Le calme de la maison
est propice au sommeil et le soir, dans la chaleur sèche,
rafraîchie parfois par l'humeur de la mer proche, les bruits se mêlent et
je m'endors d'un sommeil entièrement silencieux.
Et pourtant,
de la mer, je
ne me rappelle
rien qu'un peu de couleur bleue et l'affinité de la couleur
avec l'ombre, comme l'écrit Schopenhauer. Je me rappelle mieux
les chemins que la mer. Je me souviens aussi de la plage et des
jeux de la plage au milieu des familles prises par
les vacances comme des otages.
Il y a les couleurs criardes des tentes où les enfants se pressent pour
se désaltérer de boissons sucrées qui attisent leur soif et leur soif est immense.
Rimbaud y aurait vu des poteaux de couleurs. Plus haut, vers la
corniche, veillent les villas cossues qui sont des villas de rêve avec parfois un peu de fantaisie.
On pense quelquefois
que les rêves de la bourgeoisie sont les rêves de la société toute entière.
Ce n'est qu'à moitié vrai et plus d'un touriste du camping rêve à autre
chose que de posséder l'une de ces meringues.
J'ai repris mon écriture obsessionnelle, mais le protocole, comme
toujours au mitan de l'été, donne des signes de faiblesse.
Ce travail est étrange, ambigu, et, après
toutes ces années, je n'en perçois toujours pas clairement le sens. Chaque année fonctionne
comme un fil de mailles et j'ajoute un rang de mailles, avec des motifs
et des laines de couleurs différentes, un point à l'endroit,
un point à
l'envers. Et parfois, cela ne donne rien.
Je
suis un pauvre écrivain condamné à ne jamais changer de genre
d'écriture.
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