Diégèse Les narratrices et les narrateurs
Journal de Hermine en 2007 - 36 jours -
Hermine vit et travaille à Paris dans la Seine.




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lundi premier janvier 2024 lundi premier janvier 2007 Je dois me concentrer sur mon projet. J'ai deux semaines avant le rendu et je sens que je vais encore être « charrette ». Pourtant, je ne peux pas me permettre de perdre ce concours. C'est d'ailleurs sans doute aussi à cause de cela que je vais être... « charrette »

Je pensais qu'en venant passer les fêtes sur l'île de Porquerolles, je travaillerais davantage. En fait, je rêve davantage. C'est tout. Pourtant, l'île est déserte, presque tout est fermé. Je ne crois pas avoir entendu de pétards à minuit la nuit dernière. Ou alors, ils ne m'ont pas réveillée. Aucun risque, je le crains, que je rencontre ici le prince charmant...

Je lis qu'il y a eu des manifestations en Irak à la mémoire de Saddam Hussein. Il n'a pas fallu longtemps pour faire de lui un martyr. À peine deux jours. C'est sans doute cela la science diplomatique des États-Unis.




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jeudi 11 janvier 2024 jeudi 11 janvier 2007 J'ai presque terminé. Je vais relire ce que le graphiste m'a envoyé. Je ne suis pas mécontente. Je pense que dans quelques années je regarderai avec amusement ces plans et ces élévations, mais, aujourd'hui, ils me satisfont à peu-près. En tout cas, ils répondent je crois à la commande.

Je lis dans Le Monde que Nicolas Hulot annoncera prochainement s'il sera candidat à l'élection présidentielle. S'il faut compter sur cet épouvantail pour défendre les idées écologistes, tout cela n'est pas très bien parti. Je ne sens pas ce type. Il me paraît être une simple création médiatique, une sorte de golem, qui fera « pschitt » comme a dit une fois Chirac s'agissant de ses affaires judiciaires.

L'élection qui vient ne promet pas grand chose de bon et j'imagine bien que l'on aura l'actuel ministre de l'Intérieur comme président de la République. Les poids lourds du parti socialiste sont contre la candidature de Ségolène Royal. Ils font semblant de la soutenir et ils la trahiront contre quelque hochet. Ce parti court à sa perte et semble l'ignorer.




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mercredi 17 janvier 2024 mercredi 17 janvier 2007 Je suis évidemment très heureuse. Mon projet est retenu « en finale ». Je ne partirai donc pas à la montagne en février, ce qui ne sera pas un grand sacrifice... Il faut que je prépare le dossier. Nous sommes trois. Être retenue, c'est aussi l'assurance d'être indemnisée pour le concours et c'est vraiment bon à prendre. Je ne sais pas qui sont mes concurrents, mais, je peux imaginer que ce sont de grosses agences avec des batteries de stagiaires. J'ai travaillé dans une de ces agences après l'école. C'est le grand non-dit des écoles d'architecture : les profs s'en servent comme viviers pour alimenter leur agence, dans une sorte de « spoil system » incroyable. Certains sont même réputés pour aimer la chair fraîche et avoir la main baladeuse... Mais ce milieu est tellement endogame et rancunier que la première qui osera dénoncer cela est assurée de ne plus jamais trouver de boulot sur le marché français.

Je lis dans Le Monde que la campagne de Ségolène Royal connaît un trou d'air. Le quotidien aurait aussi pu titrer : « La campagne de Ségo bat de l'aile ». Deux chiffres : 34% des sondés estiment que l'UMP est unie derrière Nicolas Sarkozy quand 28% le pensent s'agissant du Parti socialiste. Je ne sais pas comment 28% des sondés peuvent encore penser que le PS est uni derrière sa candidate... Ils sont tous en embuscade. À part le partage d'éventuels postes ministériels, c'est à peu près leur seule contribution.




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vendredi 19 janvier 2024 vendredi 19 janvier 2007
Pour m'occuper maintenant vingt heures sur vingt-quatre environ, mon projet n'en demeure pas moins bien plus modeste que celui de la couverture du Forum des Halles à Paris, dont on vient de connaître les dix candidats en lice pour la phase finale. Je me garderai bien de faire des pronostics. Parmi les équipes retenues, il y a des mastodontes et de plus petites. Ce que je sais, c'est que je ne voudrais pas être à la place du vainqueur. Quelle qu'elle soit, l'équipe gagnante rencontrera des difficultés qu'elle est aujourd'hui loin de pouvoir supposer. En fait, c'est comme construire une pyramide à l'envers... un espace piétonnier sur un centre commercial sur une station de métro - cinq lignes - sur une gare de R.E.R. - deux lignes, le tout en plein cœur de Paris, en secteur multi sauvegardé à une encablure de l'architecture emblématique de Renzo Piano pour le Centre Pompidou. Je leur souhaite bon courage.

