Diégèse | |||||||||
jeudi 12 septembre 2019 | 2019 | ||||||||
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Son Trouble | 255 | ||||||||
Gustav Diégèse | |||||||||
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Ainsi,
ce que l'on voit est par nature hallucinatoire et notre cerveau corrige
en permanence pour faire coïncider les informations qui lui parviennent
des voies optiques avec ce qu'il a construit de la réalité au cours de
la vie. Nous sommes
donc en permanence confrontés à des épouvantails, des leurres et des
appeaux. Il arrive bien sûr que notre cerveau se trompe ou soit
trompé. Cela nous arrive à toutes et à tous quand, croyant voir quelque
chose, il s'agit en fait d'autre chose, ou encore quand nous prenons un
reflet
pour l'objet lui-même ou pour la scène elle-même. Il en va de même pour
la reconnaissance des personnes. Nous avons toutes et tous pris un jour
quelqu'un pour quelqu'un d'autre. Cela peut parfois être assez
embarrassant. Les
études les plus récentes, menées notamment à l'Institut de technologie
de Californie, ont montré que nous ne mobilisions que peu de neurones
pour activer ce mécanisme de la reconnaissance faciale, neurones situés
dans le
cortex temporal inférieur. Ces neurones sont donc très localisés et
toute
modification de la zone où ils se trouvent, par un traumatisme
extérieur ou par une tumeur, peut avoir des conséquences fâcheuses sur
le
mécanisme de la reconnaissance. C'est alors une pathologie qui porte
le nom de « prosopagnosie »,
terme composé à partir du grec « πρόσωπον (prósopon » qui
signifie « visage » et de « γνωσία (gnosía) »
qui signifie « connaissance » précédé du
préfixe privatif « a ». S'il existe des cas qui sont
considérés comme pathologiques, et la
maladie peut être congénitale, qui peut prétendre ne pas être du tout
atteint de ce trouble ? Il existe sans doute quelques rares
personnes
qui reconnaissent toujours et à coup sûr les autres. Ils sont beaucoup
plus rares que celles et ceux qui, en fonction des circonstances et de
la fatigue, reconnaissent ou ne reconnaissent pas les uns et les autres. Mais, demeurons fidèle à notre approche en considérant qu'il n'y a rien de pathologique dans le fait de ne pas reconnaître quelqu'un ou quelque chose. Au quotidien, nous n'avons d'ailleurs pas besoin de reconnaître beaucoup de personnes et nous les reconnaissons en contexte. Si nous reconnaissons le boulanger ou la boulangère, c'est parce qu'ils sont dans leur boutique. Les reconnaîtrait-on en jogging sur la jetée en plein exercice de santé ? Pas certain, sauf si nous avons pour cela une motivation particulière. On reconnaît les gens parce qu'on leur veut quelque chose. Que cette volonté disparaisse et on ne les reconnaît plus. Quelqu'un qui serait entièrement détaché des interactions humaines ne reconnaîtrait sans doute plus personne, parce qu'il n'aurait plus besoin d'activer ces quelques neurones de la reconnaissance qui pourraient donc dormir tranquillement. Quand nous ne reconnaissons pas quelqu'un, cela ne veut donc pas dire que nous ne nous intéressons pas à la personne en question, ou que nous ne la respectons pas, mais que la situation dans laquelle on la rencontre ne présente pas pour nous un intérêt suffisant pour mobilier nos pauvres neurones qui permettraient de la reconnaître. |
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page 255 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Où
en est-on de l'hallucination ? Plutôt devrait-on dire : des hallucinations, car il en
existe de nombreuses formes, autant au moins que ce que nous avons de
sens. Elles peuvent donc être visuelles, auditives, olfactives,
tactiles... Gustav Diégèse est allé à la rencontre de personnes qui souffrent ou on souffert d'hallucinations temporaires, notamment à causes de pathologies cervicales. Il a aussi rencontré les équipes scientifiques qui, travaillant sur le cerveau, s'intéressent de près à ces désordres. En effet, comme souvent, la pathologie dit beaucoup de ce qui n'est pas pathologique ou qui paraît ne pas l'être. En grossissant le trait, on pourrait en effet affirmer que la vision est nécessairement hallucinatoire et que ce sont d'autres mécanismes que ceux de la vision qui font qu'on estime que ce que l'on voit est vrai ou réel. Il en va de même évidemment pour les autres sens. Ce livre est passionnant pour ce qu'il révèle, à travers des récits simples et souvent touchants, notre être au monde dans son incertitude ontologique. C'est en quelque sorte de la philosophie pratique... Et non, vous n'hallucinez pas... Mais en êtes-vous certain ou certaine ? |
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12 septembre | |||||||||
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