Diégèse | |||||||||
samedi 28 septembre 2019 | 2019 | ||||||||
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Certainement par faiblesse | 271 | ||||||||
Gustav Diégèse | |||||||||
Vencesclas
a décidé. Il ira. Il doit encore régler une chose importante :
l'agenda. En effet, son agenda est public. Il ne peut y afficher un
rendez-vous hebdomadaire qui alimenterait instantanément des rumeurs de
maladie et il ne peut évidemment pas mentionner non plus qu'il va se
rendre chaque semaine chez un psychiatre. Il pourrait écrire qu'il a rendez-vous avec un coach, mais Vencesclas Greaserski n'a pas besoin de coach et ne peut avoir besoin de coach. D'ailleurs, dans sa biographie, il a déclaré que seuls les chefs des entreprises vouées à la faillite avaient besoin d'un coach pour les aider à supporter leur échec. Son chef de Cabinet, qu'il a dû mettre dans la confidence, lui propose d'inscrire qu'il va chez le kinésithérapeute. Ce n'est pas infamant, même pour un grand patron, d'aller chez le kinésithérapeute. Mais, Vencesclas considère cependant que la connotation médicale est trop forte. On pourrait croire qu'il est tendu et qu'il a des douleurs dans la nuque, or, il est de notoriété publique que Vencesclas Greaserski n'est jamais tendu et ne peut donc jamais avoir de douleurs dans la nuque. C'est donc un épouvantable casse-tête. Le chef de Cabinet a une autre idée : un cours de langue. Vencesclas trouve que ce n'est pas une mauvaise idée, mais il y voit un obstacle : quelle langue ? S'il déclare qu'il apprend, par exemple, le chinois, les analystes financiers vont en tirer des conclusions sur la stratégie commerciale ou la stratégie d'investissement du groupe. S'il déclare en revanche qu'il se perfectionne en anglais, cela apparaîtra comme une faiblesse. Un dirigeant du rang de Vencesclas Greaserski ne peut pas avoir besoin de se perfectionner en anglais. Il ne peut d'ailleurs pas avoir besoin de se perfectionner en quoi que ce soit. Certes, il pourrait être admis qu'il se perfectionnât en golf ou en tennis, mais cela supposerait que Vencesclas Greaserski a des loisirs, or, un de ses surnoms est « l'homme sans loisir ». Le chef de Cabinet fait une dernière tentative : inscrire un rendez-vous hebdomadaire avec lui, son chef de Cabinet. Cela ne pourra paraître étrange. Vencesclas, agacé, balaye la proposition. Tout le monde va croire qu'il écrit son testament. Le chef de Cabinet ne bronche pas, habitué aux rebuffades de son patron. Il tente pourtant une dernière idée : la méditation. Il n'a qu'à inscrire sur son agenda qu'il consacre une heure par semaine à la méditation. C'est à la mode et cela ne peut pas être associé à quelque faiblesse que ce soit. Au contraire, cela tendra à prouver qu'il veut encore accroître sa puissance de concentration déjà réputée pour être une des plus fortes de l'humanité. Il méditera donc. Certes, il n'a aucune idée de ce que cela peut bien vouloir dire, mais il se promet d'en parler à son analyste. |
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page 271 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
« La
faiblesse est
plus opposée à la vertu que le vice. » C'est cette maxime du
moraliste François de La
Rochefoucauld que Vencesclas Greaserski a fait graver aux pieds de la
tour qui abrite les bureaux de la multinationale qu'il dirige.
M. Greaserski est réputé pour être le patron, et même l'homme, le
plus froid de la terre, sans doute parce qu'il est d'ascendance
polonaise, mais issu d'une famille protestante. Le mélange est glacial.
M. Greaserski a les faibles en horreur, il les flaire, il les déniche,
il les traque. Les stagiaires n'ont qu'une crainte : le croiser et
devoir affronter son regard inquisiteur. Mais un jour, cette belle mécanique s'enraye. Vencesclas est conduit à prendre une décision. Est-elle bonne ou mauvaise ? Peu importe, car, en y repensant, il n'est pas certain, il ne peut être certain qu'il ne l'a pas prise par faiblesse. Gustav Diégèse nous emmène dans les recoins secrets de l'exercice solitaire d'un pouvoir absolu, dans le monde feutré de ces nouveaux monarques qui prennent droit de vie et de mort sur leurs salariés. Les scènes sont terribles et on se prend à espérer une fin plus légère. Mais, c'est surtout un roman d'investigation sur les passions humaines, que La Rochefoucauld, c'est certain, n'aurait pas dédaigné. |
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28 septembre |
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