J'ai jusqu'au 31 janvier pour rendre le projet. J'ai dû en reprendre une partie, car j'avais mal interprété une contrainte donnée par le programme. Cela m'a fait perdre un temps considérable et accentué mon stress. Il faut que je me détende. J'irai demain au Centre Pompidou, puis, je prendrai le RER pour aller à La Défense. C'est moins l'architecture des tours que je voudrais voir que celle de la petite chapelle de La Défense, pas très loin du CNIT. L'architecte en est Franck Hammoutène. Il vient de livrer, l'année dernière, l'extension de l'hôtel-de-ville de Marseille. Ce qui m'intéresse dans cette « maison d'église », comme l'évêque de Nanterre a voulu qu'on la nomme, c'est la possibilité de produire une architecture discrète, presque interstitielle au milieu de tours de verre géantes. Et puis, j'ai toujours aimé aller à La Défense. On y trouve une des plus belles lumières de Paris.




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mardi 23 janvier 2024 mardi 23 janvier 2007 Je suis retournée une nouvelle fois dans la petite « maison d'église » de La Défense. Ce n'est pas que je suis soudainement devenue croyante par une sorte de conversion brutale, mais le rapport de proportion entre ce petit objet architectural et les tours qui l'environnent m'intéresse. Hammoutène semble avoir joué avec tous les éléments de vocabulaire du quartier d'affaires en contournant toute tentation de rivalité avec son environnement.

À La Défense, tout est monumental. Même le Calder joue des muscles pour se faire voir. Les écrans ne peuvent être que géants et l'esplanade semble sans fin. Notre-Dame-de-Pentecôte, c'est l'inverse. L'escalier d'accès semble un escalier provisoire. La croix, rouge, est perpendiculaire au fronton qui forme comme une paroi protectrice.

Ce qui est bizarre, c'est qu'elle évoque le pied d'une tour détruite qui aurait été réinvesti par un lieu mémoriel. Inaugurée en janvier 2001, la référence au 11 septembre de la même année est évidemment impossible. Pourtant, maintenant, quand on la voit si modeste entourée de ces tours vouées au capitalisme, on ne peut s'empêcher de penser, justement, au 11 septembre. Je la trouve en fait très réussie et j'espère qu'elle va me porter chance.




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mercredi 31 janvier 2024 mercredi 31 janvier 2007 C'est fait, j'ai remis mon projet avec toutes les pièces complémentaires demandées. J'ai vérifié trois fois ce que je mettais dans l'enveloppe pour être certaine que je n'avais rien oublié.

Bizarrement, ce soir, je ne sais plus rien de ce projet qui a occupé mes jours et bien trop souvent une partie de mes nuits. Si j'essaye de me le rappeler, c'est un grand blanc, un vide, qui serait presque accompagné par un vertige.

Je suis allée moi-même le déposer à la poste. Je me suis empêchée de donner des consignes particulières au préposé, qui m'aurait pris, certainement, pour une folle, mais aussi par crainte de l'indisposer. Je me rends bien compte du caractère absurde de ces appréhensions.

Après la poste, je me suis promenée dans Paris. Pour la première fois depuis plusieurs semaines, depuis le débit de cette année, je n'étais pas pressée. Je suis allée voir la tour Eiffel, que j'ai tenté de regarder comme si j'étais une touriste qui la voyait pour la première fois. C'est toujours un excellent exercice du regard. Puis, je suis allé voir la pyramide de Pei, au Louvre et je lui ai demandé de me porter chance.

Vais-je pouvoir dormir maintenant ?




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mardi 6 février 2024 mardi 6 février 2007 Je n'ai aucune nouvelle du concours, si ce n'est le banal accusé de réception de la poste. Je le garde précieusement. Il tend à prouver que je n'ai pas tout rêvé et que j'ai bien envoyé un recommandé à l'adresse indiquée sur la publication de l'appel d'offres.

Ce n'est pas très étonnant de ne pas avoir de nouvelles à peine une semaine après la date limite de rendu. Je suppose qu'ils ont reçu beaucoup de propositions et qu'il faut maintenant les étudier et les classer.

Je n'ai pas appelé pour avoir des informations. Ce serait un mauvais point. Je dois paraître sûre de moi et si je suis sûre de moi, je dois attendre que l'on m'appelle. En même temps, que je sois ou non sûre de moi à mon bureau n'a strictement aucun effet sur les résultats du concours. Je ferais mieux de continuer à me promener dans Paris. Je vais essayer d'aller voir l'atelier du peintre Ozenfant construit par Le Corbusier. Les deux étaient proches, mais ils ont ensuite été définitivement fâchés. De cette amitié, en quelque sorte, ne demeure que cet maison-atelier qui aura été le premier projet résidentiel du Corbusier, celui-là même dont Amédée Ozenfant avait inventé le pseudonyme désormais immensément célèbre.




