Diégèse Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
vendredi 20 mai 2022



2022
ce travail est commencé depuis 8176 jours (24 x 7 x 73 jours) et son auteur est en vie depuis 22629 jours (3 x 19 x 397 jours)
ce qui représente 36,1306% de la vie de l'auteur mille cent soixante-huit semaines d'écriture
hier


L'atelier du texte demain
table des correspondances




dans 1244 jours (22 x 311 jours), ce sera le mercredi 15 octobre 2025
et l'auteur sera peut-être en vie depuis 23873 jours (23873 est un nombre premier)
carnet de voyage de 2025
de Signy-l'Abbaye à Guise via Vervins















Ce sont les étapes où je reviens aux sources de la prime enfance. Demain, je traverserai même la ville de ma naissance. Ce passé, désormais très ancien à l'aune d'une vie humaine, revient souvent sans crier gare dans ces paysages qui me paraissent tout aussi tristes qu'ils me paraissaient il y a une soixantaine d'années. Mon imagination parvient même à reconstituer des parfums oubliés. Mais, je sais que c'est pleinement imaginaire, surtout que je suis de nouveau anosmique. Parfois, ces images enfouies reviennent comme si elles étaient recouvertes d'une résille qui les dissimuleraient en partie tout en les protégeant de l'érosion du temps. Cela provoque évidemment de curieuses sensations, comme si elles voulaient évoquer les premiers éveils à la sensibilité, peut-être même à la sensualité. Ces images étaient dissimulées pour des raisons restées aussi mystérieuses que les voies du souvenir. De quoi se souviendront donc les enfants que je croise dans la cour du Familistère de Guise, les yeux rivés sur de petits écrans ? Le temps le dira. C'est en tout cas insoupçonnable. En tout cas, ce Familistère imposant, qui était bien délabré dans les années 1960 et qui a été magnifiquement restauré, est une sorte de charnière dans la constitution de mon imaginaire et peut-être même de mon imaginaire politique. Je serai toujours plus fouriériste que marxiste. Le lieu est spectaculaire et pendant ma visite, j'ai croisé une équipe de tournage qui venait, m'a-t-on dit, du Kazakhstan. La fièvre audiovisuelle a aussi ses secrets impénétrables. Dans le musée qui a été installé, l'exposition de ces pauvres vies ouvrières, parmi lesquelles je dois bien avoir un ancêtre ou deux, pourrait presque me faire pleurer d'émotion. Quels étaient leurs rêves et leurs amours ? Je m'arrête devant un des portraits d'ouvriers : un homme aux yeux clairs. Quelles guerres a-t-il pu faire. Me vient l'idée d'interrompre le voyage pour faire des recherches généalogiques et de ne pas partir avant de savoir tout ce qu'il est concevable de savoir, puis d'imaginer le reste. Pourquoi lui ? Je n'en sais rien, si ce n'est que je crois percevoir derrière les yeux clairs une part de ténèbres qui m'intrigue. J'ai pensé à ce regard à la force surprenante toute la soirée. On peut parfois lire toute une vie dans un seul regard capté par un appareil photographique. C'est comme si, à ce moment du cliché photographique, son regard percevait avec étonnement son propre avenir, toutes ses joies et peines et ce jusqu'à sa mort. À cet instant précis, il pourrait prédire la suite de sa vie. Ce regard me tient éveillé et je suis sûr que quand je m'endormirai, depuis longtemps déjà, Guise dormira à poings fermés.

En tout cas, c'est un témoignage et une preuve de l'intérêt de ce musée retraçant une aventure ouvrière et coopérative hors du commun.










20 mai






2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000
2019
2018
2017
2016
2015
2014
2013
2012
2011
2010






2021 2020
15 octobre




2021 2020
2019 2018 2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010
2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000