J'aime tellement Lesconil, ou, comme on dit désormais, Plobannalec-Lesconil, que je pourrais y rester à demeure. Je loge toujours au même endroit, dans un hôtel un peu ancien qui me réserve une chambre sous les toits. Il y fait parfois un peu chaud l'été mais on y entend mieux la pluie. Malgré sa modestie, je considère cependant Lesconil comme un haut lieu de la magie occidentale. Je pense bien sûr à l'allée couverte où logent les véritables habitants de Lesconil, les morts très anciens dont les os sont dissous dans le sol acide de la Bretagne. J'ai assisté un soir à une scène troublante. Une vieille femme est venue jusqu'à l'allée couverte avec une fleur, qu'elle a déposée à proximité immédiate de la première roche dans la confidentialité de l'été. J'ai vu ensuite qu'elle était la première d'une procession rituelle qui célébrait je ne sais quelles fêtes ancestrales. Tout, dans ce pays de vieille culture, évoque la magie et en premier lieu les rochers Goudoul que l'on croirait taillés par quelque fantasmagorie donnant toute sa place à l'imagination. Même la plage des Sables blancs n'échappe pas à l'émoi possible, parfois, surtout quand le ciel devient noir avec l'orage et forme un contraste saisissant. Je ne sais s'il y a d'autres touristes que moi qui ont pour motivation secrète d'apprendre les mystères de Lesconil, mais je sais que, chaque fois que je viens, j'emporte avec moi une bouteille d'eau de mer que je prends avec moi et que je ne finis pas avant d'être certain de pouvoir revenir en chercher.
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