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lundi 12 février 2024 lundi 12 février 2007 J'ai fini par appeler et il m'a bien été confirmé que mon dossier était arrivé et avait été enregistré. Je devrais recevoir prochainement un courrier qui vaudra attestation que le dossier est complet et recevable. La personne que j'ai eue au téléphone a ajouté, gâchant mon soulagement : « s'il  est complet et recevable, bien sûr ». Me voilà condamnée à guetter la boîte aux lettres... Cela me promet une belle accélération cardiaque.

Le plus ennuyeux, c'est que je ne peux pas me lancer dans autre chose. J'ai bien tenté de compulser Le Moniteur ou bien encore La Gazette des communes, mais je n'ai pas assez de capacité de concentration, ni surtout d'imagination pour seulement m'arrêter sur quelque annonce que ce soit.

Alors je me promène.

Je pense que je vais aller à Beaubourg. C'est un lieu inspirant. S'il n'y a pas trop de monde, j'irai à la Bibliothèque publique d'information pour feuilleter les livres d'architecture.




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vendredi 8 mars 2024 jeudi 8 mars 2007 Toujours rien. Ce n'est pas nécessairement mauvais signe, mais cela commence à durer. Je ne dois pas rester ainsi les bras ballants? Cela va me jouer des tours. J'ai l'impression que je ne pourrai jamais me remettre au travail. Pourtant, le projet que j'ai rendu et pour lequel j'attends désespérément une réponse n'est pas le projet-de-ma-vie d'architecte. Loin de là...

J'en viens à devenir superstitieuse et j'espérais donc une bonne nouvelle pour la Journée de la femme. Ni les jurys de concours d'architecture, ni les sorts bons ou mauvais se soucient de cette fête, même pas comme d'une guigne...

Je parcours bien sûr tous les supports qui diffusent les appels à candidature, mais je ne vois rien qui pourrait me faire lever mon crayon ou brancher ma tablette graphique. Je devrais sans doute trouver une grosse agence qui me prendrait pour faire de « l'exé ». Au moins, je ne perdrais pas la main et je pourrais faire des pauses-café avec les collègues.




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dimanche 24 mars 2024 samedi 24 mars 2007 La réponse est tombée hier : je suis retenue pour la dernière phase du concours. Finie la farniente... Le dossier que je dois présenter le 7 mai prochain est beaucoup plus détaillé que celui que j'ai déposé en première phase. Je ne vais donc pas rester à Paris pour y travailler. Il y a trop de sollicitations, trop de possibilités de flâner, de rêvasser, de voir des amies à des terrasses de café.

Tiens ! Je défendrai mon dossier entre les deux tours. Je ne sais pas si cela va me porter chance ou non... J'espère que le résultat du premier tour n'aura pas d'influence sur l'humeur du jury.

Je vais quitter Paris, mais pour aller où ?

Je vais demander à Jacques et Jeanne qui ont une maison dans le Morvan s'il veulent bien me la prêter. En échange, je leur ferai des plans d'aménagement d'une dépendance qu'ils veulent retaper. Ce n'est pas une mauvaise idée. Cela me délassera de me pencher sur un petit projet plutôt que de rester le nez collé à ma palette graphique à traquer les imprécisions, sinon les erreurs.

Mais avant de quitter Paris pour le Morvan, il faut que j'aille revoir le site sur lequel doit se construire le projet. C'est aux Ardoines, dans le Val-de-Marne. Je n'y suis pas allée depuis longtemps pour conjurer le mauvais sort. Mais maintenant, je dois en connaître le moindre détail.





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samedi 30 mars 2024 vendredi 30 mars 2007 J'ai bien fait d'aller aux Ardoines. Et j'ai surtout bien fait de me pencher sur l'histoire du lieu. En 1910, lors de la grande crue de la Seine, tout ce secteur a été complètement inondé. Je dois prendre en compte ce risque dans mon projet. Mais comment faire ? Je ne vais quand même pas reprendre les pilotis à la mode du Corbusier. Ce n'est plus du tout d'actualité et surtout, on sait désormais que toutes les architectures sur dalle ont été des échecs urbanistiques. Il va falloir que je trouve une idée ou en tout cas une solution. Je vais relire très précisément les documents d'urbanisme. L'endroit est quand même difficile... Entre la crue de la Seine, les risques industriels et les rails qui filent vers l'est... il faudra que je sois innovante et inventive sur tous les plans.

Ce soir, je me sens assez démunie face à l'ampleur de la tâche. J'aurais dû m'associer le concours d'un bureau technique ou au moins d'un ingénieur. Mais je n'en ai vraiment pas les moyens.

C'est dans un peu plus d'un mois. Je peux aussi compter sur ma bonne étoile.




