Mathieu vit et travaille à Limoges dans la Haute-Vienne.
Mes nouveaux collègues sont sympathiques. Ils me semblent même compétents. Tout va donc pour le mieux.
Tout irait pour le mieux si ces cauchemars pouvaient me laisser un peu tranquille. J'espérais que la Vienne les emporte, mais il ne semble pas qu'elle le veuille. Elle est pourtant forte et réputée pour conjurer les sorts, ou bien encore en jeter. Pour le moment, je ne fais pas moins de cauchemars, mais pas davantage non plus. Mais cela ne fait pas encore un mois que je suis ici...
Je sais pourquoi ces cauchemars me hantent. Ce n'est pas très difficile.
Je devrais peut-être aller voir un chaman, ou une chamane. Je vais regarder s'il y a des chamans à Limoges. Certes, cela semble grotesque. Mais, personne ne le saura.
Mais, cela n'a pas été le cas. Je suis arrivé chez elle, dans un salon qui ne ressemble en rien à un lieu ésotérique. Elle m'a demandé de m'asseoir en face d'elle et d'éviter de bouger et de fermer les yeux. Elle s'est assise à un mètre cinquante environ, sur une chaise identique et elle m'a regardé. Son regard sur moi a duré environ trente minutes.
Et moi, est-ce que je la regardais ? Ce n'est pas certain. Je la regardais surtout me regarder.
Après cette demi-heure, elle s'est levée, m'a demandé de partir et de revenir cinq jours plus tard. J'avais aussi promis de ne poser aucune question.
Mais, la dernière fois, elle m'a donné un papier plié et m'a dit que je devais y mettre le feu et jeter les cendres dans la rivière. J'ai décidé de faire cela demain très tôt le matin pour ne croiser personne. Et puis peu importe... On pourra toujours croire que je brûle une lettre d'un amour perdu.
Quand je suis revenu chez la chamane après avoir brûlé les papiers, elle m'a dit que les esprits des ancêtres qui m'encombraient étaient très puissants et qu'il faudrait du temps pour qu'ils acceptent de partir. Elle m'a dit qu'elle ne serait pas assez forte, peut-être, pour les faire partir définitivement et qu'il faudrait alors que j'aille voir sa maîtresse. Mais, celle-ci n'est pas en France. Elle n'a pas voulu me révéler où elle se trouvait.
J'ai décidé de faire des recherches sur mes ancêtres. Je ne me suis pourtant jamais intéressé à la généalogie. Mais, si mon mal être leur est dû, il serait préférable que je fasse leur connaissance.
Je vais aller la voir bientôt et j'essaierai d'en savoir davantage sur lui et sur leur histoire. Mon grand-père est mort depuis quinze ans et il ne peut plus s'en froisser.
Mon père à bien y réfléchir, a les yeux un peu bridés. Il a toujours été convenu dans la famille qu'il s'agissait de notre ascendance bretonne. En effet on trouve encore des bretonnes et des bretons aux yeux bridés en pays bigouden et nous sommes de Pont-L'Abbé. Jamais la Bretagne n'a été aussi proche de la Corée... Comment le savoir ?
Depuis quelques jours, mes cauchemars ont changé. Il y a des enfants qui pleurent et parmi eux un enfant qui ne pleure pas. Je le regarde et c'est moi qui pleure. Et quand je me réveille de ce cauchemar, j'ai le visage mouillé de larmes.
J'en ai parlé à la chamane qui m'a dit que s'il ne pleurait pas, c'est peut-être qu'il voulait parler. Je vais attendre. Il me parlera peut-être, bien que la chamane m'ait affirmé qu'il ne parlerait pas avant longtemps.
Je ne sais rien ou pas grand chose de la Corée. Je ne saurais même pas vraiment la situer sur une carte. Je sais qu'il y a la Corée du nord et la Corée du sud et que cette partition est la conséquence d'une guerre entre les puissances. Je crois me souvenir que la Corée a eu des relations complexes avec le Japon. Peut-être même le Japon l'a-t-il un temps colonisée. Je sais que la capitale de la Corée du Sud est Séoul et que c'est une ville très développée. Je sais que la Corée du nord est une sorte de conservatoire de l'imbécillité dictatoriale. Mais, de la culture coréenne, je ne sais rien. Je ne m'y suis jamais intéressé.
