Diégèse | Les narratrices et les narrateurs | ||
Journal de Yiannis en 2024 - 32 jours - Yiannis écrit ce qui se passe. |
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lundi 8 janvier 2024 | lundi 8 janvier 2024 | Je
n'avais jamais entendu parler de ce « Yannis » qui a,
semble-t-il, suscité cette pétition absurde en faveur de Gérard
Depardieu. Bien que nos prénoms diffèrent par leur orthographe, j'ai
dû plusieurs fois le préciser et l'épeler. Dans l'enfance, il fallait
que je précise que ce n'était pas une erreur et que je ne me prénommais
pas « Yannick ». Ce n'est pas un prénom, c'est un malentendu. Au lieu de signer des pétitions et des contre pétitions pour un comédien scandaleux et populaire - en même temps - les gens auraient avantage à se mobiliser pour que l'horreur cesse à Gaza. Il ne peut y avoir de justification à l'horreur, où qu'elle soit et quelles qu'en soient la source et les auteurs. La rhétorique de la vengeance est toujours, finalement, celle du perdant, car, elle finit toujours par perdre devant l'histoire. Je croyais que le peuple hébreu l'avait appris dans les larmes et dans la souffrance des siècles. J'aimerais relire Étoile errante de J.M.G. Le Clézio. Je viens d'ailleurs de m'apercevoir que la notice consacrée au roman dans Wikipédia omet de mentionner ce qui a été pour moi l'un des plus grands chocs littéraires de ma première jeunesse : la rencontre d'Esther et de Najma la Palestinienne. Je vais relire Étoile errante. |
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jeudi premier février 2024 |
jeudi premier février 2024 | Pourra-t-il
se maintenir ? Notre jeune Premier-Ministre voudrait croire et démontrer que la France change et qu'elle peut donc admettre que le Premier ministre est né en 1989 et ouvertement homosexuel, comme il l'a déclaré à la tribune de l'Assemblée nationale. Il n'en reste pas moins que l'hémicycle est tenu par du mâle blanc hétéro qui aura vite fait de le cataloguer. L'homophobie est dans ce pays aussi bien ancrée que l'antisémitisme. Une personne homosexuelle risque toujours, quand elle s'y attend le moins, de se faire traiter de « sale PD » ou de « sale gouine ». Comme c'est puni par la loi, ils ne le diront pas, mais ça se voit sur leurs visages. Je pourrais citer des noms. Je me demande comment réagira le Président si le Parlement parvient à faire tomber son gouvernement quelques jours après sa constitution, comme dans les jours les plus confus de la 4e République ou ceux de la République italienne. Risqueront-ils que l'Élysée, dos au mur, dissolve l'Assemblée ? Combien sont sûrs, dans tous les rangs, d'être réélus ? Une poignée. Il n'y a pas aujourd'hui, dans l'Assemblée telle qu'elle est, de majorité alternative. On l'a bien vu avec la loi sur (ou contre) l'immigration. L'alliance des extrêmes a fait flop. La droite républicaine s'est donnée un leader repoussoir qui ne fait plus rempart aux fascistes. Les Palestiniens continuent à mourir. Les évêques africains refusent de bénir les couples de même sexe. Les agriculteurs bloquent la France. C'est l'hiver pré fasciste. |
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lundi 19 février 2024 | lundi 19 février 2024 | Je
ne
comprends rien à l'époque. Tiens, c'est presqu'une citation d'un vers
d'un
poème d'Aragon chanté par Jean Ferrat et qui évoque, je crois, les
années 1930 et la montée des fascismes et du nazisme : « La
pièce était-elle ou non drôle / Moi, si j'y tenais mal mon
rôle /
C'était de n'y comprendre rien. » À la différence que je sais que
la pièce n'est pas drôle, même si moi non plus, je n'y comprends rien. Je n'aurai pas cru vivre assez longtemps pour en arriver à penser que l'autorité qui me semble, au niveau international, la plus juste et la plus respectable est celle du Pape. Je n'aurais pas cru non plus que je serai en plein accord un jour avec François Bayrou, cet homme politique adepte des compromis sinon des compromissions et dont il était encore récemment de bon ton de se moquer. Et je n'étais pas le dernier à ce jeu-là. L'urgence, c'est Gaza. Mais l'urgence, c'est aussi l'Ukraine. Et que se passe-t-il en Syrie ? Où en sont les Kurdes ? Comment les Argentins s'en sortent-ils avec leur dictateur d'opérette ? Je ne sais plus où donner de la tête. On dirait bien que les médias, et à travers les médias la société, les gens, guettent en permanence ce qui fera étincelle et qui provoquera l'embrasement potentiellement définitif. Est-ce que ce sera la mort de l'opposant russe Alexeï Navalny dans les geôles du régime russe ? Sans doute non. Le propre de ces étincelles à travers l'histoire est toujours d'être imprévisibles. |
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jeudi 29 février 2024 | jeudi 29 février 2024 | Alexeï
Navalny sera enterré demain dans la banlieue de Moscou. On inaugure
aujourd'hui en Seine-Saint-Denis le village olympique. De jeunes
soldats israéliens diffusent massivement sur les réseaux sociaux des
vidéos montrant des exactions contre les Palestiniens de Gaza. La Cour
suprême américaine fait tout ce qui est en son pouvoir pour retarder le
procès des émeutiers contre le Capitole. Le monde va bien. On pourrait se demander pourquoi je place l'inauguration du Village olympique dans cette énumération de déboires historiques. C'est la petite touche pour que l'on se rappelle qu'en 1936, les Jeux olympiques se sont déroulés à Berlin. Supposés être le symbole de l'amitié entre les peuples dans le cadre d'une compétitions sportives marquées par le respect mutuel, ces jeux n'ont jamais été que les chantres du capitalisme triomphant. et des guerres capitalistes triomphantes. Je réfléchis en ce moment à la question de la vérité, d'un point de vue philosophique. Une première approche me laisse penser que je ne serais pas très éloigné de Saint Thomas d'Aquin. Pour Thomas, foi et raison ne peuvent se contredire car elles viennent l'une et l'autre de Dieu. Pour moi, elles ne peuvent se contredire car elles ne sont pas du même ordre. Pas besoin de faire intervenir Dieu là-dedans. Elles ne sont pas du même ordre, comme le bien et le mal ne sont pas du même ordre. Pour tenter de cerner le bien, comme pour tenter de cerner la vérité, il faut d'abord parvenir à dépasser le principe de non-contradiction. C'est pour le moment une intuition. Je vais y travailler. |