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dimanche 7 avril 2024
samedi 7 avril 2007
Je suis arrivé ce matin dans le Morvan et plus précisément à Moux-en-Morvan. J'espère que je vais pouvoir y travailler dur. J'ai toujours eu le goût de la contradiction. Cela dit, je ne suis pas certaine d'y rester au-delà du weekend. J'ai plutôt besoin de me nourrir d'atmosphères urbaines. Même si je propose des façades et des toits végétalisés, ce seront des façades et des toits urbains, qui doivent s'insérer en le renouvelant dans un imaginaire urbain, très urbain.

De quel imaginaire, d'ailleurs, s'agit-il ? Celui des villes à la campagne chères à Alphonse Allais. Sans doute pas. Ce serait plutôt l'imaginaire de la ville sur la ville, qui est une expression un peu convenue propre à la rénovation urbaine. Quelque chose me tracasse d'ailleurs à cet égard  : jusqu'à présent, les urbanistes du vingtième siècle se sont toujours trompés. On peut d'ailleurs y joindre ceux du dix-neuvième. Le quartier de la Madeleine, par exemple, est un ratage complet. Pour réussir une ville, il faudrait d'abord travailler avec l'imaginaire des gens, non pas savoir de quelle ville ils rêvent, ou pas seulement, mais aussi quelle ville ils craignent.

Bon, au travail. Je ne dois pas aller me coucher avant minuit. Promis.




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mercredi 17 avril 2024 mardi 17 avril 2007
Le poids du signifiant était trop lourd et à Moux, j'ai senti le coup venir. Si j'étais sur l'internet j'apposerais un signe qui voudrait montrer que je ne suis pas dupe du mauvais calembour. Le coup de Moux... Ce n'était évidemment pas très difficile à faire. C'est une idée banalement convenue que celle qui laisse penser que l'on travaille mieux à la campagne. C'est peut-être vrai pour le jardinage, moins pour l'architecture, sauf à ce que l'on se passionne par l'évolution de la construction pavillonnaire ou le mitage des territoires. Même dans un territoire aussi préservé que celui du Morvan, cela reste sensible. Le mythe de la maison individuelle, consommatrice d'espace et de ressources, continue de frapper, se liant avec celui de la fermette, encore appelée longère, retapée à force de pierres et de poutres apparentes. Il n'y a rien à la campagne qui puisse vraiment réjouir une jeune architecte spécialiste de la ville dense, sauf peut-être l'architecture et la distribution des branches des grands arbres.

Bref, je rentre dès demain. Je n'ai plus beaucoup de temps pour boucler mon dossier et il me faut du bitume et un peu de fumée pour y mettre la dernière touche.




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mardi 23 avril 2024 lundi 23 avril 2007



Ouf ! J'aime la ville. Je n'aime que la ville en fait. Cette histoire de campagne était une idiotie convenue. Je déteste la campagne, les champs, l'agriculture, les étendues naturelles. Je n'aime pas non plus la mer. Sauf que la mer est facile à cacher. Il suffit d'une belle barre d'immeubles et le tour est joué. On ne la voit plus. Une ville comme Marseille a vainement essayé pendant des siècles d'oublier et de faire oublier qu'elle était au bord de la mer. Bref, qu'elle n'était pas Aix ou Manosque.

J'ai pris la photographie ci-contre rue Fauler-prolongée à la limite de Choisy-le-Roi et de Vitry-sur-Seine. Les immeubles qui forment avec les stores orangés une sorte d'installation sont à Choisy-le-Roi et longent le quai Pompadour. L'ilot délaissé est typique de la banlieue sédimentée. Le Relais Alouette est un immeuble en meulière qui s'est voulu cossu et qui devait faire hôtel - s'il ne le fait pas encore. Il est enserré par les infrastructures qui se sont ajoutées les unes aux autres et parfois les unes sur les autres. Cet ilot est particulièrement inhospitalier. Il constitue presque un défi absolu pour une architecte-urbaniste. Fort heureusement, ce n'est pas à cet endroit que je dois réaliser mon projet.




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mardi 7 mai 2024 lundi 7 mai 2007
C'était aujourd'hui le grand jour. Tout était prêt et j'étais aussi prête que possible. On a commencé en retard. Je suppose que les membres du jury devaient d'abord commenter les résultats du premier tour des élections présidentielles et le second tour à venir. Et puis c'est aussi une sorte de coquetterie des jurys que de commencer en retard.

J'étais arrivée bien en avance pour tester ma présentation sur le vidéo projecteur. J'avais deux clés USB au cas où j'en aurais perdu une. J'étais évidemment stressée.

Je ne connaissais personnellement aucun des membres du jury. C'est d'ailleurs préférable, déontologiquement, mais aussi de manière très pratique. Les personnes que l'on connaît ont tendance à être plus sévères pour ne pas être taxées de favoritisme.

En sortant du jury, je suis allé sur le site.

J'ai vraiment envie de gagner. Il n'y a plus qu'à attendre les résultats et je sais que ça peut être long.




