Dimanche 9 septembre
Mémoires d'Hadrien
M. Yourcenar
J'ai cru jadis qu'un certain goût de la beauté me tiendrait lieu de vertu, saurait m'immuniser contre les sollicitations trop grossières.
Mais je me trompais. L'amateur de beauté finit par la retrouver partout, filon d'or dans les plus ignobles veines, par éprouver, à manier des chefs d'œuvre fragmentaires, salis ou brisés, un plaisir de collectionneur seul à collectionner des poteries crues vulgaires.
Ce que je prends de ces "mémoires" aujourd'hui pourrait bien être ensuite, par la suite, ce glorieux éloge de la douleur après la mort d'Antinoüs.
Antinous: A Poem, dont Pessoa indique qu'il est écrit à Lisbonne en 1915, se termine donc ainsi :
His head was bowed into his arms, and they
On the low couch, foreign to his sense, lay.
His closed eyes seemed open to him and seeing
The naked floor, dark, cold, sad and unmeaning.
His hurting breath was all his sense could know.
Out of the falling darkness the wind rose
And fell. A voice swooned in the courts below.
And the Emperor slept.
On unseen arms of power and repose.
On the low couch, foreign to his sense, lay.
His closed eyes seemed open to him and seeing
The naked floor, dark, cold, sad and unmeaning.
His hurting breath was all his sense could know.
Out of the falling darkness the wind rose
And fell. A voice swooned in the courts below.
And the Emperor slept.
The gods came now
And bore something away, no sense knows how,On unseen arms of power and repose.
On ne sait comment on avait pu ignorer cela, qui fait pourtant si bien écho avec ces phrases du poème écrites ici le 24 juin 2010 :
Je
pourrais quitter la chambre, m'éloigner de ton ensorcellement
endormi.
Je pourrais m'éloigner de toi et suivre la rue dans l'insouciance du passant.
Je passerais sous la fenêtre de la chambre et n'en serais pas moins lié à ton sommeil.
Je pourrais m'éloigner de toi et suivre la rue dans l'insouciance du passant.
Je passerais sous la fenêtre de la chambre et n'en serais pas moins lié à ton sommeil.