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mardi 12 mars 2024 | mardi 12 mars 2024 | Suivre
l'actualité de cette fin d'hiver 2024, c'est comme vouloir suivre
l'intrigue échevelée d'une mauvaise série télévisée. Il se passe
beaucoup de choses mais il ne se passe rien. Si je tente de me figurer, au sens propre, les personnages politiques, je vois alors le président de la République à la recherche vaine de quelque nouveau truc pour exister valablement. Ces derniers jours, après l'avortement dans la Constitution, c'est le droit de mourir dans la dignité. C'est sans doute un fait de société, une demande. Je ne peux cependant pas m'empêcher de penser qu'il serait préférable de multiplier les unités de soins palliatifs. Je ne peux pas non plus m'empêcher de penser que cela va permettre à des gens de gagner de l'argent en ouvrant dans la foulée des cliniques de la mort assistée. En fait, derrière toute demande sociale, souvent préparée sinon suscitée par les médias, il y a la perspective d'un nouveau marché. La mort assistée ou non demeure la mort. Je me souviens de la polémique en Italie quand Pasolini avait dit qu'on ne pouvait pas être pour l'avortement. On peut évidemment être pour que les femmes aient le droit réel d'avorter, c'est à dire avoir accès dans les faits à des soignants qui pratiquent l'avortement et ce, sans être stigmatisées, malmenées. On peut être pour cela et même militer pour cela... sans oblitérer la douleur d'un avortement. Il semble que le président se demande ce qui restera de lui dans l'histoire. L'histoire le dira, et non le parlement réuni en congrès. |
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jeudi 14 mars 2024 | jeudi 14 mars 2024 | Il
fait beau aujourd'hui, ça ne va pas durer. C'est assez curieux désormais de se promener à Paris, ce que j'ai fait la semaine dernière. Quand on prend le métro, on est assourdi par les annonces incessantes en plusieurs langues qui alertent sur la présence de pickpockets, sur la nécessité de surveiller ses bagages, mais aussi pour rappeler les fermetures de lignes, soit parce que l'on change les voies, soit parce qu'on les allonge. Tout cela est bien évidemment en prévision des Jeux olympiques pour lesquels on met les bouchées doubles. Je vais me terrer loin de Paris pendant toute la durée des Jeux Olympiques. Je sais que je le regretterai ensuite, car j'aime à regarder les foules et les foules seront heureuses ou feindront le bonheur, comme on feint le bonheur quand on a payé fort cher pour aller quelque part. Il ne faudrait pas gâcher l'ambiance. L'esplanade du Trocadéro, qui fait face, on le sait, à la Tour Eiffel, est devenue une piste à selfies. Ce qui m'a frappé la dernière fois que j'y suis allé, ce n'est pas le nombre des photographes à téléphones, mais bien que les sujets photographiés adoptent toutes et tous les mêmes poses. Le selfie est un genre. Il faut montrer les dents en souriant. Le sourire est plus que jamais devenu denté à mesure que la population a de meilleures dents. Quant aux autres, ils sourient l'air entendu. |
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lundi 18 mars 2024 | lundi 18 mars 2024 | La
Russie est pour la France un pays imaginaire. Certes, tous les pays
sont imaginaires et n'existent pour peu que l'on veuille bien y croire.
D'ici à Moscou, ce ne sont qu'une succession de tronçons de routes et
si ce n'étaient les tracasseries administratives, il serait aisé de s'y
rendre en automobile. Quant au train, il aurait fallu pouvoir
accompagner Blaise Cendrars. Il est un peu tard pour aller prendre à
Moscou le Transsibérien jusqu'à Vladivostok. D'ailleurs, Vladivostok
prend aussi place dans notre imaginaire sans que l'on sache précisément
pourquoi. Ainsi, dans la pluralité de nos imaginaires, le président de la République a choisi celui où la Russie est une sorte d'ours dangereux sinon de monstre sanguinaire. Les photographies du président dictatorial récemment élu s'affichent sur les écrans. Les lèvres sont minces, le visage inexpressif. On est propulsé dans un film d'espionnage des années 1950. Et c'est parfait car, sans doute le compteur imaginaire de M. Poutine est bloqué sur un stalinisme réputé invincible. Mais, au-delà des imaginaires, il y a les intérêts du capitalisme et celui-ci, cette fois, n'a pas vraiment d'intérêt à une guerre impliquant la Russie, car, cela pourrait déstabiliser la Chine et plus que jamais, le capitalisme a besoin de la Chine, qui relève d'un autre imaginaire. |
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lundi premier avril 2024 | lundi premier avril 2024 | Je
pourrais
faire la chasse aux poissons-d'avril dans la presse du jour comme les
enfants cherchent les œufs de Pâques dans les jardins malgré le mauvais
temps et le risque d'orages sur une partie du territoire. La difficulté
réside parfois dans la distinction entre ce qui relève du canular et ce
qui n'en relève pas. Ainsi, Donald Trump relayant sur son propre réseau
social une photographie du Président Biden ligoté à l'arrière d'un
pick-up... Est-ce vrai ou faux ? Sans doute vrai. Le traditionnel
poisson-d'avril a perdu de son intérêt depuis que la diffusion de
fausses nouvelles est devenue une industrie, un support publicitaire
s'appuyant sur les ressorts les plus troubles de l'esprit humain, ou
plutôt de la pulsion mauvaise humaine. Je ne vais donc pas chercher les fausses nouvelles même si j'ai souri en remarquant que La Croix avait laissé brièvement sur son site une édition où ne figuraient que les éléments de la maquette. Toujours dans La Croix, on évoque la légalisation du cannabis en Allemagne. Même si l'article commence par une dénégation, récusant la possibilité que ce soit un poisson d'avril, en est-on bien certain ? Comme l'information est reprise dans toute la presse, c'est sans doute vrai. Je vais plutôt réfléchir à l'écart sémantique entre le vrai et la vérité. Cela va bien m'occuper la journée entière sinon davantage. |
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jeudi 11 avril 2024 | jeudi 11 avril 2024 | Hier,
dans l'enceinte du Conseil régional de Bourgogne-Franche Comté, les
élus du Rassemblement national ont brandi des pancartes ordurières.
