Diégèse | |||||||||
mardi 24 septembre 2019 | 2019 | ||||||||
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Une insistance douloureuse | 267 | ||||||||
Gustav Diégèse | |||||||||
Françoise
s'assoit sur un banc en face du cabinet. Elle a
rendez-vous dans dix minutes. Elle a le temps. Elle regarde la porte et
voit une femme entrer dans l'immeuble en regardant son téléphone mobile
certainement connecté à une application de géolocalisation proposant
des itinéraires. « La patiente avant moi », pense-t-elle.
« Dix minutes, ce n'est pas beaucoup ! » pense-t-elle
aussi. Elle n'aura pas le temps en dix minutes d'expliquer son cas et
toutes les tentatives de soin qu'elle a déjà effectuées. Déjà, les
résultats de ses analyses ne tiennent plus dans son sac et elle a fait
l'acquisition d'une serviette qui leur est spécifiquement dédiée. Un
jour, elle l'a oubliée dans le métro et elle s'est demandée comment
elle allait pouvoir reconstituer l'historique des résultats de toutes
ces prises de sang, ces scanners, ces IRM, ces doppler. Heureusement,
elle a retrouvé sa serviette à l'accueil du terminus de la ligne. Elle
avait été déposée par un voyageur qui avait constaté qu'il s'agissait
de résultats d'examens médicaux, qui portaient d'ailleurs pour certains
d'entre-eux son nom et son adresse. Elle a eu de la chance que sa
serviette ne soit pas détruite par les services de sécurité car «
considérée comme un objet abandonné ». Le temps passe. Plus que quelques minutes. Elle allait se lever quand elle voit la femme qu'elle a vue entrer dans l'immeuble en sortir. Elle ne devait donc pas être une patiente. Moins de dix minutes pour une consultation de médecine interne, ce n'est pas possible ! Elle sonne et entre dans la salle d'attente comme la pancarte sur la porte l'y invite. La salle d'attente est comme toutes les salles d'attente. Elle n'y voit rien de particulier. Si elle était photographe, elle ferait certainement une série sur les salles d'attente. Elle n'en a connu qu'une qui soit un peu fonctionnelle. On pouvait s'y laver les mains. C'est souvent la première chose qui lui vient à l'esprit quand elle entre chez le médecin : se laver les mains. Ou alors, il faudrait généraliser les distributeurs de gel hydro-alcoolique comme dans les hôpitaux. La porte s'ouvre. Un homme dit son nom. C'est son tour. Dix minutes plus tard, elle est de nouveau sur le banc en face de l'immeuble du médecin qu'elle vient de consulter. Elle ne sait que penser, à mi-chemin entre les pleurs et le rire, la colère, le désespoir et le soulagement. Il l'a écoutée, l'interrompant cependant rapidement pour voir les résultats des examens, mais n'a fait que lire le dernier compte rendu de son médecin traitant, celui qui l'avait envoyée consulter ce spécialiste, tout en survolant quelques clichés. Il s'est tu et l'a regardée intensément, si intensément qu'un frisson qu'elle n'a pas pu interpréter l'a parcourue des pieds jusqu'à la tête. Et, la sentence est tombée : « Vous n'avez rien. » Elle allait objecter que pourtant, ces courbatures n'étaient pas rien, mais il a continué. « Vous avez des courbatures. Elles ne sont pas imaginaires. Elles sont douloureuses. Elles sont parfois même invalidantes. Mais, vous n'avez rien. Ma prescription sera de bannir tout examen médical supplémentaire pendant les trois prochains mois, toute séance de massage, de kinésithérapie. Vous pouvez prendre du paracétamol. C'est en vente libre. Nous nous reverrons dans trois mois. Au revoir Madame.» Elle est figée sur son banc, regardant la porte de l'immeuble. Cela doit faire une demi-heure déjà. Elle a déjà vu trois patients entrer plus ressortir. |
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page 267 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Au début, ce
n'était rien.
Enfin, presque rien... Françoise a de légères courbatures comme quand
elle a couru la veille ou même trop marché. Mais, cette fois, elle ne
voit pas ce qui a pu lui provoquer ces courbatures, qui, d'ailleurs,
ont passé assez vite au cours de la matinée. Et puis, les courbatures
sont revenues, devenant plus persistantes, quoi qu'elle ait fait la
veille, et elle sont devenues, de semaines en semaines, toujours un peu
plus douloureuses. Françoise se décide à consulter son médecin
généraliste qui lui prescrit une batterie d'analyses... qui ne révèlent
rien ou pas grand chose. Commence alors le parcours du diagnostic
médical approfondi, et ce parcours s'avère encore plus douloureux que
les courbatures elles-mêmes. De la maladie de Françoise, Gustav Diégèse ne nous dira presque rien. En revanche, nous la suivrons pas à pas dans son périple, de médecins en hôpitaux, de médecines alternatives en magnétiseurs et rebouteux. Peu à peu, ce n'est pas la maladie qui va prendre toute la place, mais le parcours de soin, dans son inefficacité première. Mais, qu'est-ce qui pourrait bien guérir Françoise ? |
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24 septembre |
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