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mercredi 29 mai 2024 mardi 29 mai 2007 On m'a appelée pour me dire que le concours était annulé, ou en tout cas suspendu, et que j'allais être indemnisée pour mon travail. Je ne dois pas considérer mon projet comme abandonné, mais, le nouveau président de la République aurait des projets pour l'aménagement de la région parisienne. Si c'était le cas, le site des Ardoines pourrait être stratégique et les élus du Val-de-Marne, qui militent depuis plusieurs années pour un nouveau métro en rocade, préfèrent réserver l'emprise foncière jusqu'à ce que le gouvernement ait pu préciser ses projets.

Je ne sais pas quoi en penser. Je n'ai pas osé demander le montant de l'indemnisation, mais j'espère qu'il sera à la hauteur du temps passé et qu'il dédommagera aussi la déception. Quand on s'engage comme architecte dans un concours, on sait que le projet que l'on a élaboré sera pris ou non. On accepte, certes plus ou moins bien, de ne pas gagner, mais, en quelque sorte, on apprend du projet concurrent qui a gagné. Là, je reste en l'air.

Je ne connais qu'une façon de combler ma déception. Je vais aller à Venise visiter la Biennale d'art contemporain de Venise. Cette année, le pavillon français est occupé par une artiste que j'aime beaucoup : Sophie Calle. La Biennale commence le 10 juin. Si j'arrive un peu plus tôt, je trouverai bien moyen de me faire inviter aux journées professionnelles. Pour Venise et la Biennale, je peux m'inventer tous les culots.




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jeudi 6 juin 2024 mercredi 6 juin 2007
J'ai une alerte automatique avec différents mots-clés sur le Journal Officiel en ligne. Il faut veiller à ce que le nouveau gouvernement n'assouplisse pas la règlementation qui rend obligatoire le recours à un architecte. C'est une bataille permanente avec les promoteurs, mais aussi avec les particuliers. C'est assez paradoxal de considérer que nous avons à la fois une profession considérée comme prestigieuse et respectée et, en même temps, que nous soyons aussi mal aimés, voire détestés. Je n'exagère pas. Je suis certaine que si je demande autour de moi ce qu'évoque le terme« maison d'architecte », j'aurai autant de réponses négatives que positives, voire davantage de négatives. Une « maison d'architecte » est souvent perçue comme une maison où l'architecte se fait plaisir avant de s'adapter au mode de vie des futurs habitants. Je suppose que la famille Savoye détestait Le Corbusier pour leur avoir construit en Île-de-France une villa avec des toits terrasse qu'il n'a jamais réussi à étanchéifier.
Ouf, l'arrêté du 6 juin 2007 relatif aux permis de construire et aux autorisations d'urbanisme et modifiant le code de l'Urbanisme n'a pas d'impact significatif sur l'obligation d'avoir recours à un architecte. Je précise que l'architecte peut aussi être une femme...




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samedi 22 juin 2024 vendredi 22 juin 2007 L'activité commence à baisser avant le calme plat de l'été. J'épluche les annonces mais je ne trouve aucun concours que je pourrais tenter. J'aimerais bien avoir une cible pour la rentrée, sinon, je me connais, je vais passer un mauvais été.

En tout cas, avec le nouveau ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, les personnes sans papier ont du mauvais sang à se faire. Je lis dans Le Monde daté d'aujourd'hui une histoire vraiment effrayante. Une femme centrafricaine de 68 ans, sans papier, a été arrêtée au domicile de sa ville alors qu'elle se lavait dans la baignoire de l'appartement, conduite à l'aéroport pour une expulsion sans délai. Il a fallu l'intervention des passagers de l'avion pour que le commandant de bord fasse évacuer la vieille dame, qui a pu rejoindre sa fille. La Préfecture d'Eure-et-Loir indique qu'une procédure judiciaire est ouverte à son encontre mais aussi à l'encontre de sa fille qui avait menacé de se suicider si l'on enlevait sa mère.

Je me demande à quoi joue Nicolas Sarkozy. Sans doute à nous préparer à un avenir fasciste. On dirait que l'on veut toujours réveiller dans ce pays les vieux fantômes qui ont permis Vichy, la collaboration et les camps et quand on dit cela, on s'entend dire que l'on exagère.




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vendredi 28 juin 2024 jeudi 28 juin 2007 C'est décidé, je vais quitter Paris jusqu'en septembre. Je suis accueillie par une copine qui a fait ses études à l'école de Luminy et qui habite non loin des Calanques, dans un quartier appelé Mazargues. Elle a une petite maison de ville avec un jardinet. Elle l'a payée très peu cher et l'a entièrement refaite dans le style loft méditerranéen. J'ai reçu des photos et ça m'a l'air superbe.

Je ne serai pas loin non plus de la Cité radieuse du Corbusier, immeuble mythique et pas seulement pour les architectes.