Certains les ont qualifiées de xénophobes. Elles le sont. Mais évoquer
la xénophobie et le Rassemblement national est une forme de redondance
dont on peut se passer. Ce qui me frappe, c'est que ces gens et leurs prédécesseurs d'extrême-droite avant eux, qui se targuent de vouloir rétablir un ordre qui aurait été détruit par un pouvoir faible sont en fait des trublions. C'est d'ailleurs pourquoi les territoires où ils sont élus sont des territoires de l'incivilité. « On a des grosses bagnoles et on vous emmerde ». C'est à peu près le seul message qui s'échange. Cependant, ce qui est inquiétant dans cette période pré fasciste, c'est qu'elle est mondiale et que l'on ne compte plus les pays où elle progresse. Elle progresse autant et tant que régresse la pensée, qui n'a pas bonne presse quant à elle. ON préfère croire que penser, c'est plus aisé. Et pour la consommation, c'est évidemment plus profitable. |
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mercredi 17 avril 2024 | mercredi 17 avril 2024 | Je
lis dans
la presse qu'un chef d'entreprise s'est fait accorder une rémunération
de plus de 36 millions d'euros. C'est magnifique. J'ai lu beaucoup de
commentaires sur cette rémunération, mais je n'ai rien lu qui réponde à
la question que moi, je me pose : que va-t-il faire avec cet
argent ? C'est pourtant, me semble-t-il une question importante. Va-t-il comme certains acquérir des médias ? Va-t-il investir dans l'industrie ? Le commerce ? Va-t-il se faire construire un palais sous la mer ? En fait, cela m'est égal. Ce qui m'intéresse, ce sont les mécanismes qui sont mis en place pour traiter les fortunes personnelles. Ce qui m'intéresse aussi, ce sont les motivations personnelles d'un homme qui fait voter une telle rémunération au conseil d'administration de son entreprise. Sur cela, je n'ai rien lu, mais j'ai peut-être mal cherché. Quel sera le poids de cette rémunération dans l'état guerrier du monde ? |
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mardi 23 avril 2024 | mardi 23 avril 2024 | Cette
année, le printemps n'arrive pas. Bien sûr, la nature a fait pousser
les feuilles des arbres, les fleurs de saison, mais les températures
demeurent encore hivernales. Cela ne va pas contribuer à faire baisser
la facture de chauffage des foyers de France et l'on ne mesure sans
doute pas suffisamment précisément l'impact de la facture de chauffage
sur le résultat des élections. Nul doute que les élections européennes
qui arrivent seront glaciales. L'hiver le plus terrible sévit dans les âmes à Gaza. J'ai commencé à lire un article sur la destruction de l'hôpital Al Shifah (le soin) et je n'ai pas pu le terminer, empli de peine et de douleur. Ce qui se détruit là, le dira-t-on, c'est, pour longtemps, la possibilité de la paix dans la région. Toute personne éclairée le sait, le voit, l'entend, le comprend. Sur le long terme, la destruction de cet hôpital aura un impact désastreux sur Israël. Et peut-être à moyen terme aussi. Pourquoi le printemps, cette légèreté, pourrait accepter de venir cette année ? |
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lundi 29 avril 2024 | lundi 29 avril 2024 |
Je
lis qu'à Châteauroux, un jeune homme de quinze ans a tué un autre jeune
homme de quinze ans à l'arme blanche. Cela fait maintenant plusieurs semaines que l'actualité fait état de morts violentes de très jeunes hommes tués dans des rixes qui sont parfois des lynchages. Les motifs semblent d'une ténuité navrante, tels des propos déplacés, une dette d'honneur... Chaque fois, l'arme du crime est un couteau. Les deux derniers meurtres qui ont fait la une de l'actualité n'étaient pas liés au trafic de drogue. C'est difficile à comprendre et il faut bien se garder d'avancer toute explication nécessairement hâtive. Mais, remarquons que ni les hormones, ni les couteaux n'ont été inventés en 2024. Quant à Châteauroux, la ville a plutôt une réputation tranquille. Je peux me faire aider par la sociologie. Ainsi, Thomas Sauvadet, pour le magazine universitaire en ligne The Conversation conclut un article de février 2021 par ces mots : « Il s’agit donc d’une montée en puissance des bandes, à la fois économique et culturelle, rendue possible en raison de la précarisation et la fragmentation économique et culturelle des classes populaires, qui elle-même renvoie aux évolutions économiques et culturelles des sociétés européennes, française en l'occurrence. » L'auteur évoque aussi le rôle des réseaux sociaux qui facilitent l'alimentation des conflits et la géolocalisation des victimes. Alors ? Pour aller vite, il me semble que la libido de l'avoir suscitée par l'organisation économico politique, c'est à dire par le capitalisme exacerbé par le libéralisme mondialisé, est conduit nécessairement au passage à l'acte, celui de l'acquisition légale, celui du vol, celui du meurtre. Contrairement à ce que peut croire ou faire semblant de croire le Premier ministre, il ne s'agit pas d'un problème d'autorité, mais de celui de règles communes partagées qui incluent l'empathie pour l'autre et le respect de l'autre en tant qu'autre. Il s'agit donc d'une morale sociale et c'est cette morale sociale qui est constamment battue en brèche par le pouvoir lui même qui fait semblant de combattre par la répression des conditions qu'il a lui-même mis en place. |
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vendredi 17 mai 2024 | vendredi 17 mai 2024 |
La
Nouvelle Calédonie. Les titres des journaux sont formels : le
pays s'engage dans une guerre civile. Si l'on y réfléchit, la
décolonisation s'est toujours accompagnée de guerres civiles, même en
Algérie. Surtout en Algérie. Le gouvernement annonce l'envoi de troupes
