Diégèse




vendredi 31 décembre 2021



2021
ce travail est commencé depuis 8036 jours (22 x 72 x 41 jours) et son auteur est en vie depuis 22489 jours (43 x 523 jours)
ce qui représente 35,7330% de la vie de l'auteur mille cent quarante-huit semaines d'écriture
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mardi 5 juin 1990 10957 jours de vie (10957 est un nombre premier)
Il y a 11532 jours (22 x 3 x 312 jours)















Ce sera le dernier journal télévisé qui sera traité, celui de la veille du trentième anniversaire de l'auteur. Agassi avait éliminé Lecomte à Roland-Garros et on en ignorait alors tout, occupé à de bien d'autres affaires orientales qui ne trouvent pas leur place ici. Mais c'est aussi le démantèlement sanglant de l'URSS, dont on sait qu'il n'est pas encore terminé. Le houliganisme sévit dans les stades . Il a pris d'autres formes mais on peut lire dans le Journal officiel de ce 31 décembre 2021 des restrictions réglementaires de déplacements de supporters d'équipes de football pour de prochains matchs.
Ce journal télévisé commence cependant par le tennis. La révélation du jour est Jennifer Capriati. Elle a alors 14 ans.
Sans transition, on passe à la baisse du chômage qui, révèle Élise Lucet, diminue davantage au nord qu'au sud, à l'est qu'à l'ouest. Ce serait donc une sorte de météo. On y entend : « Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes, sauf en Île-de-France en raison du nombre deux fois plus élevé d'emplois de bureau. »
Puis (4'), on se rend aux Mureaux où Madame Lagrange et ses enfants vivent dans un garage désaffecté. La misère se lit sur les visages, la dignité du Président de l'amicale des locataires aussi. Et qui viendrait à la rescousse d'une telle situation systémique ? Un jeune député socialiste (5'46") qui se nomme François Hollande et qui plaide pour un rééquilibrage des richesses. Nul doute que la taxation de l'héritage soit le principal problème de cette dame. Et à la fin... c'est la faute de l'Europe, comme on peut bien l'imaginer.
7'09" : Paul Amar a invité sur le plateau le rédacteur en chef, hebdomadaire catholique d'actualité qui appartient aujourd'hui au groupe Le Monde. Il s'agit d'une enquête sur la catholicisme en France en 1990. 56% des catholiques se déclarent comme non-pratiquants. Et ils le sont, pour 92% d'entre eux, par conviction. 64% jugent le langage de l'Église peu adapté à la vie d'aujourd'hui. Et l'un des aspects les plus controversés relève de la sexualité et du mariage des prêtres. 71% pensent que la foi est en train de disparaître. Ce qui est critiqué alors, c'est une forme de sclérose de cette Église qui ne s'est pas en 31 ans complètement dégourdi les jambes, même si le pape François essaye de la remettre à l'exercice. Ce rédacteur en chef qui énonce que les fidèles devraient se soulever pour lutter contre la pauvreté renvoie bien sûr à l'abbé Pierre qui réclamait l'insurrection de la bonté, référence d'ailleurs citée. « Les fidèles sont demandeurs de dialogue », affirme M. Petit. Il faudra encore attendre quelque temps.
Après ce publireportage confessionnel, on ira vers le Kirghizstan où s'affrontent Kirghizes et Ouzbeks. Le Kirghizistan deviendra indépendant en 1991.
Suit un reportage sur la situation soviétique. On y présente Boris Eltsine comme le principal opposant de Gorbatchev. Pas ma vu. Il aura sa peau. Les Bulgares connaissent leurs premières élections libres sur fond de crise économique. (14'03") : il faut privatiser l'agriculture et sortir de l'économie informelle, appelée ici « système D ».
15'43" : ce sera ensuite le Pérou où le nouveau gouvernement lutte avec succès contre l'organisation terroriste maoïste Le Sentier lumineux. Il faudra cependant attendre septembre 1992 pour que le chef Abimael Guzmán soit arrêté.
17'08" : brèves régionales. boycott de Coca-Cola à Bordeaux ; hormones cancérigènes dans la viande de bœuf ; attaque de chenilles dans une forêt de chênes verts du Vaucluse ; opposition à la LGV du Sud-Est ; aide française à l'Algérie après une catastrophe minière.
Et voilà le football avec ses houligans anglais. Le chef a été arrêté à Rome, il paraît bien perché. On visite le grand stade des Alpes. On résume Roland Garros. À demain 19 heures. Ou pas...
Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
Que retenir de ce (trop) long périple dans 364* journaux télévisés de la télévision publique française entre 1999 et 1990 ?
Tout d'abord, la permanence terrible du personnel politique. Certes, il y a eu un grand ménage sur fond d'affaires lors des alternances successives de ces années-là en 1986, 1988, 1993, 1995, 1997, qui ont cependant comme été un jeu de chaises musicales où chaque camp s'affairait surtout à se préparer à être ministre au prochain tour. Ce sont toujours les mêmes têtes aujourd'hui, ou presque. Certains sont morts mais d'autres que l'on croyait disparus, comme Alain Carignon, ne désespèrent pas de pouvoir revenir dans le jeu. C'est que la politique en France est une affaire de notables et que la notabilité se construit sur le long terme et si possible par ascendance familiale. Parmi tous ceux-là, très peu de femmes. On doit souligner aussi le nombre impressionnant d'apparitions de la figure de Bernard Tapie, qui aurait pu devenir une sorte de Berlusconi français promis aux plus hautes fonctions s'il avait investi dans les médias plutôt que dans le football et les chaussures de sport. Mais, dans ce jeu-là, il y apparaît aussi comme la marionnette de François Mitterrand qui fait et défait les destinées depuis le Château sur des motifs qui demeurent souvent opaques et selon des stratégies à plusieurs bandes. Peu à peu, le monarque décline, sa haine pour Rocard fera le reste. Il commence à se tromper sur tout ou presque et ce sera la tragédie du Rwanda.
On retiendra donc l'assassinat politique méthodique de Michel Rocard et de la deuxième gauche comme celui du rendez-vous manqué avec le renouvellement de la politique de gauche en France. Elle aurait pu devenir une force d'alternance et de renouveau. Elle s'est engluée dans les affaires et les erreurs stratégiques et surtout dans le marigot du Parti Socialiste alimenté en permanence par de jeunes loups de la MNEF et de l'UNEF. On voit ainsi le jeune Vals très tôt hanter les couloirs du pouvoir en exécutant de basses œuvres, peut-être un peu plus honnête, mais moins chanceux que son pendant à droite : Nicolas Sarkozy. Toute cette période est d'ailleurs une sorte de jeu de massacre qui permettra à ce qu'il y a de plus ossifié dans la politique française, à droite comme à gauche, de garder le pouvoir.
Mais, il y a surtout ce que ce prélèvement dans ces JT révèle de la grande fabrique du populisme, par le jeu de choix éditoriaux, de juxtapositions quasi subliminales et l'on assiste sans surprise, donc, à la montée de l'extrême droite que ce traitement de l'information favorise sans faille.
Alors, à qui profite le crime ? C'est simple. Dans le même temps, ce qui est prêché chaque soir, c'est une doctrine économique néo-libérale et atlantiste, donc anti européenne. Allez comprendre. Tendanciellement, cela ne peut que conduire qu'à une forme de guerre civile, celle qui, ces derniers temps est promue par un homme qui signe d'un Z comme Zozo.






* une grève générale fait que le 19 novembre 1999, il n'y avait pas de journal télévisé diffusé, ni, a fortiori, archivé.










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