Diégèse




mardi premier juin 2021



2021
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mercredi 6 décembre 1995 12967 jours de vie (12967 est un nombre premier)
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En ce 6 décembre 1995, ce qui fait la une du journal télévisé, ce sont les grèves reconduites, notamment à la RATP et à la SNCF, la guerre des droites, les deux aviateurs français emprisonnés en Bosnie et qu'il faut libérer. C'est tout cela, bien sûr, mais le journal ouvre sur une avancée scientifique présentée comme importante dans la lutte contre le SIDA. Elle l'est en effet, puisqu'elle aboutira quelques mois plus tard, après la conférence de Boston en février 1996, aux premières trithérapies. On saluera donc, pour une fois, le journal télévisé qui a su s'extraire du quotidien pour présenter une information majeure pour l'humanité.
Cependant, on revient vite et sans commentaires aux grèves et manifestations. Bruno Masure prend son air contrarié, sinon inquiet. Le Premier Ministre Alain Juppé a parlé la veille, mais, selon toute vraisemblance, il n'a pas convaincu, puisque dès le lendemain, tous les syndicats ou presque appellent à la généralisation de la grève.
Alors, qu'est-ce qu'on montre ce soir-là ? Des cheminots grévistes au Mans, sous la neige, transis de froid et certains au bord des larmes ayant eu le sentiment d'être humiliés et, sans doute pour contrebalancer, un directeur de centre de tri de La Poste à Dijon qui fait assigner en justice les responsables syndicaux qui bloquent le dépôt. Pas sûr que sa justification toute libérale, qui évoque des parts de marché et la satisfaction du client, satisfasse les postiers qui se considèrent encore agents d'un service public. Et c'est ainsi qu'au détour de ce reportage, ce que l'on montre aussi, presque sans le vouloir, c'est que la réforme de la Sécurité sociale et celle des retraites sont aux avant-postes de la libéralisation et notamment de la privatisation sur fond de concurrence des services publics.
Alain Juppé est attaqué de toute part et cela le rendrait presque sympathique, surtout quand Charles Pasqua l'attaque (8'57"), comme Monsieur Le Pen, sur sa droite. On pourrait donc parier que le JT va être complaisant avec le vieux Corse plus ou moins mafieux. Et c'est le cas. On le présente d'abord avec Mère Teresa au milieu de dames patronnesses de l'Ouest parisien. Interview debout, l'homme est habile, son accent du sud est parfait. Il prêche pour une autre politique et comme il ne dit pas laquelle, il est sûr de ne pas être contredit. Il prépare sa sortie du RPR.
12'01", on va prendre les téléspectateurs par les sentiments, car, il faut bien comprendre, Mesdames, Messieurs, que c'est le Père Noël qu'on assassine. Les Français, depuis quelques années, savent que c'est une ordure. Donc, pas de souci.
12'59", les travailleurs non grévistes, fatigués, se blessent et tout cela risque en outre de faire couler leur entreprise.
Voilà pour les PME. 14'22", on va vers la grande industrie chimique : Rhône-Poulenc. Toujours la petite phrase : les clients vont aller s'approvisionner ailleurs : comprenez ailleurs à l'étranger. Au passage, on ne voit pas bien comment puisque les transports sont bloqués.
15'51, autre exemple intéressant de désinformation, la télévision publique, bien renseignée, se déplace dans un bureau de tri parallèle où elle n'a pas le droit d'entrer, nous dit-on, mais où elle filme quand même, assez paradoxalement. Le syndicaliste est cependant formel, et c'est ce que l'on retiendra : le courrier ne passe pas.
Puis, on va à la SNCF où on a confié à quelqu'un de bien oublié la tâche de faire un livre blanc pour avril 1996. En avril 1996, on sera passé à autre chose depuis quelques mois déjà. On nous explique, image d'archive à l'appui, que le statut des cheminots est archaïque. Dont acte. Le traitement des revendications des cheminots est tellement caricatural qu'on en a un peu honte pour la télévision publique.
Les contrôleurs aériens sont aussi en grève, sans doute pour sauvegarder un statut acquis depuis les avions à vapeur.
Après un petit passage par une chambrée de laborantines pas vraiment fâchées, on nous explique les personnes handicapées souffrent le plus de la grève (22'15"). C'est pire que la canicule. Le problème est réel. La solution aurait pu être d'augmenter le nombre d'auxiliaires de vie.
Fin des grèves (24'08"), on passe aux pilotes français détenus en Bosnie. Jacques Chirac fait les gros yeux à Milošević. On suppose que ça a marché puisqu'une semaine plus tard, les pilotes étaient libres. Un petit tour par Tchernobyl, qui n'en finit pas d'irradier (25'38"). En fait, on va surtout dans une centrale nucléaire russe en Arménie. Tous les voyants sont au vert, affirme le directeur. Qu'on se rassure, l'arrêt du deuxième réacteur de Metsamor est prévue pour 2026.
Sans transition, on va chez les ostréiculteurs aux prises avec un bigorneau appelé routoutou (28'18"). Terrible prédateur, nous dit-on, dont les archives des journaux ne gardent trace qu'en ce mois de décembre 1995.
On s'achemine doucement vers la fin du journal. Il reste une dizaine de minutes. C'est la Saint-Nicolas en Alsace. Football. Basket-Ball de rue. Accident de la route en Autriche dans un lac glacé.
Les musées et les salles de spectacle sont confinés à cause du virus de la grève... Au dodo. On reverra enfin, avec plaisir, Alain Bashung qui sort un nouveau disque (38'20").
Au dodo !
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