Diégèse					Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
mardi 19 juillet 2022									2022
ce travail est commencé depuis 8236 jours (22 x 29 x 71 jours)					et son auteur est en vie depuis 22689 jours (32 x 2521 jours)
ce qui représente 36,2995% de la vie de l'auteur
hier					L'atelier du texte				demain
table des correspondances
dans 1780 jours (22 x 5 x 89 jours), ce sera le jeudi 3 juin 2027					et l'auteur sera peut-être en vie depuis 24469 jours (24469 est un nombre premier)
carnet de voyage de 2027 du Croisic à Paris-Montparnasse					départ à 10h47, arrivée à 14h08 séjour à Paris jusqu'au 7 juin 2027
Je voulais être de retour à Paris pour mon anniversaire. J'en repartirai le lendemain pour Bordeaux. Je suis arrivé un peu tard pour déjeuner dans ce restaurant que j'affectionnais il y a une petite vingtaine d'années, qui est toujours là, et qui maintient vaille que vaille une tradition de service « à la française ». J'ai engrangé de nouveaux souvenirs de la côte sauvage, fabriqués, comme les précédents, avec un peu de vert et de sable mêlés. Ce séjour de repos au Croisic a été bénéfique. J'ai eu beaucoup de soleil. Je m'y suis obligé à suivre une cure, très reposante. Je le mesure à la quasi allégresse avec laquelle j'ai abordé les marches des couloirs sans fin de la station de métro Montparnasse, ceux qui font que de toutes les gares parisiennes, elle est celle que j'aime le moins. Il faut que je reste sur cette lancée d'une meilleure santé physique. C'est de plus en plus indispensable à mesure que j'avance en âge, si je veux pouvoir continuer à me balader comme je le fais depuis plusieurs années. Pour autant, je ne suis pas sûr que j'aurais du mal à adopter bientôt un mode de vie plus sédentaire et j'ai déjà des idées pour l'année prochaine après ce long périple en train. Tout aussi bien pourrais-je recommencer le tour de France parcouru il y a deux ans, en fourgon aménagé, en modifiant un peu les étapes pour rester plusieurs jours au même endroit au lieu de bouger chaque matin. Peut-être irai-je en Grèce et en Turquie en quête de mythologies orientales nouvelles et d'un exercice de mémoire. Il y a un lieu sur le Bosphore où je voudrais séjourner plusieurs jours sinon plusieurs semaines pour y écrire un faux roman autobiographique dans lequel je me donnerais un rôle que je n'ai pas eu dans certaines affaires du monde de la fin du vingtième siècle ou que je suis supposé ne pas avoir eu. On verra dans six mois ce qu'il en sera. En tout cas, ce que je ferai sera lié à l'écriture et je n'ai pas vraiment besoin de voyager pour cela. Je sais depuis longtemps que n'importe quelle rue, accolée à une phrase, à n'importe quelle phrase, suffit à déclencher une fiction potentielle et c'est pourquoi je pense parfois à rejoindre l'OuLiPo. Pouvoir écrire, c'est pouvoir demeurer longtemps dans une sidération première. J'ai fait livrer mes bagages et je peux tranquillement traverser Paris à Pied. Ici et là, je peux voir les traces des troubles et des événements politiques du printemps. Les élections récentes ne répondent en rien ou presque aux aspirations du peuple et améliorer pour le plus grand nombre les conditions de vie semble être une mission impossible. La situation est grave et pour autant familière. Les gouvernants se succèdent et parviennent directement à la fin de leur état de grâce le soir-même des élections sans avoir le temps de célébrer leur victoire. Le tout-venant parade sur des écrans que personne ou presque ne regarde. La vigueur démocratique s'amenuise dangereusement et avec elle la capacité que se donne la société de former des sujets émancipés. Jamais l'abrutissement collectif n'aura été si fort. Si la France est fatiguée, il s'agit bien d'une fatigue intense.
19 juillet
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