Le Monde - publié le 18 août 1961
Rappelons tout d'abord qu'en 1790 la Constituante adopte le projet de Cassini, demeuré célèbre pour sa carte de France. On ne rappellera pas toute les évolutions de la toponymie pour ne souligner que celles qui nourrissent l'imaginaire. Ainsi, comment ne pas regretter le département du Mont-Terrible aspiré par le Haut-Rhin en 1800. Les Corses quant à eux pleurent encore, fort certainement, la disparition conjointe du Golo et du Liamone en 1811. Les départements désignés à leur origine comme « inférieurs », évoqués dans le billet de Pierre Cellard, sont aujourd'hui la Charente-Maritime et la Seine-Maritime, quand la Loire-Inférieure est devenue Loire-Atlantique. Ce changement de nom est effectif dès 1959, alors que les Basses-Pyrénées et les Basses-Alpes devront attendre 1959 pour devenir « Atlantiques » pour le premier et « de Haute-Provence » pour le second.
On regrette enfin que l'Ariège ne s'écrive plus « Arriège » comme en 1790, rendant ainsi hommage au parler rocailleux de l'endroit.
En cadeau, la carte proposée par la commission Sieyès-Thouret, de ce même abbé Sieyès dont les écolières et les écoliers connaissent, parfois sans le savoir, la réglure. Cette carte qui faisait la promotion d'un projet de République décentralisée n'a pas survécu au jacobinisme.