militaires. C'est donc bien une guerre coloniale. La situation de
l'archipel bouscule l'agenda de la politique intérieure, toutes les
oppositions criant haro sur le gouvernement... comme toujours. Et,
comme toujours, cela profite à l'extrême droite. Ces oppositions
fustigent la supposée faiblesse du gouvernement et du président. On l'a compris, même si, comme c'est mon cas, on ne sait rien de très précis sur la situation néo-calédonienne, le faisceau d'indicateurs relatifs à la décolonisation est là intégralement, que ce soit dans l'archipel ou en métropole. Il ne reste plus qu'à vérifier que le dégel du corps électoral, tel qu'il est envisagé, favoriserait aussi les classes sociales les plus privilégiées. On ne vérifiera même pas car cela va d'évidence. |
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mercredi 29 mai 2024 | mercredi 29 mai 2024 | J'entendais
hier un météorologue à la radio qui expliquait que le phénomène dit des
« gouttes froides » allait s'intensifier avec le
réchauffement climatique. Il s'agit en fait d'une sorte de décrochage
d'une poche d'air très froid qui quitte le courant d'altitude pour
s'arrêter au-dessus de nos têtes. Cela donne un temps instable,
difficilement prévisible, beaucoup de pluie et des températures qui
demeurent basses pour la saison. J'entendais aussi, dans le même
bulletin, que les sols étaient gorgés d'eau et que les agriculteurs ne
pouvaient parfois aller semer au milieu des champs au risque de
s'embourber. Le temps ressenti au nord de la Loire est celui d'un
mauvais mois de mars. Je suis certain que cela joue sur les intentions de vote aux Européennes. Le climat politique est pesant comme le climat. Le dérèglement du climat induit le dérèglement du climat politique. Je regarde la photographie qui présente les têtes de liste aux élections européennes. Ces personnes sont plutôt jeunes. Ce qui m'arrête, moi, c'est le sourire de Jordan Bardella. On lui a sans doute dit que l'un de ses atouts était ses fossettes. Alors, quand il sourit, il rentre un peu les joues pour mieux les faire apparaître. Nul doute qu'elles disparaîtront vite. Ce Monsieur, c'est un peu le « Dorian Gray » de la nouvelle d'Oscar Wilde ou bien encore ces personnages de films de série Z qui cachent un monstre sous un visage séduisant. Quand on le regarde, on attend inconsciemment que le masque tombe révélant le visage grimaçant du vieux Le Pen. Mais ça n'arrivera pas avant le 9 juin. |
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vendredi 31 mai 2024 | vendredi 31 mai 2024 | Les
radios
et sans doute les télévisions ont glosé toute la journée sur ce
qu'elles nomment « la dégradation » de la dette française
par l'agence de notation Standard & Poor's. Je crois qu'il faut
s'arrêter sur le terme « dégradation ». Pour le Centre national de ressources textuelles et lexicales, il s'agit de la « destitution, privation infamante de la dignité que l'on a »... Viennent ensuite d'autres acceptions, telles celle relative aux dégâts commis intentionnellement ou non et celle du dépérissement en raison de la vétusté. Bien sûr, l'agence en question n'a jamais eu l'intention, ni de couvrir les finances françaises de honte, ni de détériorer intentionnellement quoi que ce soit. Elle donne des notes, qu'elle augmente ou qu'elle baisse. Ce qui s'est passé aujourd'hui et qui ne constituait même pas une surprise, c'est que l'agence Standard & Poor's a baissé la note de la France en matière de solidité de sa dette. Mais, le terme « dégradation » entraîne une forme de drame au moins aussi important que celui qui frappe les équipes de football, quand elles aussi elles sont « dégradées » et qu'en conséquence leurs supporters commettent nombre dégradations (sans guillemets). Qu'on ne s'y trompe pas : la dramatisation induite par l'usage de cet anglicisme en voie d'intégration par la langue n'est qu'une soumission supplémentaire aux rites du capitalisme libéral. |
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vendredi 28 juin 2024 | vendredi 28 juin 2024 |
Je
reprends ce carnet laissé depuis presqu'un mois. Comme cela
semble loin les considérations sur la météo, même si elle n'est pas
franchement meilleure, à part peut-être ces deux derniers jours. Pas plus que les commentateurs inlassables des médias, je n'avais prévu que le président Macron allait dissoudre l'Assemblée nationale après les élections européennes qui ont vu le triomphe du Rassemblement national. Nous voterons dimanche et la France se prépare au pire. Il est moins que certain que nous n'aurons pas un gouvernement d'extrême-droite. Le lien avec la météo serait que le ou la ministre de l'Agriculture sera peut-être climatosceptique. Les médias, et la police sans doute aussi, craignent des scènes d'émeutes urbaines après les élections. Auparavant, cela faisait monter le vote d'extrême-droite. Cette fois, cela provoquerait quoi ? Ce que je crains, c'est que le peuple comprenne que tout cela est un jeu de dupe. Si le RN a la majorité, une fois la stupeur évanouie, il ne se passera rien de bien extraordinaire dans la vie des gens. Ces gens érigent la supposée normalité en dogme. Ils agiront donc normalement. Beaucoup d'entre-elles et d'entre-eux seront pris par le syndrome de l'imposteur. Mais, ce qui est certain, c'est que rien ne sera plus jamais comme avant. |
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mardi 16 juillet 2024 | mardi 16 juillet 2024 |
Je
me souviens des leçons d'histoire qui évoquaient cette période entre la
déclaration de guerre par l'Allemagne et le déclenchement effectif des
hostilités, que l'on a nommée La
Drôle de guerre. Il n'y a qu'en France que ce terme est utilisé,
car, les Allemands la nomme La
Guerre assise.
