographie en demi-teinte que nous convoque
cet auteur que l'on aime tant. Le siècle finissait quand finissait sa
première jeunesse. On annonçait tour à tour des cataclysmes et des
lendemains qui allaient chanter numériquement et en réseau. Et les
amours venaient, puis repartaient sur la pointe des pieds, ou bien avec
fracas. Pendant ce temps là, l'actualité ressassait son inactualité
première. C'est un roman que les plus de quarante ans auront plaisir à lire et que les moins de quarante ans découvriront avec bonheur, se disant peut-être que ce monde étrange des premiers téléphones mobiles ressemblait pourtant, à maints égards, à celui dans lequel ils vivent aujourd'hui. Un bain de jouvence ? Sans doute pas. Une sensibilité à fleur de peau qui ne se dément pas ? Assurément. |
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6 octobre |
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