Diégèse | Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam | ||||||||
dimanche 25 décembre 2022 | 2022 | ||||||||
ce travail est commencé depuis 8395 jours (5 x 23 x 73 jours) | et son auteur est en vie depuis 22848 jours (26 x 3 x 7 x 17 jours) | ||||||||
ce qui représente 36,7428% de la vie de l'auteur | trois mille deux cent soixante-quatre semaines de vie | ||||||||
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table des correspondances | |||||||||
dans
3305 jours (5 x 661
jours), ce sera le lundi 12
janvier 2032 |
et l'auteur sera peut-être en vie depuis 26153 jours (nombre premier). | ||||||||
le tour des sous-préfectures : Nogent-le-Rotrou - Eure-et-Loir - Centre-Val de Loire | |||||||||
Je commencerai
cette année nouvelle de 2032 par deux remarques qui n'intéresseront que
moi. La première est que les bureaux de la sous-préfecture de
Nogent-le-Rotrou sont les bureaux les plus modestes de toutes les
sous-préfectures que j'ai pu visiter jusqu'à présent. La seconde, c'est
que c'est la troisième sous-préfecture que je visite d'une ville nommée
Nogent. S'agissant de la première remarque, il faut se
souvenir que dans les années 2010, et même avant, qui étaient les
années
de l'aménagement du territoire par les métropoles, la mode n'était plus
du tout aux sous-préfectures d'arrondissement, échelon administratif
dont on disait
qu'il allait disparaître. Puis, dans les années 2020, la doctrine a
changé. Les métropoles toutes puissantes n'étaient plus au goût du jour
dans un contexte de post-pandémie, de récession économique et de
réchauffement climatique. Ainsi, non seulement, on n'a pas fermé les
sous-préfectures, mais on a vu rouvrir des sous-préfectures
précédemment fermées. C'est ainsi que Château-Gontier, Clamecy,
Montdidier, Nantua et Rochechouart sont revenues sur la carte. Je me
souviens que j'aurais alors beaucoup aimé devenir le nouveau
sous-préfet
de l'une d'elles, par exemple à Clamecy.Je n'avais évidemment pas
postulé et, en tout cas, il était sans
doute préférable de nommer des agents rompus à la chose
sous-préfectorale.
On a même à l'époque créé une nouvelle sous-préfecture en Guyane, à
Saint-Georges de l'Oyapock. Je pense que la sous-préfecture de
Nogent-le-Rotrou pouvait être menacée avant ce retour en grâce de
l'arrondissement. Je n'ai pas vérifié. S'agissant de la seconde remarque, il faudrait demander à une ou à un géographe si la supposition que je vais énoncer est juste. Le toponyme « Nogent » signifie « nouveau village ». On trouve ainsi plus de dix-huit communes se nommant « Nogent » en France, sans compter Saint-Cloud, près de Paris, qui se nommait précédemment aussi Nogent. Dans cette liste, on compte trois sous-préfectures et celle-ci est la troisième. Je vais donc risquer une supposition : si l'on créait en Gaule un « nouveau village », c'est qu'il y avait la place pour le créer, du passage, des richesses. Ainsi, ces « Nogent » participaient avant l'heure de l'aménagement du territoire. Dessinant sur la carte les arrondissements, les officiers de Napoléon préparant la loi du 28 pluviôse an VIII, soit le 17 février 1800, sont, par deux fois tombés sur des villes nouvelles, trois fois peut-être si Nogent-sur-Marne était déjà sous-préfecture avant la création en 1968 du département du Val-de-Marne. Il y a souvent beaucoup de mépris pour les sous-préfectures, même chez les habitants des préfectures les plus reculées. Ce mépris est augmenté s'agissant de Nogent-le-Rotrou, sans doute parce qu'on y entend « trou », ignorant d'une part, qu'il s'agit du nom de la famille comtale du Perche et, d'autre part, que « Rotrou » ne vient pas de « trou », mais du mot d'origine germanique « hrodtrud », composé de « hrod » qui signifie la gloire et de « trud », qui signifie la fidélité, dont on retrouve la racine dans le mot anglais « truth ». Voilà de quoi considérer autrement cette jolie petite sous-préfecture du Perche, aisément accessible en train express régional. Cette ascendance aristocratique explique aussi pourquoi la jeune République avait débaptisé la ville pour la nommer Nogent-le-Républicain, mais la nouvelle appellation n'avait jamais réussi à supplanter l'ancienne. Je suis donc à Nogent-le Rotrou en ce début d'année, continuant cette sorte de voyage initiatique absurde entrepris il y a un an. Le pays se remet de fêtes un peu moroses. Comme il y a dix ans, on parle de possibles coupures d'électricité et de la suppression temporaire de tout éclairage nocturne. Le déplacement des véhicules électriques est rationné après que l'on a calculé la croissance exponentielle de la consommation énergétique de ceux-ci. Il est des périodes où l'on se dit qu'être vieux, c'est au moins avoir l'assurance de ne pas voir la situation se dégrader davantage pendant très longtemps et surtout de ne pas être appelé à tenter de la rétablir. Il faut savoir s'éloigner parfois encore davantage. Il est aussi possible de pleurer. Cela peut apporter un peu de consolation. Je loge à Nogent dans une maison au fond d'une impasse d'un quartier pavillonnaire à l'est de la ville. Je suis donc dans la banlieue de Nogent-le-Rotrou, ce qui est en soi conceptuel, mais j'y perçois mieux la vie des habitants que si j'étais en centre-ville. C'est l'hiver, il y a le froid et la pluie, la maison, régulièrement louée à des médecins de passage, n'est pas très loin de l'hôpital et l'on doit donc me prendre pour un médecin à la retraite, ce que je ne déments pas. Je dois reconnaître qu'à mesure que j'avance en âge, je me transforme en fiction ambulante, mais cette fiction est polysémique. Je sais que, dès l'enfance, la frontière est floue entre réalité et fiction et au fil du temps, elle ne cesse de s'estomper. Il revient au cinéaste et à l'écrivain de le montrer. Je pense parfois, d'ailleurs, que j'aurais aimé faire du cinéma. J'aurais surtout voulu filmer l'absence. Certes, il y a beaucoup de films à voir avant d'en ajouter un autre, à commencer par ceux de Marguerite Duras. Peut-être aurais-je pu filmer autrement, avoir un autre point de vue, un autre univers. Peu importe, ces films ne seront pas faits et peuvent très bien ne pas exister. C'est beaucoup plus facile. Je vais aller dîner en ville. |
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s'éloigner parfois | pleurer | consolation | |||||||
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Napoléon | un voyage initiatique | mépris | la République | impasse | centre-ville | Je dois reconnaître | frontière est floue | dès l'enfance | cinéaste |
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