Est-ce la raison de cet air interrogateur sur le visage du petit garçon ? Voudrait-il que je m'intéresse davantage à son pays ? Mais, est-il vraiment coréen et si oui, est-il du Sud ou du Nord ?
La nuit dernière le petit garçon qui ne pleure pas a parlé. Je ne sais pas s'il m'a parlé, mais il a parlé et il me semble bien que j'ai dit que je ne le comprenais pas. J'ai noté en phonétique, dès le réveil, ce que je croyais avoir retenu de ce qu'il avait dit. En fait, je n'ai noté qu'une partie. Le reste, je ne me rappelle pas. Cela ressemblait à « neoui josang ».
Le plus bizarre, c'est que j'ai regardé sur internet ce que cela pouvait bien vouloir dire en coréen et il semblerait que cela ressemble à « ton ancêtre ». Mais, je crois que je me fais un film.
Je vois la chamane demain. Je verrai bien ce qu'elle en dit. Si elle consent à parler.
Je ne sais pas si j'ai des ancêtres coréens. En fait, je pense que non. J'en suis même certain. Ou alors, c'est tellement ancien qu'il me semble impossible que cela vienne me hanter la nuit.
Ma famille ne veut pas faire de tests ADN. Je suppose qu'ils ont raison. Je soupçonne aussi qu'ils craignent de devoir payer quelque chose. Ils sont tous radins. Ou bien alors, ça ne les intéresse pas. Certains d'entre nous ont les yeux bridés parce que c'est ainsi en pays bigouden et on ne voit pas ce qu'il y aurait à chercher là-dedans.
La chamane m'a dit qu'il fallait progresser. Je me demande ce qu'elle veut dire quand elle dit cela.
Mais, avant, je dois faire des tests ADN. Je sais que cela fait beaucoup de frais pour un rêve, mais c'est aussi le propre des rêves de nous conduire à faire ce que la veille et la conscience ne nous permettent pas de distinguer.
Cet enfant-là finira par me faire pleurer, moi.
Je vais enquêter sur cette maison rue du Clos-Sainte-Marie près du pont Saint-Étienne. Je vais commencer par ce vieux pont. Peut-être a-t-il des secrets à révéler. Après tout, il est arpenté tout au long de l'année par les pèlerins qui vont à Saint-Jacques de Compostelle et peut-être parmi eux y a-t-il eu des enfants coréens.
C'est de plus en plus loufoque. Je vais plutôt arrêter d'aller voir cette chamane.
Tout est organisé. Je rentre le 19 juillet. J'ai pu négocier cette absence en promettant de rester ensuite tout l'été et surtout jusqu'à noël sans prendre de congés. C'est toujours une difficulté pour assurer la permanence pendant le mois d'août.
J'espérais que dès que j'aurai acheté mon billet, ces sortes de visions nocturnes cesseraient, mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas grave. Il n'y a en somme plus que deux semaines à cohabiter avec ce petit ancêtre, si c'est bien un petit ancêtre.
C'est la première fois que je prends un avion pour un vol aussi long. Jusqu'à présent, le vol le plus long que j'avais connu avait été celui vers Larnaca pour des vacances à Chypre. Je ne me souviens plus bien, mais je crois bien que le vol avait duré entre six et sept heures, pas davantage, en comptant l'escale obligatoire à Athènes et le changement d'avion.
Là, j'ai un vol direct. J'ai hésité. Cela peut aussi être agréable une escale, ne serait-ce que pour se dégourdir les jambes.
J'ai hâte d'être sur place et en même temps j'y vais avec beaucoup d'appréhension, comme si j'allais à la rencontre d'une vérité que je veux connaître sans vouloir la connaître.
En tout cas, maintenant, il est trop tard pour reculer. Encore un petit café... et en route pour l'aventure coréenne.