Je ne suis pas certaine que m'éloigner de Paris et de la région parisienne alors que je n'ai pas de projet en cours soit vraiment une bonne idée, sauf à trouver des vacations dans une agence marseillaise. Ma copine est installée à Marseille mais son agence est trop petite pour qu'elle puisse m'engager pour le moment, sauf quelques exécutions très ciblées. Et puis, elle ne sera pas là. Elle va à Paris où elle occupera mon petit appartement pendant l'été.

Mais, c'est décidé, en octobre, j'irai à Venise pour voir la biennale avant que ça ne ferme.





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dimanche 30 juin 2024 samedi 30 juin 2007 Je relis ce que j'ai écrit ici il y a deux jours. Je me trouve rétrospectivement pleine d'assurance, décidant de quitter Paris, puis décidant d'aller à Venise. J'ai pourtant remarqué que les personnes qui déclarent le plus qu'elles décident ceci ou cela sont celles qui sont placées ou qui se sont placées elles-mêmes dans une position où elles ne peuvent décider de rien, ou presque.

Nos décisions sont dérisoires.

Il y a deux jours, je partais pour Marseille. Mais aujourd'hui, j'ai repris le dossier des Ardoines, je vais y travailler toute la journée et encore demain. Je dois le présenter aux collectivités lundi avec les représentants du promoteur. Rien ne s'oppose plus, semble-t-il, à ce que nous avancions sur le projet. Il faudra seulement pouvoir le modifier au besoin si le projet du Grand Paris prend corps. Il faut avouer que l'élection de Nicolas Sarkozy a dopé le marché. Moins de craintes d'imposition, la certitude de nouvelles lois incitant à la défiscalisation... les promoteurs sont en joie. Et, du coup, les architectes travaillent. Et puis, il faut faire travailler les architectes-femmes après une campagne marquée par le sexisme de tout bord à l'encontre de Ségolène Royal.

Je vais passer l'entretien et je descends à Marseille.




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vendredi 12 juillet 2024 jeudi 12 juillet 2007 L'attente est revenue, adoucie par le soleil marseillais. Je me promène toute la journée, savourant ces quasi vacances, prête à remonter à Paris en trombe si mon projet est accepté. Cela fait déjà près de sept mois que j'y travaille. Il devrait bientôt naître. Malheureusement, la gestation architecturale est beaucoup moins prévisible dans sa durée que la gestation humaine et l'on a vu des grossesses d'immeubles parfois durer près d'un siècle. En tout cas, c'est décidé, si début août, je n'ai encore aucune nouvelle, je laisse tomber et je passe à autre chose. De toute façon, je serai bien obligée économiquement.

J'adore ce village de Mazargues où ma copine s'est installée. Il est un peu à l'écart de la route qui conduit vers Cassis depuis le percement du boulevard Michelet à la fin du XIXe siècle qui s'est substitué à l'axe qui porte aujourd'hui le nom d'avenue de Mazargues. Je peux aller au Corbusier à pied. J'y vais presque tous les jours. J'adore prendre le soleil sur la terrasse tout en haut, à laquelle l'immense cheminée donne une allure de terrasse de paquebot. C'est une sorte de blague corbusienne.

Il y a un hôtel. Avant la fin du séjour, peut-être viendrai-je y dormir une ou deux nuits, juste pour le plaisir.




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mardi 16 juillet 2024 lundi 16 juillet 2007 Ils vont me rendre folle. À peine arrivée à Marseille, je dois remonter pour une visite sur site. Bien sûr, personne ne va prendre en charge mon billet de train. Peut-être d'ailleurs que je vais remonter en avion. Ce sera moins cher.

Je ne sais pas bien à quoi va servir cette réunion sur site. On le connaît très bien ce site. On sait même qu'il est quasiment en zone inondable. Mais, le Louvre et la bibliothèque nationale de France aussi. Les normes définissant les zones inondables ont été durcies ces derniers temps, après quelques catastrophes liées principalement à la spéculation immobilière. Mais, là où nous voulons construire, il suffit de prévoir des bâtiments adaptés, un peu comme on prévoit des bâtiments adaptés aux séismes dans les zones sismiques. Si ce n'était pas le cas, il faudrait raser le Japon et pas avec des bombes atomiques, bien sûr.

Ce qui est bien quand on écrit un journal intime, c'est qu'on peut faire des plaisanteries qui ne sont pas drôles, voire qui sont tendancieuses.

Je vais donc remonter à Paris pour rien. Mais, je ne vois pas comment je pourrais échapper à cette corvée.