Mais en France, ce sont les personnels politiques qui sont assis. La
période actuelle n'est pas drôle, au sens d'amusante, elle n'est pas
non plus complètement tragique puisque nous n'aurons pas de
gouvernement populiste d'extrême droite. Enfin pas pour le moment, sauf
si par je ne sais quel tour de passe-passe le zébulon de l'Élysée
invente encore une manipulation délétère. La France est réputée ingouvernable et dès lors, les partis politiques dits de gouvernement, semblent s'évertuer à ne pas gouverner. Et le seul parti politique à qui, à juste titre, on dénie le droit de gouverner semble tout compte fait le seul prêt à le faire. Cet état de fait, pour odieux qu'il soit, risque de ne pas échapper aux Français très longtemps. La gauche se ridiculise, le centre se ridiculise, la droite se ridiculise... Comment tout cela va-t-il finir ? |
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mardi 30 juillet 2024 | mardi 30 juillet 2024 | La
France n'est toujours pas gouvernée mais un homme, assez joli et nommé
Jolly, lui a offert une crise joyeusement catharsique en la parade
inaugurale des Jeux Olympiques d'été à Paris. Je ne vais pas commenter
ici les différents tableaux et les diverses polémiques qu'ils ont pu
susciter. Ce qui est intéressant, c'est que la clarification se
poursuit, bien malgré le président de la République et qu'elle est à
l'œuvre mondialement. Aux États-Unis, une femme métisse a remplacé un homme visiblement affaibli qui n'avait pas vraiment démérité et elle porte des baskets qui sont déjà mythiques. Le Trump orangé a détesté la cérémonie d'ouverture des Jeux, ce dont on lui sait gré. Il rejoint ainsi le camp des grincheux dont certaines et certains sont fascisants, mais pas que. Il y a aussi des gens parfaitement respectables. Oui, mais, ils ont été mis soudainement, trop sans doute, face à leur obsolescence programmée et bien sûr, cela contrarie toujours. C'est ainsi à chaque rupture civilisationnelle, les mêmes, descendants des mêmes, crient à la décadence et à l'écroulement de la culture. On en connaît l'issue : ils perdent et ils ont toujours perdu. La culture, elle, ne s'en est pas plus mal portée. |
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jeudi 15 août 2024 | jeudi 15 août 2024 |
Les
Jeux olympiques sont terminés dans une forme d'effusion
unanimiste. On voudrait croire et nous faire croire qu'ils ont suffi à
ressouder une nation autour de valeurs communes qui sublimeraient les
différences et les antagonismes. Sur les réseaux sociaux, les images
des jeux tournent en boucle, que ce soient celles des cérémonies en
Technicolor ou celles d'exploits réussis ou ratés. Les organisateurs se
félicitent (c'est-à-dire, se réjouissent) que ce soient les premiers
Jeux olympiques paritaires. Et, en effet, les commentaires plus ou
moins graveleux sur le physique des hommes sont en passe de supplanter
ceux sur le physique des femmes. L'image d'un perchiste dont
l'appendice pénien fait tomber la perche est abondamment partagée et
commentée par les femmes comme par les hommes. Il en va de même des
photographies de ce jeune plongeur au maillot de bain avantageux. Dans
une perspective situationniste, les Jeux olympiques sont une des formes
les plus abouties de la société du spectacle. Ceux-ci en particulier.
Si Hemingway écrivait que Paris est une fête, la ville était ici un
décor. Et la France n'a pas de gouvernement. Le Président semble penser que le pays ne le déteste plus et ressemble à une marionnette de feu les Guignols. Le jeune premier ministre démissionnaire et désormais président de groupe à l'Assemblée nationale semble déjà curieusement défraîchi. Le personnel politique promis comme devant être celui du « monde d'après » a décidément rejoint le monde d'avant. |
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mardi 27 août 2024 | mardi 27 août 2024 | Et
toujours pas de gouvernement. Le piège tendu par les réactionnaires fonctionne. La dédiabolisation de l'extrême-droite ne peut être complète sans la diabolisation d'une partie de la gauche. En cela, les pitreries politiques de plusieurs personnalités de La France insoumise viennent porter main forte à ce projet. Viennent ensuite les petites frappes habituelles issues des lambeaux du gaullisme, qui promettent de censurer sur le champ un gouvernement avant même qu'il soit nommé. C'est en quelque sorte une logique putschiste conforme au mode opératoire de la Réaction internationale qui s'attaque au principe même de la démocratie. C'est une logique de bande sinon de gang. Le supposé centre, qu'il soit démocrate-chrétien ou bonapartiste plus ou moins libéral a contribué lui aussi au chaos en mettant dos à dos ceux-ci et ceux-là, espérant sans doute que ce qui reste du parti socialiste redevenu la SFIO le rejoigne. C'est un calcul absurde. Il faut être un traitre, l'avoir été de nombreuses fois pour imaginer que l'autre va céder à la traitrise. Mais, tout le monde n'est pas traitre, surtout pour jouer un rôle mineur avec des personnalités politiques mineures. Car c'est bien là que le problème se trouve, celui d'un système politico-médiatico-financier qui a engendré un panel politique faible dans la pensée, dans la conviction et dans sa capacité d'entrainement du peuple qui finit quant à lui, abruti par des heures de télévision frelatée, par confondre la nomination d'un gouvernement avec cette émission dont je ne sais si elle est encore diffusée où des imbéciles ou réputés tels étaient confinés sur une île où ils devaient se trahir les uns les autres pour mieux s'éliminer les uns les autres. Il n'y a pas de gouvernement car nous sommes confrontés à l'affaiblissement de la pensée même d'un gouvernement démocratique. |
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mardi 10 septembre 2024 | mardi 10 septembre 2024 |
À
défaut de gouvernement, nous avons un Premier ministre en la
personne altière quoique plus toute jeune de Michel Barnier, au regard
bleu fixé très au-dessus du haut du crâne présidentiel. Celui-ci nous
concocte donc un gouvernement pour la composition duquel il consulte,