Mais ce n'est pas le trajet qui m'empêche d'aller voir la mudang mais quelque chose de plus fort qui me paralyse. Dès que je sors de l'hôtel, je suis pris d'étourdissement, j'ai la sueur au front. Les symptômes cessent dès que je suis dans ma chambre. Je vais aller voir demain un médecin qui parle français. J'espère que ce n'est rien. Peut-être un peu d'angoisse.
L'enfant qui ne dit rien n'est pas revenu dans mes rêves.
Je me sens vraiment seul.
Pire encore, je n'ai rien vu ou presque de Séoul, sortant à peine de l'hôtel et même sortant à peine de ma chambre. Je suis évidemment très angoissé par cette situation et moins je sors, plus je suis angoissé. J'ai vu ce médecin qui parle français, conseillé par le consulat, qui a conclu, comme moi, à des crises d'angoisse et qui m'a donné un médicament en conséquence. Mais, cela n'a rien fait, à part ajouter de la somnolence à mon angoisse et à mes étourdissements.
Avec le temps, les employés de l'hôtel ont essayé de me venir en aide. Le consulat, prévenu, m'a demandé si j'étais assuré et si je voulais être rapatrié. J'ai refusé, bien que je sois évidemment assuré pour cela. Mais, je ne me sens pas malade, je me sens paralysé, mentalement et physiquement et je ne sais pas quoi faire pour que cela cesse.
Il devrait exister des assurances qui remboursent ce que l'on fait par angoisse. Mais, bien sûr, cela n'existe pas. Les compagnies d'assurance feraient faillite et j'y contribuerais allègrement.
Depuis, que je suis rentré ici, je vais mieux. Je vais reprendre le travail et je n'aurai plus de congé avant les vacances de noël. J'ai appris que la chamane que je voyais a quitté la ville, accusée de charlatanisme par plusieurs de ses patients qui la menaçaient d'un procès. Je n'ai donc pas à me demander si je vais retourner la voir. Personne ne sait d'ailleurs où elle a bien pu aller et certains de ses patients, à qui elle avait demandé beaucoup d'argent, se sont formés en association pour tenter de la retrouver et de récupérer leur avoir. C'est amusant de penser qu'ils cherchaient le mieux être en y laissant leur avoir.
Le travail va me faire du bien.
Je devrais lui parler et peut-être en apprendre davantage sur elle, sur son histoire.
Mais, c'était un petit garçon qui venait hanter mes nuits, pas une petite fille. Qui pouvait-il bien être ?
Je dois lui parler. Mais ce ne sera pas avant le 20 août. L'autre voisine m'a dit qu'elle reviendrait de vacances à cette date. Elle me l'a dit d'un air amusé, comme si j'étais en manœuvres d'approches amoureuses.
Elle est très jolie, la voisine née, peut-être, en Corée. Cela est vrai.
Je me suis donc couché et c'est dans le lit que j'écris ces quelques lignes qui, pour me rajeunir, n'en sont pas moins navrantes.
Je ferai en sorte de main soir de la croiser. Je dois aller tôt au bureau.
Je déménagerai le 1er septembre. J'ai rendez-vous avec le propriétaire le 30 août. Il vient voir s'il y a des travaux à faire dans l'appartement que je laisse. Le robinet de l'évier de la cuisine fuit en permanence. Je le lui ai signalé maintes fois. Il n'a jamais rien fait. Mais soudainement, cela l'inquiète. J'espère quand même qu'il ne va pas vouloir que je paye le plombier.
J'ai donc aussi visité l'appartement de ma voisine. J'ai vraiment fantasmé grave. Elle n'est pas du tout partie en Corée. Elle a emménagé avec son copain à Brive-la-Gaillarde. Elle est partie vite parce qu'elle a trouvé un poste à Pôle-Emploi mais elle devait commencer avant la fin du mois d'août. C'est en tout cas ce qu'elle a dit au propriétaire, qui me l'a répété. Je vais donc garder les deux explications. Je sais bien qu'ils ne sont pas compatibles dans la réalité ou plutôt dans ce que les gens prennent pour être la réalité. En fait, il y a la réalité de la vie de cette jeune femme qui ne s'oppose en rien à la réalité de mon fantasme. Ce qui oppose les deux voyages de ma voisine n'est donc pas dans l'ordre de la réalité.
