Diégèse Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
mardi 7 juin 2022



2022
ce travail est commencé depuis 8194 jours (2 x 17 x 241 jours) et son auteur est en vie depuis 22647 jours (3 x 7549 jours)
ce qui représente 36,1814% de la vie de l'auteur
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dans 1382 jours (2 x 691 jours), ce sera le vendredi 20 mars 2026
et l'auteur sera peut-être en vie depuis 24029 jours (24029 est un nombre premier)
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des Sablettes, La Seyne-sur-Mer à Giens















Depuis toujours je m'intéresse au souvenir en tant récit, mais, malgré tous les efforts que je fais pour comprendre la mécanique du souvenir, je crois que je n'en saurai rien et je reste sans idée ou presque. Ce que je voudrais comprendre, c'est pourquoi, parmi toutes les scènes insignifiantes de l'existence, quelques-unes demeurent et atteignent le rang de souvenir. Parfois, juste avant le sommeil, je crois percevoir un peu, quand je suis à ce moment de l'endormissement où tous les récits concurrents se mélangent. Et parfois je note ce qui me vient alors. Une nuit, j'ai écrit cette phrase qui, le matin au réveil, m'a semblé très étrange bien qu'elle me plût beaucoup : « La réalité obéit à l'ordre de la fiction ». Elle dit, ou semble dire, que nous n'avons accès au réel, en tant que « ce qui est indépendamment de ce que nous sommes », que par les fictions que nous fabriquons en permanence et que nous nommons « la réalité », ce qui nous permet de nous incorporer, en tant que « soi » dans « ce qui est ». Le « moi » serait ainsi une sorte de « soi avec du souvenir incorporé », une sorte de « métarécit hypertextuel ». Cette forme de pensée n'est pas nouvelle ; elle a été beaucoup mieux transcrite par Bergson, évidemment, qui donnait à l'art le rôle d'outil pour échapper à notre métarécit afin d'atteindre directement, sans médiation, le réel. Mais, je sais qu'il s'agit là d'une interprétation assez personnelle du Rire. Je la garde, car, elle me convient. Elle détruit la clôture de notre existence misérable comme récit, elle bouscule le cours des choses, donne du prix aux sentiments et à nos engouements imprévisibles.

Je dors ce soir à Giens dans cet hôtel que je connais bien et où je suis venu souvent il y a une dizaine d'années. La terrasse de l'hôtel Le Provençal offre un point de vue magnifique, et les petits-déjeuners que l'on y prend ressemblent à ces scènes des films où tout est calculé pour que l'on se souvienne, ces scènes qui apparaissent souvent dans la bande-annonce du film. Je me souviens de matins ensoleillés quand des stars de la mode venues pour le festival de la Villa Noailles s'installaient à table avec arrogance, comme suivies par des caméras qui, pour autant, n'étaient pas présentes. Avant d'arriver sur la presqu'île, je me suis arrêté sur le parking de la route que l'on appelle la Route du sel. J'aime beaucoup ce filet de bitume un peu ensablé entre les marais et la mer qui, au mois de mars, n'est pas encore ouvert à la circulation automobile. J'ai marché un peu dans l'eau, jusqu'aux genoux, pas plus loin. La semaine prochaine, je serai à Nice je crois, et l'eau y est plus chaude. Mais, j'ai perdu tout espoir de parvenir à me baigner sans grande difficulté. Je suis devenu trop frileux. Et puis, quand je suis un peu déprimé, s'enfoncer progressivement dans l'eau me semble une métaphore sombre de la vie.










7 juin






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