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jeudi 18 juillet 2024 mercredi 18 juillet 2007
Tout compte fait, je m'amuse beaucoup. Il a bien fallu que je trouve une chambre d'hôtel, car j'ai échangé mon appartement parisien avec celui que j'occupe à Marseille pour l'été. Mais, il fallait que je trouve un hôtel pas très cher, ce qui n'est pas si simple à Paris en juillet. Il fallait aussi qu'il soit un peu convenable. Beaucoup d'hôtels, surtout en proche banlieue, ne le sont pas ou ne le sont plus, destinés à héberger sans confort les travailleurs pauvres. Ce sont des marchands de sommeil et les lieux sont parfois sordides.

L'hôtel que j'ai trouvé dépasse toutes mes espérances dans le bizarre et l'étrangeté. Mais il est correct et à deux pas du chantier que nous devrions finalement commencer début 2008. L'hôtel n'a rien de particulièrement étrange et, appartenant à une chaîne, il pourrait être n'importe où en France, sinon même sur le globe. Sa situation, en revanche relève de la science-fiction. Immédiatement au sud, en surplomb, se trouve l'A86, immense rocade toujours encombrée. En face, après quelques voies ferrées, c'est la Seine. Mais, si l'hôtel se vante d'être en bord de Seine, on ne voit le fleuve que des étages supérieurs. Derrière, c'est l'immense cimetière de Vitry-sur-Seine. Bref, encore une fois, l'endroit cumule toutes les aberrations urbanistiques de la région parisienne. C'est ici l'arrière-cour de Paris où l'on a entassé depuis des siècles tout ce qui pouvait être polluant, bruyant, sale, y compris la population ouvrière, elle aussi jugée bruyante et sale et bien sûr dangereuse.

L'hôtel, surtout fréquenté par des représentants de commerce, est calme à cette époque de l'année. Il faudra des années pour que l'endroit devienne un spot touristique.




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vendredi 9 août 2024 jeudi 9 août 2007
Je profite de Paris au mois d'août. Je n'ai pas envie de retourner à Marseille, ni ailleurs sur la côte. Ni sur aucune côte. En fait, je n'aime pas la mer. C'est sans doute parce que je n'ai pas de goût pour l'architecture navale et que je ne marche pas sur l'eau. Or, j'aime les espaces où je peux marcher et les immeubles que l'on peut revenir voir. Les bateaux, le plus souvent, bougent tout le temps. C'est là leur première destination, la mobilité.

En parlant de mobilité, les projets du nouveau président de la République pour le Grand Paris se préciseraient, mais ce ne sera pas avant 2008. Dans l'Est parisien, on plaide pour un nouveau métro qui permettrait de renouer autrement Paris et sa banlieue. C'est une antienne déjà entendue lors de construction du R.E.R. Il y a même eu des projets d'aérotrains, qui, fort heureusement, n'ont jamais vu le jour. Ils étaient horriblement bruyants.

Tout est au point mort ici. J'ai presque Paris pour moi toute seule. Je ne vais y rencontrer aucun architecte. Les agences sont fermées. J'ai un rendez-vous le 4 septembre pour déterminer comment le projet va avancer, s'il avance. Mais, cela ne suffira pas à me nourrir. Il faut que je trouve d'autres missions ou que j'invente autre chose. J'adorerais faire de « l'exé » pour un « en chef » spécialisé dans le XXe siècle. Ils ne sont pas nombreux et les places sont chères.

En attendant, je vais aller revoir les bâtiments parisiens du Corbu et notamment l'atelier qu'il avait construit pour son meilleur ennemi Amédée Ozenfant.







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samedi 17 août 2024 vendredi 17 août 2007 Ma promenade parisienne continue. Je suis allée revoir aujourd'hui le CNIT à La Défense. On oublie souvent que c'est une merveille. Il est de bon ton, y compris parmi les architectes, de dédaigner et de dénigrer La Défense. Je ne suis pas de ceux-ci. Le quartier est le témoin du rêve de modernité pacifiée de l'après-guerre et le CNIT en est le joyaux. Il est d'ailleurs dommage qu'il soit un peu mangé par la dalle, construite après lui, qui atténue, qui gomme même l'effet de vélum de béton qu'ont voulu donner les architectes. Le bâtiment est aussi l'allégorie de cette spécialité française de la collaboration entre l'architecte et l'ingénieur, qui vient peut-être du temps où les architectes étaient formés aux Beaux-Arts quand les ingénieurs, même civils, venaient de la tradition militaire des grandes écoles. D'ailleurs, les architectes Camelot, Mailly et Zehrfuss étaient tous les trois prix de Rome. Quant à Prouvé, appelé pour les façades, il est à lui seul, comme pouvait l'être Perret, la fusion des deux traditions irréconciliables.

Moi, j'aime La Défense. J'aime m'y promener. J'y adore la lumière. Elle est belle à toutes les heures de la journée et le coucher de soleil y est évidemment somptueux avec les ricochets du soleil sur les tours de verre.

Je suis restée tout à l'heure jusqu'à ce que le soleil soit couché. Peut-être aurais-je aimé que quelqu'un me tienne la main.




