Diégèse					Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
vendredi 10 juin 2022									2022
ce travail est commencé depuis 8197 jours (7 x 1171 jours)					et son auteur est en vie depuis 22650 jours (2 x 3 x 52 x 151 jours)
ce qui représente 36,1898% de la vie de l'auteur					mille cent soixante-et-onze semaines d'écriture
hier					L'atelier du texte				demain
table des correspondances
dans 1411 jours (17 x 83 jours), ce sera le mardi 21 avril 2026					et l'auteur sera peut-être en vie depuis 24061 jours (24061 est un nombre premier)
carnet de voyage de 2026 de Freyming-Merlebach à Otzwiller
Je me souviens avoir lu, information cruciale, que la bande de centralité de l'éclipse solaire totale d'août 1999 avait quitté le territoire français à Freyming-Merlebach, sans doute par de petites routes, et, depuis, j'ai gardé en mémoire le nom de la ville qui prend place dans mon imaginaire aux côtés de ceux qui apparaissent dans la littérature ou le cinéma. Je ne saurai les citer tous, bien sûr. Il y a certainement le Göttingen de la douce chanson de Barbara et je m'étais un temps promis, une fois où j'irais à Kassel, de tenter de retrouver Herman, Peter, Helga ou Hans, qui doivent, s'ils sont en vie, être encore de plus vieilles personnes que moi. Ils étaient des jeunes gens en 1964, mais il n'est pas impossible d'en trouver encore. En tout cas, il faudra que je puisse aller un jour marcher dans Barbara Straße, cette rue qui porte désormais le nom de la chanteuse poétesse. Il y a bien sûr Aden, qui ouvre les portes imaginaires de l'Arabie avec Paul Nizan. Mais cette porte est fermée depuis si longtemps maintenant que je perds espoir d'y aller un jour. Je peux me consoler en prenant un avion pour New-York et entendre résonner la voix de Liza Minelli tout en prenant un café trop long et trop chaud avec Woody Allen. Ou bien, forcer le destin et aller à Aden. Après tout, ce sera mieux que de vivre ma vieillesse dans la cachette et l'égrènement des jours. Je reprends la phrase du début de ce texte, le plus précisément possible. Quelle drôle de phrase ! La bande de centralité ou bien encore « cône d'ombre » n'existe que par la perception qu'on en a. « Quitter le territoire français » est une autre abstraction liée à des modélisations virtuelles telles que l'on pouvait et qu'on peut encore en voir sur les sites spécialisés. Quant à l'éclipse elle-même, c'est aussi une abstraction, de fait et c'est d'ailleurs pourquoi l'éclipse temporaire de soleil ou de lune, bien que passionnante, intéresse peu les spécialistes scientifiques des astres. Ma première phrase est donc de la littérature abstraite qui s'inscrit dans une théorie critique de la perception. Je ne peux que m'en amuser. Mais revenons sur l'éclipse. Elle est pour moi depuis des années la démonstration éclatante de la force de l'imaginaire et de la confiance aveugle que l'espèce humaine a pour son imaginaire, même quand il est triste et tourmenté. On explique la civilisation humaine par la nécessité dans laquelle était un animal peu performant face à ses prédateurs de se nourrir, se reproduire et survivre. Mais, tout ce travail de l'humanité dont on fait grand cas ne serait rien sans la capacité de rêver. Aucune leçon venue de ce qu'il est convenu de nommer la réalité ne parvient à corriger les constructions imaginaires de l'imaginaire, qui, de fait, entre par voie de conséquence souvent en conflit avec la raison dans une forme de contradiction aiguisée. Examinons la notion d'infini. Dans notre imaginaire, quelles que soient les études scientifiques que nous ayons faites, le ciel est infini. Il n'y a rien à faire à cela. C'est son sort. C'est aussi pour cela que ce qui s'oppose à l'infini, ce n'est pas le fini mais la fin et qu'il n'y a pas de place dans notre imaginaire pour la fin. Avant de quitter Freyming-Merlebach, je m'arrête sur une colline. J'imagine des cohortes d'enfants avec des lunettes protectrices attendant l'éclipse avant qu'elle rejoigne Göttingen. J'imagine leur déception. Il y avait ce jour-là des nuages dans le ciel de Freyming-Merlebach. Ce serait une éclipse. It would be. It would be so nice.
10 juin
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