Je rentre demain tôt
et un peu de campagne me fera le pus grand bien. J'irai écrire et
marcher, marcher puis écrire en reprenant le cours des
heures et l'ordre
du récit. J'espère que les transports ne seront pas en grève.
Ici, à Paris, peu à
peu les jours s'assombrissent. Mais, ce n'est pas
l'automne.
C'est même le printemps. Il y a pourtant cette impression, de
manifestation en manifestation, de bousculade en bousculade, de
répression en répression, que tout le soleil ne
reviendra pas, que c'est
un peu la nuit au beau milieu du jour. Et c'est ainsi tous les
jours ou presque. Une
fois la nuit venue, la vraie, et la foule repartie
avec, à chaque fois, un
peu plus d'humiliation ajoutée à la honte, je me demande pourquoi
persiste, année après année, dans la classe politique, cette incapacité à comprendre
les aspirations du peuple. Au contraire, cette classe considère ces
aspirations, depuis
longtemps, comme des
bizarreries. Après chaque élection, il semble que l'on comprenne encore moins ce qui
se passe dans le corps social, au point que les commentateurs
demeurent prudents sur la survie du régime dit démocratique. Je
ne pourrais pas dire moi-même combien de temps cela
peut durer. D'ailleurs, toutes, les annonces politiques ont presque l'effet inverse
à celui attendu et les manifestations ne faiblissent vraiment pas.
Parfois, quelques
provocateurs cassent ici et là et l'on se dit que tout pourrait
basculer à n'importe
quel moment comme à
une autre époque. La police doit faire rempart pour
que ça ne dégénère pas avec les services d'ordre des organisateurs. Il
y a parfois un peu de suspense
et puis, tout revient dans l'ordre et ceux qui cassent cassent et ceux
qui manifestent respirent du gaz lacrymogène. On laisserait pourtant bien volontiers la
police et les casseurs jouer ensemble ailleurs dans un accord
orgasmique et fantasmatique.
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