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mercredi 4 septembre 2024 mardi 4 septembre 2007 Je me souviendrai je crois toute ma vie de la fin de cet été 2007. Si l'on me demandait ce que j'ai fait et à supposer que je sois sincère et en confiance, je répondrais que je me suis employée à ralentir ma vie. J'ai remarqué que plus la vie accélère, plus l'horizontalité prend de l'importance, ne serait-ce que parce que le sol sur lequel on court, on glisse, on roule est cette horizontalité. Par voie de conséquence, ce qui est vertical est facteur de ralentissement et ce, jusqu'à l'arrêt. C'est sans doute pour cela que l'humanité a inventé la monumentalité, le monument. C'est sans doute pour toucher le ciel et la croix est ce qui le griffe en souvenir de nos péchés et de notre rédemption.

La Défense est un lieu de fourmillement humain et l'absence de voitures accentue encore le piétinement insensé des employés des tours. Mais à la fois, c'est un lieu d'arrêt, de pause où le ciel et les nuages sont très présents. On voit beaucoup de personnes arrêtées, assises ou debout, allongées parfois qui regardent le ciel dans un arrêt qui semble soudain définitif.

J'ai passé beaucoup de temps dans la petite église de La Défense, qui est plus fréquentée que ce que j'avais pu imaginer. Je ne sais pas si j'y ai prié, mais je m'y suis arrêtée, parfois longuement.

Ce qui est amusant, aussi, sur la dalle de La Défense, c'est que l'on pourrait subrepticement y suivre des hommes, un homme et que l'on pourrait y être suivie. J'ai beaucoup regardé derrière moi mais personne ne m'a suivie dans cette errance estivale. Je suis si seule. Peut-on faire de la bonne architecture quand on est si seule ?




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mardi 8 octobre 2024 lundi 8 octobre 2007
Je me suis, je crois, trouvé un nouveau centre d'intérêt. Je ne sais pas si cela m'aidera jamais à gagner des concours d'architecture, mais au moins, je pourrai peut-être faire un livre. Je vais m'acheter un bon appareil photographique numérique. Si je veux faire un livre, il me faut une bonne définition et des prises de vue de qualité.

J'ai décidé de faire mieux connaissance avec l'architecture contemporaine des lieux de culte. J' vais exclure les églises de la reconstruction d'après la deuxième guerre mondiale. Il y a déjà beaucoup de choses sur le sujet =, ne serait-ce que par la notoriété d'architectes comme Le Corbusier ou, surtout, Perret. Je vais commencer aux années 1960, quand on construit beaucoup pour loger les rapatriés des colonies et pour faire face à la croissance de la population.

C'est ma petite chapelle de La Défense qui m'a donné cette envie.

Ma première visite, hier, a été pour la cathédrale d'Évry, la seule cathédrale construire en France au vingtième siècle qui n'ait pas d'abord été une simple église. Mario Botta a vu juste avec son toit en partie végétalisé. Ce n'était pas mal vu quand les plans ont été arrêtés en 1992. J'ai vu qu'il avait aussi réalisé une synagogue à Tel Aviv. Bon prétexte pour aller en Israël, même si ce ne sont pas les prétextes qui manquent.







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jeudi 10 octobre 2024 mercredi 10 octobre 2007 Je dois avouer que la cathédrale de Créteil m'avait jusqu'à présent échappé. C'est sans doute la cathédrale la plus modeste de France, qui mériterait bien d'être agrandie et monumentalisée. Je voulais donc y aller hier ou aujourd'hui pour la visiter, mais j'ai dû renoncer. Elle était fermée, m'a-t-on dit quand j'ai pris la précaution d'appeler avant de me déplacer. J'ai quand même fait le déplacement pour la voir de l'extérieur, comme protégée par les grands immeubles qui l'entourent.

Je ne sais pas ce que je ferais si l'on me demandait de la transformer en un bâtiment qui évoque plus volontiers une cathédrale qu'une chapelle de quartier. Peut-être faudrait-il lui inventer un clocher qui ressemble plus à un clocher et qui agirait comme un signal plus fort dans ce quartier déjà très vertical.

Peut-être faudrait-il aussi lui adjoindre un chœur, un cœur, qui donne envie de s'y rassembler tout en étant le lieu protecteur de la cité.

Je crois que je retravaillerais aussi les abords immédiats, qui me paraissent assez pauvres, aussi bien pour la qualité de l'enrobé que le traitement chromatique.

Mais, je la garderais aussi comme elle est, car elle est très douce et presque tendre. C'est assez rare une architecture monumentale tendre. Celle-ci l'est et il faut conserver absolument cet attribut.



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mercredi 16 octobre 2024 mardi 16 octobre 2007
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samedi 7 décembre 2024 vendredi 7 décembre 2007

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dimanche 15 décembre 2024 samedi 15 décembre 2007