Diégèse Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
vendredi 22 avril 2022



2022
ce travail est commencé depuis 8148 jours (22 x 3 x 7 x 97 jours) et son auteur est en vie depuis 22601 jours (97 x 233 jours)
ce qui représente 36,0515% de la vie de l'auteur mille cent soixante-quatre semaines d'écriture
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L'atelier du texte demain
table des correspondances




dans 1008 jours (24 x 32 x 7 jours), soit 144 semaines, ce sera le vendredi 24 janvier 2025
et l'auteur sera peut-être en vie depuis 23609 jours (23609 est un nombre premier)
carnet de voyage de 2025
de Douarnenez à Audierne via la chapelle Saint-They















J'apprends que Mallarmé gardait le plus mauvais souvenir de Douarnenez, qu'il trouvait la ville juste assez bonne pour les peintres et qu'il partit furieux qu'on ne le laissât pas dormir dans un phare pour écrire un roman cabalistique. Mallarmé était assez injuste même si je peux comprendre qu'on puisse être frustré de ne pouvoir dormir dans un phare, surtout quand on pense que c'est la seule issue pour écrire un roman. Mallarmé avait cependant raison de venir en Bretagne et particulièrement dans le Finistère pour suivre cette veine ésotérique qui a fait florès dans les arts au tournant du 20e siècle. Tout ici appelle au mysticisme, tout résonne de ce combat paradoxal de la mer contre les hommes qui les ravit à leur famille et qui pourtant les nourrit. Nos vies sont construites sur cette tension. Il suffit ensuite d'observer comment chacun conduit avec la vie et contre la vie une guerre incertaine loin des illusions individuelles et sociales, qui, pour être réelles n'en sont pas moins illusoires. Et c'est peut-être cela, la mystique.

Toute cette pointe du Finistère-sud, la plus occidentale, est emplie de chapelles, de pardons, de fontaines de dévotion. J'aime particulièrement l'élégante chapelle Saint-They postée dans son enclos. On la croirait inventée pour un cours de perspective. Il faut d'ailleurs préférer cette chapelle à la statue monumentale de Notre-Dame-des-Trépassés, moins propice à la rêverie et à la méditation. Elle donne des impressions plus fortes. Il faisait froid tout à l'heure dans l'enclos de la chapelle alors que j'attendais le bénévole qui devait en ouvrir la porte mais je n'avais pas froid malgré la saison, entièrement dédié à l'instant présent alors que le soleil prenait des reflets d'ambre jaune. Une fois entré j'ai pu tout à loisir considérer les statues des saints et assez tendrement celle de saint Roch qui exhibe sa plaie à la jambe en soulevant sa tunique. Il faudrait étudier pourquoi et comment le saint montpelliérain mort en Italie a connu en Bretagne une telle ferveur. On le trouve ou presque à chaque calvaire. Je crois qu'il est aussi touchant parce que c'est l'image d'un homme, juste l'image d'un homme qui souffre et qui guérit. Ces statues sont des personnages incarnés et la statue de saint Roch est particulièrement incarnée, blessée, témoignant indifféremment de la souffrance et de la guérison.

Dans ces parcours à vélo, pendant tous ces jours de voyage, parfois, c'est la fatigue qui gagne. Parfois non. Dans cette chapelle, la fatigue qui fait fermer les yeux n'a pas gagné. Elle m'attendait cependant le soir à Audierne, processus mystérieux. C'est ainsi depuis le départ de Paris. Elle rôde autour des mots et ces longs temps de silence sur le vélo la tiennent à distance. J'ai plusieurs fois essayé, le soir, de la maintenir à distance comme je la maintiens à distance pendant la journée, mais à chaque fois sans succès. Les embruns bretons doivent être somnifères avec effet-retard. Ou alors, peut-être qu'écrire m'endort.










22 avril







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