surtout à droite, d'ailleurs. Beaucoup de commentateurs l'ont dit, la nomination de Michel Barnier signe la défaite du mouvement qui avait porté en 2017 Emmanuel Macron à la présidence, puis qui lui avait donné ensuite la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Michel Barnier, gaulliste savoyard, est quant-à-lui très ancien monde. Cela n'est pas nécessairement un mauvais signal. Les Françaises et les Français ne sont pas si bêtes pour ne pas avoir remarqué que le monde nouveau promis par le jeune homme d'alors continuait d'appauvrir les déjà pauvres et d'enrichir les déjà riches. Quant au ruissellement, à part celui de la bêtise et de la vulgarité, ils n'en n'ont pas vu la couleur. Ce retour aux constantes du gaullisme était flagrant lors de la passation de pouvoirs entre l'ancien et le nouveau chef du gouvernement. Le premier, déjà un peu flétri par huit mois d'exercice chaotique du pouvoir s'est montré imprudent en faisant son propre éloge. Le second, bien élevé, le lui a fait remarquer poliment, mais la politesse feutrée en apparaissait d'autant plus acérée. Si bien qu'à la fin, l'interminable marche du jeune homme vers l'Assemblée nationale, sans doute pensée par ses communicants comme une marche triomphale, ressemblait à celle d'un effronté gamin que son aîné renvoyait à l'école faire ses classes. Quant à son camarade de jeu avec lequel, dit-on, il serait en froid, on l'avait oublié, car ni l'ancien, ni le nouveau n'avait prononcé ni son nom, ni sa fonction. Puisqu'il est à la mode paraît-il de faire se retourner les morts dans leur tombe, De Gaulle a dû bien rigoler dans la sienne. Jaune, cela s'entend. |
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vendredi 4 octobre 2024 | vendredi 4 octobre 2024 |
Le
vote pour le Rassemblement national est un vote réactionnaire
et même rétro réactionnaire. Il s'appuie sur le fantasme que le temps
pourrait s'arrêter et qu'il pourrait même revenir au temps glorieux des
années 1950. Bien sûr, de très nombreux électeurs du RN n'ont pas connu
ces années. Il s'agit en fait d'une parousie rétroactive, ou plutôt
d'un paradis perdu. En cela, la nomination de Michel Barnier au poste
de Premier Ministre est une sorte de gage donné à ces tenants
sectaristes. La stature de l'homme sénior, qui se tient droit, qui
parle posément, qui ne répond pas aux pitreries pourtant lassantes de
LFI et qui donne régulièrement une fessée rhétorique aux jeunes loups
de la Macronie, tout cela rassure. Quand on allume la télévision et
qu'on le voit répondre aux députés, on pourrait croire que le monde n'a
pas changé. Il le sait et il en joue et c'est toute l'habileté de
l'hôte de l'Élysée que de l'avoir compris. Pour autant, le monde, lui, change. |
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mercredi 16 octobre 2024 | mercredi 16 octobre 2024 | J'ai
entendu hier Éric Ciotti reprocher à Michel Barnier de présenter un
budget socialiste. Voilà bien la marque de la déraison de ce temps. On
peut dire n'importe quoi même et surtout sur les bancs de l'Assemblée
nationale. Le pauvre Ciotti, comme toujours ridicule, semblait
satisfait de sa trouvaille rhétorique minable. Il faut certainement
saluer le sang-froid du Premier Ministre qui d'une voix un peu blanche
l'a ramené à la raison. Pendant ce temps, les idées d'extrême droite prospèrent sur l'argument du « bon sens ». Les médias ont conformé l'opinion publique d'une manière très efficace pour que l'on considère que la justice sociale, la redistribution, l'impôt selon sa capacité financière, l'hospitalité, que tout cela soit considéré comme des utopies néfastes qu'il faut combattre résolument, radicalement. Le piège est redoutable : on instaure une société de « surconsommation », ce qui donne à la T.V.A un rôle démesuré dans le financement de la chose publique. Or, la T.V.A est de tous les impôts le plus injuste, qui taxe également le démuni et le nanti. Comme dans les pires années qui ont précédé les guerres, la classe dirigeante est à ce point frelatée que le peuple pourrait se livrer pieds et poings liés à quelque populiste aventurier. Il aura même le choix. Avec le recul, c'est ce qui s'est passé dès 2017, mais le populisme s'était dissimulé sous un bonapartisme de la première époque. C'est assez incroyable de constater qu'en dix ans seulement, le même homme, de Napoléon premier est devenu une sorte de Napoléon 3 acculé par sa propre défaite. |
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jeudi 7 novembre 2024 | jeudi 7 novembre 2024 |
Novembre
est dans la brume et les États-Unis ont un nouveau président qui a déjà
été président. Cela place Nicolas Sarkozy en position de tête pour les
prochaines élections présidentielles françaises, même si ses dérapages
personnels lors de sa présidence sont des broutilles au regard de
celles du monstre orange d'outre Atlantique. Car le monstre qui a été élu par des citoyens aliénés par la désinformation systématique est un monstre à deux têtes. L'homme qui veut conquérir Mars et dont l'entreprise devrait permettre en février de sauver des astronautes en rade à cause de moteurs Boeing défaillants semble bien être la tête pensante quand l'autre est la tête hurlante. La mégalomanie d'Elon Musk n'est plus à démontrer ni même à décrire. Musk vit dans un monde parallèle, un peu comme ces mondes virtuels où l'on peut faire tout ou presque ce que l'on fait dans le monde réel. Il l'a prouvé pendant la campagne en organisant une loterie qui permettait à des personnes allant signer une pétition de gagner chacun un million de dollars, comme dans un jeu vidéo. Il semblerait que la pétition était en fait truquée. On peut supposer que le milliardaire n'en sera pas inquiété. Ainsi, plus encore qu'une privatisation des États-Unis et potentiellement de la terre, il s'agit d'une virtualisation dans laquelle Musk est le maître du jeu. On se souvient qu'en anglais le mot « trump » signifie « atout ». Certains médias ont titré sur le fait que Musk serait l'atout de Trump. C'est l'inverse. Trump l'atout est l'atout du jeu global de Musk et le jeu que Musk veut nous faire jouer ne s'embarrasse d'aucune autre règle que celles qu'il aura inventées. Mais, ce qui est certain, c'est qu'il construit un jeu dans lequel il est le seul véritable gagnant. |
