Diégèse					Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
jeudi 29 décembre 2022									2022
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le tour des sous-préfectures : Le Havre - Seine-Maritime - Normandie
J'enquêterai plus tard, peut-être, afin de savoir pourquoi la sous-préfecture du Havre n'a pas été installée dans un de ces immeubles du centre-ville de l'architecte Perret, désormais inscrit au patrimoine mondial de l'humanité, comme l'ont été l'Hôtel-de-Ville et l'église Saint-Joseph. Je vérifierai aussi que l'inscription comprend bien la Maison de la Culture dénommée Le Volcan, dessinée par Oscar Niemeyer, que l'on connaît aussi pour être l'architecte de l'immeuble du Parti communiste français à Paris ou encore celui du journal l'Humanité à Saint-Denis, dont j'ai déjà parlé ici. Il y avait alors une forme de redondance touchante à vouloir une architecture révolutionnaire comme symbole du parti qui prônait la révolution du prolétariat. De toute façon, à peine mes bagages posés, je n'avais de cesse que de rejoindre le musée André Malraux, en front de mer, encore appelé MuMa, qui est en France, un des musées que je préfère, qui me donne beaucoup de joie. Il n'a été construit ni par Niemeyer, ni par Perret et on osera dire que cela se voit. Peu importe, la flânerie muséale est celle qui nourrit le mieux mon imaginaire. Même une promenade au bord du lac de Côme, qui a pourtant de puissantes vertus, ne sait égaler la fréquentation des œuvres. Seule, peut-être, la promenade de Venise peut faire concurrence, mais c'est parce qu'elle conduit toujours ou presque dans un musée. Je suis toujours heureux de me rendre au Havre, car, je sais que je vais pouvoir aller au musée et j'aurais été bien triste si je n'avais pu y retourner encore. Il paraît que le MuMa est le deuxième musée de l'impressionnisme en France. Je vais avouer que j'ai peu de goût pour l'impressionnisme, que je n'en ai jamais eu et même que cela me fatigue. J'y ai toujours vu une invention sociale et la première incursion de la publicité dans l'art. Cela est évidemment injuste et même outrancier. Peu importe. Je ne suis pas en train d'écrire un article ou un livre sur l'art et les musées, mais seulement des notes de voyage. Mais quand même, vouloir peindre des impressions, voilà bien un projet voué à l'échec. En effet, ce que l'on attend d'un peintre, ce ne sont pas les impressions du peintre, mais que sa peinture nous fasse impression. Or, cela, on l'attend quelle que soit la facture et le style. Face à un tableau impressionniste, j'ai toujours l'impression qu'il y a une étiquette qui me dit : attention ! Impression ! Cela me fait évidemment tourner les talons. Et d'ailleurs la plupart du temps, on ne peut accéder aux œuvres qu'en piétinant quelques olibrius à selfies. Donc, dans ce musée, ce qui m'intéresse, c'est ce qui précède les impressionnistes et leurs disciples. Mes tableaux préférés sont ainsi souvent d'Eugène Boudin, bien présent dans les collections du MuMa. Pas tous, et surtout pas quand ils augurent de l'impressionnisme. Boudin aimait à peindre les vaches et il est intéressant, par exemple, de regarder comment sa peinture des vaches se modifie au fil du temps. La conclusion est implacable. Ce vers quoi tend Boudin, sa tentation, ce n'est pas tant l'impressionnisme que l'abstraction. Je ne connais pas de portrait peint par Boudin. Ce n'est pas son genre de prédilection. On en catalogue bien un ou deux, pas très bons et sans doute de jeunesse. C'est dommage. S'il avait persisté, on aurait peut-être pu vérifier ou non ce que j'avance. C'est souvent plus visible dans les portraits. Malheureusement, il y avait peu de Boudin dans les salles aujourd'hui lors de ma visite, et seulement, bien sûr, pour montrer comment sa peinture résonne avec celles des Impressionnistes. C'est qu'il faut faire du chiffre plus que jamais et les touristes ne viennent pas pour Boudin. Mais, je me trompe peut-être et je peux les avoir manqués. Heureusement que ce que je viens d'écrire ne sera jamais public, car, je devrais alors le reprendre entièrement sous peine de finir au pilori. Depuis la généralisation de la culture dite de L'Annulation, toute mise au ban, serait-ce parce qu'on n'aime pas les impressionnistes, peut connaître d'innombrables répliques qui peuvent emporter quiconque a connu un jour un peu de notoriété, même confidentielle, ce qui, j'y consens, est un oxymore. D'ailleurs, que l'on soit connu ou non, c'est à peu près la même chose et on a toujours vu des familles bannir un de leurs membres pour une affaire de goût. J'ai beaucoup de tendresse pour Le Havre la martyre. Certes, les villes côtières partent dans mon palmarès avec un avantage. Je pourrais d'ailleurs peut-être leur réserver désormais mes escapades. Il n'y a pas beaucoup de sous-préfectures côtières et la Seine-Maritime a la chance avec Dieppe et Le Havre d'en avoir deux. Je reviendrai bientôt ici voir la ville dans sa splendeur d'été. C'est le soir. Je regarde la mer. Je ferai plus tard le décompte des sous-préfectures côtières.
L'auteur ne répond en rien des divagations du narrateur.
29 décembre
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