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L'écriture
du projet de l'école pour les cinq ans à venir progresse lentement.
Comment faire admettre aux instances d'évaluation qu'une école d'art
n'est pas faite pour contraindre mais pour éclairer, que le projet n'est pas disjoint des lieux, qu'il ne s'agit pas ici de produire du chercheur à la triste mine ? Comment faire admettre que la capacité d'interpréter est profondément liée aux libertés,
individuelles et collectives
qui sont ici promues dans une pratique d'émancipation ? J'ai
remarqué l'air effaré de l'équipe d'évaluation perdue dans le
foisonnement des ateliers, se
demandant si un jour, ils pourraient s'y retrouver. Certes, tout n'est pas parfait ici et l'on ne peut ignorer que pour certains, enseigner est une sorte de profession qui porte l'ennui. Mais il s'agit d'une minorité et le manque de sérieux des équipes enseignantes, parfois allégué, est une idée reçue, qui, malheureusement, s'impose
dans certains cercles du pouvoir. Il faut impérativement pour l'avenir
de notre société que ces écoles demeurent des lieux où l'on peut faire toutes sortes de rencontres, dans tant de langues. Même si le lapsus semble de règle, parfois, il n'en est pas moins créatif.
Alors, je suis dans une réunion plus que je n'y participe. Mon regard s'évade et mon esprit aussi. Je me souviens du jour où je suis arrivé ici, par ce chemin qui semble réservé aux promeneurs, il
y a longtemps, dans une lumière éblouissante, si éblouissante que je me suis aveuglé. Je voulais alors faire croire qu'il pouvait arriver quelque chose.
Aujourd'hui, si je le pouvais, je serais ailleurs. Je vais m'arrêter et marquer une pause.
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