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mercredi 13 novembre 2024 | mercredi 13 novembre 2024 |
Je
relis ce que j'écrivais il y a six jours et les événements récents ne
démentent pas mon analyse. C'est presqu'ici une litote. En nommant Elon
Musk ministre, ce qu'effectue l'homme orange est une sorte de
privatisation des États-Unis. Mais il ne s'agit pas seulement d'une
privatisation économique, mais aussi et surtout d'une privatisation des
imaginaires. Plus encore que celui qui est supposé reprendre le pouvoir, Musk est un personnage de science-fiction, d'une science-fiction parmi les plus cruelles et les plus dangereuses. Il serait faux de penser que c'est l'intérêt pécuniaire qui l'anime. Il veut être maître du monde. Et même des mondes. Quant à la politique française, elle est illisible. Chacun y va de son tour de passe-passe. C'est une sorte de brouhaha permanent. Il paraît bien évident que l'avenir se joue maintenant bien ailleurs. Les Palestiniens continuent de mourir en masse. J'imagine que Musk conseille aussi Netanyahou. |
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vendredi 15 novembre 2024 | vendredi 15 novembre 2024 | Hier,
il y avait un match de football entre l'équipe de France
et l'équipe de l'Israël. Personne n'a marqué. Les complotistes iront
imaginer que l'équipe de France avait eu pour consigne de ne pas
marquer mais tout autant celle de ne pas laisser marquer. Mais, la
vérité est plus certainement que
personne n'a envie de jouer dans de telles conditions. Il ne s'agit
plus de sport, il ne s'agit surtout plus de fête. Le gouvernement français agit par communiqués inaudibles. La politique française est un peu comme le stade de France hier. Elle est très surveillée, mais il ne se passe rien. Il y a quand même un ancien ministre de l'Intérieur, pendant des années, qui critique un réquisitoire de justice à l'encontre de la présidente d'un parti d'extrême droite qui avait mis en place un système de détournement d'argent européen au profit du fonctionnement de son parti. Les masques tombent comme dirait le président de la République s'il pouvait encore parler. Quelle période attristante. Mais tellement prévisible qu'on peine même à la commenter. |
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lundi 25 novembre 2024 | lundi 25 novembre 2024 | Si
je m'en tiens aux gros titres, je retiens que Netanyahou et son ancien
ministre de la Défense sont condamnés par la Cour pénale
internationale. Bibi se défend en accusant la cour d'antisémitisme.
C'est cela qui me choque le plus. L'antisémitisme est odieux. Utiliser
l'accusation d'antisémitisme à tort et à travers, c'est faire justement
le jeu des antisémites. Jamais Israël n'a perdu autant qu'avec cet
homme, notoirement corrompu, qui a fait alliance avec l'extrême droite
la plus haineuse, celle qui prône une colonisation sans concession. Il
faut être aveuglé pour ne pas comprendre et voir que la seule réponse
qui peut être opposée à la revendication de la domination juive sur la
Judée-Samarie est celle des Palestiniens de la mer jusqu'au fleuve. Ce
n'est pas comme cela que l'on avancera vers la paix, et celle-ci paraît
chaque jour plus lointaine. On finit presque par être plus optimiste sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Et pourtant le docteur Folamour russe brandit la menace nucléaire avec ses alliés nord-coréens. Depuis sa victoire le pantin orange d'outre Atlantique nomme une kyrielle de ministres composant le gouvernement le plus tragiquement cocasse de tous les temps. Mais cela ne fait rire personne. On ne peut même plus évoquer ici la politique française car il n'y a plus de gouvernement français. Mais il n'y a plus vraiment de parlement non plus et on lit dans la presse que le président de la République ne prend plus la parole pendant les réunions du conseil des ministres. Tout cela serait pitoyable si, là aussi, ce n'était pas tragique. |
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mardi 3 décembre 2024 | mardi 3 décembre 2024 |
La
France n'a plus
de gouvernement. Certes, officiellement, il n'est pas encore tombé,
mais, ne tomberait-il pas qu'il serait déjà tombé. Qu'a-t-on vu ?
Un chef de gouvernement qui va négocier des mesures populistes mais
populaires avec l'extrême droite en échange de la promesse de ne pas
choir sous le coup d'une motion de censure pour finalement être trompé.
Pourtant, qui pouvait croire sérieusement que ne pas indexer les
pensions de retraite sur l'inflation et augmenter le coût de
l'électricité était une mesure acceptable ? Qui pouvait croire
aussi que les retirer en laissant le bénéfice politique de ce retrait
au parti populiste était une bonne idée ? Tout cela était pour
l'observateur cousu de fil blanc. Pendant ce temps, Bolloré et les siens tissent leur trame d'une emprise toujours accrue sur les médias. Il semble que le groupe Bayard a su trouver les forces pour résister à l'infiltration qui était projetée par un proche de M. de Stérin. Le même groupe s'est retiré de l'acquisition d'une école de journalisme non reconnue par la profession. Mais que voit-on ? Comme jadis, les populistes néo-fascistes font alliance quand les démocrates se déchirent, comme s'ils ne se rendaient pas vraiment compte du péril qui les menace. Cela rappelle les heures les plus difficiles de la démocratie qui n'a point appris, donc, qu'il fallait se redresser et s'affermir avant le chute. Et Donald Trump va venir pour la réouverture de Notre-Dame. |
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samedi 7 décembre 2024 | samedi 7 décembre 2024 | C'est
fait. Le gouvernement de Michel Barnier est tombé sous le
coup d'une motion de censure votée par la gauche et l'extrême droite
populiste. Il y a quelques années, personne n'aurait pu croire cela
possible. C'était pour autant inéluctable puisque ce gouvernement
