Diégèse | Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam | ||||||||
mardi 29 octobre 2024 | 2024 |
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ce
travail est commencé depuis 9069 jours
(3 x 3023 jours) |
et
son auteur est en vie depuis 23522 jours
(2 x 19 x 619 jours) |
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ce
qui représente 38,5554% de sa vie |
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hier | L'atelier
du
texte |
demain |
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table
des narratrices et des narrateurs |
les narratrices et les
narrateurs du protocole
d'écriture de 2024 |
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lundi 29 octobre 2001 | précédemment | 15 octobre 2024 | Bernadette | À l'hôpital, chaque fête apporte de nouveaux patients. La période de la Toussaint et de Halloween ne faillit pas à la règle. Les patients de la Toussaint sont plutôt des patients âgés qui se sont blessés en allant fleurir leurs tombes, qui sont tombés ou se sont coincé le dos et qui arrivent pliés en deux, parfois amenés par le SAMU prévenu par les gardiens du cimetière. Dans quelques jours nous aurons tous ceux qui ont pris froid et qui, pour une raison de santé ou une autre, ne devaient pas prendre froid. Les blessés de Halloween sont souvent dans un état plus grave. Cette fête importée, qui permet de vendre des déguisements en pagaille, se fonde sur la peur et rien ne fait vraiment plus peur que les vrais couteaux, les vraies haches et les vraies scies. C'est ainsi qu'il nous arrive chaque année des naufragés d'Halloween qui ont pris la chose trop au sérieux et ont remplacé par du sang véritable l'hémoglobine de synthèse utilisée dans certains jouets spécialisés. Avant de travailler ici, je ne croyais pas cela possible. Je n'y avais même jamais pensé. Mais c'est possible. D'ailleurs, cela devrait faire partie de la formation, la capacité de faire face à la bêtise humaine, surtout quand elle est encouragée par le mercantilisme. Être soignant, c'est aussi lutter contre l'absurde. |
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suite le : | 8 novembre 2024 | |||||||
vendredi 29 octobre 2004 | précédemment | 5 octobre 2024 | Esteban | Ce sont les derniers jours avant d'aller une nouvelle fois à l'hôpital. Je me disais ce matin que j'espérais que ce soit la dernière fois. Et puis, je me suis rendu compte de l'ambiguïté de la phrase. En fait, malgré tout, j'espère que ce ne sera pas la dernière fois... de ma vie et que j'en sortirai vivant pour pouvoir y retourner pour faire des contrôles qui, avec le temps, deviendront habituels. Mais, je sais déjà que cela ne deviendra jamais habituel. Nous sommes allés faire quelques courses. J'ai pris un nouveau pyjama et des sous-vêtements neufs qu'il faudra cependant laver avant que je les porte. Je préfère savoir qu'ils sortent de la machine à laver. C'est plus sain. Je sens déjà l'odeur de la Bétadine avec laquelle je devrai me savonner tout le corps en insistant bien, me dira l'infirmière, sur les plis, derrière les oreilles et les cheveux. J'ai pu obtenir une chambre individuelle. J'entre jeudi prochain. Je ne sais pas quand je pourrai sortir. |
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suite le : | 4 novembre 2024 | ||||||||
jeudi 29 octobre 2009 | précédemment | 27 octobre 2024 | Jeanne | Je relis ce que j'ai écrit il y a seulement deux jours et je
n'ai plus accès à ce que j'ai ressenti sur la plage du Prado en
regardant ces enfants. Ce matin, en allant au travail, j'ai croisé un
autre groupe d'enfants qui partait sans doute en sortie scolaire. Mon
regard est passé rapidement d'une tête à une autre et je me suis
surprise à essayer de percevoir laquelle ou lequel pourrait être
malade. Quand je me suis rendue compte de ce que je faisais, j'ai
