Diégèse Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
mardi 23 août 2022



2022
ce travail est commencé depuis 8271 jours (32 x 919 jours) et son auteur est en vie depuis 22724 jours (22 x 13 x 19 x 23 jours)
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dans 2153 jours (2153 est un nombre premier), ce sera le samedi 15 juillet 2028

et l'auteur sera peut-être en vie depuis 24877 jours (24877 est un nombre premier)
séjours en 2028
séjour à Redon jusqu'au 27 juillet 2028










Je suis arrivé à Redon tout à l'heure, quittant l'Erdre pour l'Oust et la Vilaine, des signifiants pour d'autres signifiants.

Redon a depuis toujours une place particulière dans mon imaginaire, car, la ville avait une place particulière dans le récit familial. Il s'y racontait que, lorsqu'il avait fallu évacuer la Picardie au moment du déclenchement de l'invasion nazie en 1940, ma grand-mère maternelle avait alors pris sur une charrette à bras sa mère, ses deux derniers enfants, dont ma mère, quelques effets pour qu'ils échappassent au pillage de ceux restés à l'arrière et que, de la frontière belge, elle était ainsi allée à pied, avec son barda, jusqu'à Redon où elle avait retrouvé ses fils plus âgés, descendus, eux, à vélo.

Pourquoi Redon ? Comment Redon ? La raison de ce choix demeurait ignorée. En tout cas, dans la famille, on n'en disait rien. Pourtant, dès 1939, une circulaire de la Préfecture de l'Aisne avait indiqué aux communes qu'en cas d'évacuation, les habitants de ce département devraient partir vers la Mayenne. Mais la Mayenne a rapidement été débordée par le flux continu de réfugiés belges et français. L'Ille-et-Vilaine est le département un peu plus à l'ouest et Redon n'est pas très éloignée de la Mayenne, à peine 120km de Laval. Il est d'ailleurs fort probable que la famille de ma mère y arriva après l'armée allemande. Ainsi, Redon a d'emblée été instituée pour moi comme ville-refuge. Il est vrai que, quand on est enfant, on croit que tout est depuis toujours en place et l'on ne se pose pas la question de pourquoi Redon, ni d'ailleurs de la fragilité de la vie. Ce que l'on a appris, c'est qu'à la fin de l'histoire, les gentils ont eu la victoire, que la Milice traitresse avait été punie. On vit, enfant, beaucoup dans le récit parental et par là, dans un réel dissimulé. Les plus chanceux, sur un divan ou un fauteuil, tentent, parfois pendant des années, de reconstituer ce qui s'est vraiment joué et qui, longtemps, s'est paré des atours d'une vérité mystérieuse.

Mais, à Redon, tout cela semble oublié en cet après-midi d'été, lendemain de la Fête nationale qui, malgré tout, demeure une manifestation joyeuse. Les jeunes, vêtus de shorts et de débardeurs, ont communié dans la ferveur du drapeau tricolore, sans doute, pour certains, parce que cela ressemblait au football. Dans une société dominée par l'émotion, tout est bon pour nourrir l'émotion généralisée : la commémoration d'une révolution ou la célébration de la Coupe du monde de Football. L'essentiel est que la population vibre à la magie du même accord. Je ne porte là-dessus aucun jugement et surtout aucun jugement définitif. D'ailleurs, d'ordinaire, je me les interdis. La société aussi a ses manies, qu'il n'est pas toujours nécessaire de nommer et dont, parfois, il est préférable de ne pas même parler.

Mais il est tard, je ne vais pas aller au bal des pompiers de Redon... Au dodo ! Je vais m'endormir dans le bruit des pas, en bas, sur le trottoir, le même bruit qui m'endort dans toutes les villes que je traverse.












23 août







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