s'appuyait sur des forces politiques devenues minoritaires. Il s'agit désormais de trouver une majorité de gens raisonnables. Je crains que ce socle commun ne soit en fait la bourgeoisie et qu'elle soit composée de gens qui vont faire leurs courses dans les mêmes endroits et parlent la même langue. Quand ils font leurs courses, bien sûr. Il va falloir trouver des personnes qui acceptent de travailler ensemble jusqu'au moment où l'assemblée nationale pourra de nouveau être dissoute. Je pense que c'est cela que signifie le terme « gouvernement d'intérêt général ». C'est pour moi un terme étrange puisque si l'on y réfléchit, tous les gouvernements devraient être d'intérêt général. À force de manier la même langue usée dans les coulisses du pouvoir ils ne se rendent même plus compte qu'ils disent des absurdités. Tout le monde a d'ailleurs repris cette absurdité, les médias au premier chef, sans sourciller. Peut-être aurons nous d'ailleurs un « gouvernement d'intérêt général », mais il faudra alors convenir que les précédents ne l'étaient pas. C'est aujourd'hui que la cathédrale de Notre-Dame réouvre. |
30 |
lundi 9 décembre 2024 | lundi 9 décembre 2024 | Je regarde
les photographies des officiels qui assistaient à la réouverture de
Notre-Dame. Je ne peux m'empêcher de trouver qu'ils ont l'air ridicule,
toutes et
tous, sans exception. La photographie donne irrésistiblement envie de
jouer à « Où est Charlie ? » Mais, il n'est pas là. J'ai
patiemment vérifié. Le même jour ou presque l'armée s'opposant au régime syrien a pris la capitale Damas après avoir pris Alep, Homs et Hama. Il ne s'agit pas ici de trouver Charlie mais Bachar, qui s'est enfui. Il a bien fait, car son palais et sa résidence privée ont été pillés. Serait-il en Russie ? Peut-être. Après l'avoir lâché, les Russes peuvent bien l'héberger. Tant qu'ils ne l'envoient pas en Ukraine... À Paris, le président élu des États-Unis a rencontré le président de l'Ukraine. Cela est présenté comme un succès diplomatique pour le président français. Il est plus habile à cela, semble-t-il, qu'à former des gouvernements. Car la France est encore sans gouvernement après que le précédent a été censuré par une majorité de députés. En fait, Charlie à Notre-Dame, c'est Gabriel Attal. Sans doute l'un des plus jeunes des invités, sinon le plus jeune, il est à la fois ancien ministre, ancien premier ministre. Il est très correctement placé, au troisième rang, devant Bruno Lemaire et c'est heureux pour lui, car aurait-il été derrière qu'on ne l'aurait pas vu. La remarque peut sembler déplaisante. Elle l'est et elle est surtout stupide. En fait, tous ces gens sont dans une cathédrale qui n'est pas encore consacrée. C'est le lendemain que c'était du sérieux, comme en son temps aurait dit Sarkozy, s'agissant certes d'une autre histoire. |
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vendredi 13 décembre 2024 | vendredi 13 décembre 2024 | Ce matin,
le président de la République devrait annoncer le nom du prochain
premier
ministre ou de la prochaine première ministre. Certains médias
annoncent une
surprise présidentielle. Moi, je renonce à attendre la surprise comme
s'il s'agissait de ces cadeaux de noël qu'on fait semblant d'attendre
alors que l'on sait déjà que l'on sera déçu. Et je suis déjà fatigué à
l'idée
d'être atteint par les commentaires. Il est si difficile d'éviter les
commentaires, même les plus stupides ou les plus partisans, ce qui va
souvent de pair.Sauf à s'enfermer et à se déconnecter, je ne vois pas de possibilité. Qu'est-ce qui peut changer ? La politique migratoire va-t-elle changer ? La France va-t-elle reconnaître la Palestine ? Va-t-on enfin donner des moyens aux urgences des hôpitaux et plus largement aux hôpitaux eux-mêmes ? Va-t-on laisser les enseignantes et enseignants appliquer des méthodes visant à l'épanouissement plutôt qu'au socle de ceci ou de cela ? Depuis le temps que l'on socle les enfants, ils devraient avoir pris racine. D'ailleurs, il y a de moins en moins d'enfants parce que le monde incite peu à en faire. Réarmement démographique ou non. Si la majorité des Françaises et des Français ressentent seulement la moitié de la fatigue que je ressens, ça ne peut pas bien se passer. Et je ne trouve pas pour ma part que la pseudo libération du peuple syrien par des djihadistes soit une aussi bonne nouvelle qu'on le prétend. La chute du régime baathiste est une excellente nouvelle. Le Baath a certes trahi tant en Irak qu'en Syrie, ô combien, les espoirs de laïcité et de démocratie qui l'avaient fait naître. Il n'en reste pas moins qu'il est douteux d'espérer qu'une démocratie libérale advienne sous l'empire d'un islamisme radical qui, parions-le, va vite se transformer en joug. Et le premier ministre est... |
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vendredi 27 décembre 2024 | vendredi 27 décembre 2024 | Le
nouveau Premier Ministre est certainement un homme de bonne volonté. Il
n'est cependant pas certain que cela suffise à remettre le pays en
marche. Il paraît, à en croire les médias, que le casting rassurerait
les Français. C'est surtout qu'il rassure les médias de droite et que
rassurant les médias, il rassure les marchés. Cette nécessité des
marchés est d'ailleurs le dernier et seul rempart qui ait empêché le
président de la République d'appeler des élus du Rassemblement
national. On le regretterait presque, car le gouvernement aurait alors
été censuré dans l'heure. Madame Le Pen aurait pu se rassurer sur son
statut d'opposante parlementaire minoritaire. Et nous aussi. Mais, cela
n'aurait pas rassuré les marchés. On voit à l'évidence des ententes sourdes entre certains ministres. Si elles sont secrètes, elles ne le sont pas vraiment et ce sont des ententes que les couloirs du pouvoir connaissent bien et qui prétendent, par un « ni gauche, ni droite » cimenter une union sacrée et fraternelle. Mais si cette union fraternelle avait jamais suffi à gouverner le pays, on l'aurait déjà vu et on le saurait déjà. La vérité est toute autre. Tous ces gens ont trop menti, ont trop trahi et ce, depuis le siècle dernier. Or, ce dont le pays a besoin, c'est d'un régime de vérité qui puisse s'opposer à la doxa arasante déversée par les populistes. Pour le moment, ce sont les populistes qui semblent gagner un peu partout dans le monde. Certainement y a-t-il des signes de renouveau, ici et là, pour que l'on puisse espérer. Mais ils sont si ténus qu'on ne les perçoit pas. Et pourtant, on y est bien attentif. |
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