Diégèse | |||||||||
jeudi 17 octobre 2019 | 2019 | ||||||||
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La délicatesse | 290 | ||||||||
Mathieu Diégèse | |||||||||
Subtil Quand il s'agit d'un inanimé concret, peuvent être subtils l'air, le feu, le gaz, l'essence, la lumière, la poussière même. Ce qui est subtil s'oppose-t-ainsi à ce qui est épais, grossier, lourd. Au sens figuré, et s'agissant d'une personne, le terme qualifiera quelqu'un qui parvient à distinguer les nuances et qui sera donc tout à la fois futé, pénétrant, perspicace ou encore sagace. Tout cela paraît très bien et la subtilité, en conséquence, une qualité très enviable. Las ! Dans ce bas-monde, le terme est pourtant toujours sur la brèche du péjoratif et telle personne subtile pourra vite passer pour couper en quatre - au moins - des cheveux. Nous ne sommes pas d'une culture si raffinée que nous aimons vraiment la subtilité. Ce n'est d'ailleurs pas une qualité que l'on prise chez les vrais mâles auxquels on ne demande pas d'être subtils, au point que l'on brandira à l'encontre de ceux qui dérogent cette expression populaire : il ne faut pas tortiller ! Les raisons évoquées à la prescription de ne pas tortiller le postérieur sont connues : déféquer de manière rectiligne, ce qui a certainement aussi des avantages. Mais cela cache surtout une remarque sexiste et homophobes, car, il est convenu que celles et ceux qui « tortillent du popotin », ce sont les femmes et les « invertis ». L'homme, le vrai, ne tortille pas et « chie droit ». Ce n'est certes pas très subtil, mais c'est éminemment culturel. Le mâle n'a pas besoin de faire montre de subtilité dans sa conversation et d'ailleurs, dans l'imagerie commune des comportements genrés, il ne parle pas beaucoup. Le vrai homme connaît les animaux et se tait. Parler, c'est bavarder et c'est un travers féminin. En conséquence, cette subtilité dans la conversation que l'on pourrait croire unanimement appréciée sera rejetée du côté de la féminité, ou plutôt, de l'efféminisation d'une société mettant à mal les valeurs viriles. Il suffit pour s'en convaincre de visionner au hasard une dizaine de films publicitaires faisant apparaître des hommes et des femmes. Anatole France, cité par le Trésor de la langue française informatisé, risquera l'oxymore en prétendant que « les plus robustes esprits ont souvent de ces élans vers le subtil et l'inconnaissable ». C'est donc que l'esprit aussi doit être robuste, surtout pour ceux qui ne sont pas du « sexe faible ». Du point de vue sémantique, nous avons, avec le terme « subtil » un exemple justement assez subtil où se mêlent qualificatifs de l'inanimé concret et abstrait et de l'animé abstrait. Mais, nous venons de voir que l'animé concret se cache ici aussi en embuscade. C'est souvent là que résident les préjugés culturels les plus difficilement expugnables. Alors, s'agissant de la « subtilité », cette qualité est-elle potentiellement péjorative dans toutes les cultures ? Cela dépend des époques, car, dans la culture arabe et persane classique, les hommes faisaient assaut de subtilité. |
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page 290 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Il y a des
qualités que le
monde moderne ne sait plus très bien cultiver. Pire, il les brutalise
en permanence, à des fins commerciales le plus souvent. Mathieu
Diégèse, avec l'élégance qui est la sienne, va donc débusquer ces
qualités malmenées, pointer leurs prédateurs et tenter de les protéger
tout en leur donnant une nouvelle vie dans ce monde de brutes. Cet ouvrage subtil est organisé comme un dictionnaire qui, sans souci de l'ordre alphabétique, va de « délicatesse » à « discrétion » en se promenant depuis « souci » jusqu'à « élégance »... et, justement, « subtilité ». Mais il faut alors comprendre « souci de l'autre », « élégance de l'acte » et « subtilité de la conversation ». N'allez cependant pas croire que Mathieu Diégèse nous plonge dans le passé. Vous ne croiserez pas à la lecture de ce livre Madame Verdurin en crinoline, ni même la duchesse de Guermantes. Il s'agit bien pour son auteur de ressusciter maintenant, dans ce monde des technologies en réseau et de l'instantanéité, toutes ces qualités qui ne servent à rien, sauf peut-être à permettre d'atténuer un temps la douleur inextinguible d'être des mortels. |
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17 octobre | |||||||||
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