Diégèse | Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam | ||||||||
dimanche 19 février 2023 | 2023 | ||||||||
ce
travail est commencé depuis 8451 jours
(33 x 313 jours) |
et
son
auteur est en vie depuis 22904 jours
(23 x 7 x 409 jours) |
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ce
qui
représente 36,8975% de sa vie |
trois
mille deux-cent-soixante-douze semaines de vie |
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hier | L'atelier du texte | demain |
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table des correspondances / premiers premiers | |||||||||
mercredi 19 février 1969, il y a 54 ans | l'auteur
était alors en vie depuis 3181 jours (nombre premier), il
y a donc 19723 jours (112 x 163 jours) |
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UNE MÈRE
APPAREMMENT INSENSIBLE Le Monde - publié le 19 février 1969 |
Ce que je retiens, ce que cela m'évoque |
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Le Monde reprend l'interview d'une
femme par une station de radio périphérique. Il s'agit de la mère de
deux enfants tués par leur père qui s'est ensuite donné la mort, à
Cestas, près de Bordeaux. |
Il y aurait
une thèse à écrire - encore faudrait-il pouvoir choisir la
discipline - sur le drame
de Cestas qui, en 1969, avait défrayé
la chronique. On en rappellera les éléments principaux. Un homme,
présenté comme simple, sinon déficient mental, se barricade avec ses
deux
enfants qu'il refuse de rendre à leur mère dont il est divorcé.
L'affaire dure une quinzaine de jours au cours desquels un gendarme est
tué. Finalement, la gendarmerie charge avec un blindé, l'homme tue les
enfants avant de se tuer.
Presse, radio et télévision ont couvert l'affaire avec assiduité.
Quelques jours plus tard, lors des obsèques des enfants, la mère entre
dans l'église avec la sœur de son ex-mari, puis doit rechercher la
protection des forces de l'ordre face aux menaces de lynchage des
femmes du village. Le Monde daté du 19 février 1969 consacre plusieurs articles à cette affaire, reprenant aussi des extraits d'éditorialistes d'autres journaux. Ainsi, la Ligue des droits de l'homme veut que toute la lumière soit faite sur les circonstances de l'assaut de la gendarmerie. Des députés posent des questions écrites au gouvernement. Dans Le Figaro, Gilbert Cesbron s'interroge sur la responsabilité des médias avec ce titre : « Et si nous étions tous des assassins ? ». Dans Combat, Philippe Tesson fustige la Justice et la gendarmerie. Lucien Benoit, dans L'Humanité, dénonce un « assaut imbécile ». La CGT de la Gironde dénonce l'ORTF dans « la recherche du sensationnel, de l'exclusif ». Un psychiatre s'interroge sur le fait que l'on n'ait pas fait appel à l'un de ses confrères. L'Union des jeunes pour le progrès, dont on rappellera que c'est le mouvement des jeunes gaullistes, énonce : « On n'a pas le droit, face à la maladie, d'avoir des réactions de guerriers en mal de campagne. » La Nation se demande : « Comment tout cela a-t-il pu arriver ? ». Le billettiste du Monde, Robert Escarpit, évoque « une écœurante boucherie ». Mais, à toutes ces expressions autorisées, on préférera 54 ans plus tard, rappeler la mémoire de ces gens, femme, homme, enfants. Cette femme que le quotidien du soir dénonce comme « apparemment insensible », on la voit ici comme une femme retranchée dans sa douleur, qui n'a plus les mots et certainement pas les mots de celles et de ceux qui commentent et qui la jugent. On remarquera donc que Micheline Berton utilise le verbe « surprendre » dans un autre sens que celui des journalistes, un sens plus proche de celui qu'avait le verbe en français ancien et qui pourrait signifier : « qui trouble l'esprit ». Et puis, il y a ce « y » au lieu de « ils », du parler populaire et enfin « ne sont plus » qui est une litote pour « ils sont morts ». On gagera que c'est dans cette litote que se terre la douleur muette presque, de cette femme. En conclure qu'elle est insensible est une coupable idiotie. |
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19 février | |||||||||
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