C'est un des premiers pas du chemin qu'il faut faire quand on veut aller vers la connaissance que de se débarrasser du principe de non-contradiction aristotélicien. Le bon Aristote a beau faire, jusqu'à jeter l'anathème sur ceux qui contredisent sa loi qui veut qu'il est impossible qu'une seule et même chose soit, et tout à la fois ne soit pas, à une même autre chose, sous le même rapport. Mais, ce serait une erreur de demeurer au niveau du concept quand il s'agit en fait d'aller vers et de s'installer dans la pratique.
Je ne sais pas si elle avait placé son lit comme j'ai placé le mien. J'aime dormir dos à la fenêtre, mais j'ai remarqué que beaucoup de personnes préfèrent au contraire faire face à la fenêtre. Certes, il y a ceux qui font attention aux points cardinaux et qui ne sauraient dormir la tête à l'est. Il y a ceux qui ont la tête à l'ouest, mais cela, c'est autre chose.
Je ne sais rien de S. Pour autant, ce ne serait pas très difficile d'apprendre quelque chose, au moins son prénom. Il suffirait maintenant que je clique sur le site de Pôle Emploi de Brive-la-Gaillarde et je la trouverais certainement.
Mais, j'aime assez ne connaître que la première lettre de son prénom et l'appeler ainsi S. comme dans un roman du siècle dernier. C'est beaucoup plus romantique.
Que reste-t-il de S. dans cet appartement désormais ? Rien d'apparent.
Je suis impatient de voir qui va venir habiter dans l'appartement que j'occupais jusqu'alors. J'espère que ce sera une femme seule pour renouveler un peu mes fantasmes ou mes cauchemars.
Il n'y aura pas de locataire dans mon ancien appartement avant le premier octobre. Il me ferait volontiers reproche de ne pas l'avoir prévenu plus tôt. C'est évidemment absurde, puisque je ne pouvais prévoir, pas plus qu'il ne l'a pu, le départ en trombe de la locataire coréenne ou supposée telle.
Le petit garçon n'est pas revenu dans mes rêves. Ou plutôt, il n'est revenu qu'une fois. Une femme le tenait par la main et il avait l'air plus heureux. C'est-à-dire qu'il avait l'air moins triste. Je n'ai rien vu des traits de la femme, mais je peux supposer qu'elle avait les traits de mon ancienne voisine.
J'ai parfois encore des crises de panique. Je les traite avec des médicaments.
Le plus bizarre est que je n'ai pas de difficultés pour m'endormir. Je m'endors sur le champ ou presque et puis, l'enfant qui ne pleure pas vient me visiter. Alors, je me réveille et j'ai parfois l'impression qu'il s'agit d'une obsession qui va me rendre fou.
Je ne sais vraiment pas quoi faire.
Partir en Corée n'est sans doute pas la meilleure idée, surtout qu'il s'agirait de repartir et cette fois de repartir la peur au ventre en craignant de rencontrer les mêmes impossibilités.
Je vais peut-être consulter. J'économiserais au moins le coût d'un voyage qui n'est pas dans mes moyens financiers.
Je lui ai raconté cet enfant qui me hante la nuit. Je lui ai raconté le voyage en Corée où je n'avais pas pu sortir de ma chambre d'hôtel. Je lui ai raconté l'amour transi pour ma voisine qui n'avait pas rejoint Séoul mais Brive-la-Gaillarde. Je lui ai raconté le changement d'appartement, les tests ADN, bref, tout ce pour quoi je venais le voir.
Et il m'a écouté.
Il m'a demandé si je me sentais bien dans mon travail, ce que je faisais et ce que je faisais avant d'arriver ici. Je lui ai dit que je travaillais pour une compagnie de danse qui m'avait licencié et que j'avais changé de branche pour aller plutôt vers la régie d'expositions pour les musées ou les galeries d'art.
Il m'a demandé si mes fonctions précédentes me manquaient et si je regrettais de les avoir laissées. J'ai répondu que j'étais très heureux dans mes nouvelles fonctions, mais, il ne s'est pas arrêté là et m'a interrogé sur les raisons pour lesquelles j'avais été licencié.
