Diégèse
Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
lundi premier juillet 2024





2024
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les narratrices et les narrateurs du protocole d'écriture de 2024










mardi premier juillet 2003 précédemment 27 juin 2024 Danièle Les festivals tombent les uns après les autres. La maire d'Aix-en-Provence et celle d'Avignon se rejoignent pour crier à la catastrophe. Elles sont pourtant du même parti et de celui qui gouverne. C'est donc que l'on peut penser ceci à Paris et cela plus au sud. Mais, il n'y a pas qu'au sud que le combat pour l'intermittence prend ce tour si spectaculaire qu'est la mise à l'arrêt des festivals. À Carhaix aussi les Vieilles Charrues ne labourent plus. Tout le monde y va de sa complainte sur l'impact économique négatif pour les territoires. C'est donc bien que ces festivals, il en va d'évidence, ont un impact économique positif quand ils se tiennent. Est-ce bien cela l'important cependant  ?

Je ne sais pas ce qu'il en est ici, mais, je suppose que les manifestations estivales sont aussi suspendues. Grenoble n'est jamais en reste dans la contestation pour l'art et le culture et la ville demeure solidement à gauche.

Je ne sais pas depuis combien de temps je ne suis pas allée écouter un concert. J'y allais parfois avec toi et peut-être y vas-tu encore, toi... Désormais, je n'y pense même pas. Je suis très étrangère à l'idée de m'asseoir pour écouter de la musique pendant une heure ou deux. Les jeunes, c'est bien sûr différent. Ils bougent, dansent, communient. Mais, moi, m'asseoir seule dans le silence de la musique. J'évoque le silence de la musique, qui est certes un oxymore, car la musique m'est désormais silencieuse. Je l'entends, mais je ne ressens rien à son écoute. C'est juste comme un peu plus de bruit.








suite le : 3 juillet 2024










jeudi premier juillet 2004 précédemment 25 juin 2024 Esteban Dans notre usine, c'est de tradition, il y a les juillettistes et les aoûtiens. Je ne sais pas pourquoi on ne dit pas les « aoûtistes ». Ou bien c'est plutôt que l'on ne dit pas « juilletiens » parce que c'est jugé imprononçable. Il faudrait vérifier dans un dictionnaire, un jour.

Je me souviens, quand j'étais petit, les usines fermaient au mois d'août. Donc, tous les « congés payés » partaient ce mois-là. Nous, les enfants, nous avions les maisons pour nous seuls. Les pères travaillaient et les mères souvent aussi. Le mois de juillet était le temps des découvertes, des aventures et une fois devenus assez grand, il était aussi le mois des premières amourettes, des embrassades qui parfois allaient un peu trop loin. Je ne sais pas si l'on a jamais constaté un pic de naissances au mois d'avril.

Je me souviens de ces longues journées de juillet où le soir nous cueillait poussiéreux et fourbus d'avoir couru ou parcouru les chemins à bicyclette comme dans cette chanson chantée par Yves Montand.

Cette année, les jours du mois de juillet sont pour moi beaucoup plus courts. Je suis encore très fatigué et je dors la moitié du jour. J'ai l'impression que l'on m'a volé cet été. Peut-être que ce n'est que le premier été que l'on me vole ainsi. Il y en aura d'autres.

J'espère pouvoir travailler au mois d'août. Je me suis porté volontaire. Les camarades ont rigolé, me conseillant plutôt de rester tranquille jusqu'en septembre. C'est qu'ils ne savent pas.








suite le : 7 juillet 2024










mercredi premier juillet 2009 précédemment 29 juin 2024 Jeanne Alors, une fois de plus, j'ai croisé le regard d'un être humain à qui l'on vient d'annoncer que sa vie s'arrêtera plus tôt qu'il ne l'avait jamais imaginé. Je redoute toujours ce moment, même si je ne me dérobe pas. J'imagine ce que serait pour cette femme, pour cet homme, jeune ou non, de rencontrer un regard détourné comme de crainte d'attraper la mort. Mais, la mort ne se transmet pas de cette façon, pas par le regard. En revanche, la vie trouve sa force dans le regard d'autrui.

Je pense que Loïc se doutait de quelque chose quand nous lui avons dit qu'il verrait le médecin ce matin alors que ce n'était pas prévu. Puis, Loïc est sorti du bureau du médecin et j'ai rencontré son regard. Je voulais lui donner de la force, moi qui connaissais une bonne partie du chemin qu'il aurait à faire. Je l'ai conduit à la machine et j'ai posé sur son visage le masque de résine qui guide le rayon. Il en a plaisanté en me demandant s'il s'agissait d'un masque mortuaire. Je lui ai dit que nous n'avions pas en stock ce type d'accessoire. Et nous avons ri. Mais, quand j'ai quitté la pièce pour que le robot fasse son travail, j'ai bien vu sur les joues de Loïc, couler deux larmes qui descendaient bravement vers le cou.

Je suis sortie prendre une bouffée d'air en regardant la mer depuis la terrasse du centre. Quelques collègues fumaient, au mépris du cancer qui était soigné à quelques mètres de là, ce cancer qui avait bien des chances de se transmettre, sinon par le regard, au moins par la fumée de ces satanées cigarettes.








suite le : 7 juillet 2024
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