essayé d'arrêter, mais c'était déjà trop tard. Alors, je me suis imaginée enseigner dans une classe et commencer chaque journée en scrutant chaque enfant pour tenter de distinguer sur son visage les signes encore diffus d'une maladie mortelle. Alors, j'ai pleuré et je suis arrivée en pleurant. C'est évidemment ce qu'il ne faut pas faire quand on travaille dans une unité de soins palliatifs. Ces patients qui vont mourir n'ont pas besoin de voir ni même de savoir que les soignants pleurent. Après tout, ils pourraient à juste raison le prendre pour eux. Cette dernière phrase me fait sourire puis me fait rire. Je passe des rires aux larmes et des larmes aux rires. Je ne vais pas bien. |
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suite le : | 2 novembre 2024 | |||||||
samedi 29 octobre 2011 | précédemment | 13 octobre 2024 | Laurence | Je ne suis pas mise en examen, mais je serai entendue en tant que témoin assistée. C'est juste le niveau en dessous. En faculté de médecine, on a quelques cours de droit, notamment sur le secret médical. Assez souvent, je les ai séchés, me contentant d'apprendre par cœur les quelques phrases à savoir pour l'examen. En fait, c'est assez complexe, car la disposition du code pénal veut surtout protéger le patient contre les atteintes au secret médical. L'article législatif qui le définit, le 226-13, est d'ailleurs dans le Titre II relatif aux atteintes à la personne humaine, dans le Livre consacré aux crimes et délits contre les personnes. Bien sûr, le secret médical connaît des exceptions, mais elles sont en nombre limité. Et, comme toujours, il y a des zones grises. Le médecin, par exemple, doit signaler au préfet le caractère dangereux d'une personne dont il sait qu'elle détient une arme ou qu'elle a l'intention de détenir une arme. Sauf à considérer que le pénis est une arme potentielle, je ne vois pas pourquoi j'aurais signalé au préfet que le patient triste a un pénis. D'ailleurs, c'est seulement une supposition, car, je n'ai pas eu à en connaître. C'est sans doute pourquoi je suis citée par l'accusation en tant que témoin assisté. Mais, je n'ai rien à dire. D'ailleurs, même au-delà de la situation juridique, rien n'indiquait que mon patient était susceptible de passer à l'acte. Mais je me serais bien passée de toute cette histoire. |
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suite le : | 12 novembre 2024 | ||||||||
lundi 29 octobre 2012 | précédemment | 11 octobre 2024 | Mathieu | Le psychiatre que j'ai consulté tourne autour du pot. Je lui ai raconté cet enfant qui me hante la nuit. Je lui ai raconté le voyage en Corée où je n'avais pas pu sortir de ma chambre d'hôtel. Je lui ai raconté l'amour transi pour ma voisine qui n'avait pas rejoint Séoul mais Brive-la-Gaillarde. Je lui ai raconté le changement d'appartement, les tests ADN, bref, tout ce pour quoi je venais le voir. Et il m'a écouté. Il m'a demandé si je me sentais bien dans mon travail, ce que je faisais et ce que je faisais avant d'arriver ici. Je lui ai dit que je travaillais pour une compagnie de danse qui m'avait licencié et que j'avais changé de branche pour aller plutôt vers la régie d'expositions pour les musées ou les galeries d'art. Il m'a demandé si mes fonctions précédentes me manquaient et si je regrettais de les avoir laissées. J'ai répondu que j'étais très heureux dans mes nouvelles fonctions, mais, il ne s'est pas arrêté là et m'a interrogé sur les raisons pour lesquelles j'avais été licencié. Alors, j'ai tout déballé. J'ai été harcelé par une chorégraphe, moralement et sexuellement et quand je me suis plaint, elle m'a accusé de n'avoir pas bien fait mon travail et d'avoir mis en danger un groupe d'enfants qui venait danser avec elle dans le cadre d'ateliers de pratique artistique. J'ai été licencié pour faute lourde. Mais je ne voyais pas ce que cela avait à voir avec mes cauchemars. Il m'a dit que l'on y reviendrait. |
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suite le : | 31 octobre 2024 | ||||||||
29 octobre | |||||||||
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