Alors, j'ai tout déballé. J'ai été harcelé par une chorégraphe, moralement et sexuellement et quand je me suis plaint, elle m'a accusé de n'avoir pas bien fait mon travail et d'avoir mis en danger un groupe d'enfants qui venait danser avec elle dans le cadre d'ateliers de pratique artistique. J'ai été licencié pour faute lourde.
Mais je ne voyais pas ce que cela avait à voir avec mes cauchemars.
Il m'a dit que l'on y reviendrait.
Aujourd'hui, le psychanalyste m'a demandé encore une fois de parler de mon job précédent et m'a demandé de manière assez soudaine et sans lien avec ce que je disais quel terme j'entendais quand j'entendais le signifiant « koré » et sans y penser j'ai complété par « graphie ». J'aurais pu aussi dire « chorégraphe ». Et je l'ai d'ailleurs dit juste après.
Alors, même si ça peut sembler tiré par les cheveux, je me suis écroulé en sanglots.
Ainsi, tout cela, le voyage en Corée, la voisine coréenne, le petit garçon des rêves, le déménagement, tout cela, ce n'était qu'un leurre qui dissimulait le deuil non fait d'un amour refoulé pour une chorégraphe harceleuse.
Mais maintenant que je sais cela, je ne sais pas ce que je vais en faire.
En fait, il y a certaines choses de la vie qui arrivent très tôt ou qui n'arrivent jamais. Beaucoup de chorégraphes sont d'anciennes danseuses - danseurs. La carrière de danseur s'arrête assez tôt. Si l'on persiste, on se blesse et on ne peut plus danser du tout. Moi, je n'ai jamais été danseur et pendant très longtemps, je ne savais même pas que chorégraphe était un métier.
Je le sais désormais. Mais il est trop tard. Je ne ferai pas le parcours qui conduit du stage dans une compagnie à être un chorégraphe reconnu comme tel. Je ne connaîtrai pas les affres des concours, l'apprentissage des techniques de notation.
En revanche, je peux quitter mon emploi d'administrateur de centre d'art pour devenir administrateur de compagnies de danse. Je vais demander à faire un stage. Cela devrait être dans mes cordes.
Le yoga me fait beaucoup de bien. Je suis encore un peu raide, mais je fais des progrès rapides. Depuis le temps que je voulais reprendre le sport, voilà qui est fait et sans devoir supporter une salle de fitness qui est quand même l'endroit le plus déprimant du monde.
En plus ça sent toujours cette même odeur entre le mauvais shampoing, la transpiration et l'odeur de pieds mêlée à celle du caoutchouc des chaussures de sport. Il me semble que cela pourrait être corrigé et que si ce ne l'est pas, c'est que ça doit plaire à certains.
Au yoga, il n'y a parfois que l'odeur de pieds. C'est plus clair. Je crois que la dernière fois le professeur a gentiment demandé à l'un des élèves s'il pouvait faire l'acquisition d'un déodorant spécial. Je n'aurais pas dû entendre cette conversation mais je l'ai entendue.
Je ne deviendrai sans doute jamais professeur de yoga mais j'ai bien l'intention de progresser.
Le Yoga est parfait. Le professeur me semble compétent et aimable, prenant soin de chacune et de chacun. Cela suffit à occuper mes fin d'après-midi.
Du coup, je n'ai plus envie de quitter mon emploi et surtout pas de devenir administrateur d'une compagnie de danse. Si je demande un stage, ce sera un stage intensif de yoga.
J'ai bien conscience qu'il y a chez moi quelque chose d'excessif. Justement, le yoga va adoucir tout cela. Et il est préférable de faire excessivement du yoga que de trop boire ou de trop fumer. Certes, sur une structure addictive tout peut devenir addiction. Mais dans ce cas, le yoga n'est pas la plus mauvaise.
C'est bientôt la fin de l'année. Je vais respirer profondément.
Je me sens léger comme je ne m'étais pas senti depuis longtemps. Je me sens léger et souple.
Je verrai ensuite comment je peux quitter Limoges et les bords de la Vienne, la maison hantée dont les fantômes auront été expulsés. Je verrai plus tard comment je rencontrerai l'amour. Un amour lumineux et doux.
