À cor et à cri. M. Leiris p 89
Pour que soit accomplie aussi parfaitement que je le souhaite ma tâche d'écrivain, il ne suffit pas que ce dont je parle soit attrayant ou intéressant voire – au cas où, moins avare, la chance le voudrait – passionnant. Ce qu'il faut pour que mon vœu soit rempli, c'est qu'au départ quelque chose d'aussi secret qu'une douleur sourde me tracasse et tende à monter au jour – poussée nécessaire pour que soit dépassée l'action banale de raconter, exposer ou démontrer. Avant même de savoir de façon précise quelle sensation, quel sentiment ou quelle idée en est la source, me faire aussi persuasivement que je le puis le porte-parole de cette chose apparemment en mal d'être entendue, c'est en cela que consiste mon travail, en ces moments que, plus idéaliste que je ne le suis, je n'hésiterais pas à prétendre « inspirés ».
On n'a pas lu l'ouvrage en question mais la quatrième de couverture en est la suivante :
« Le
Journal de Michel Leiris se donne à lire comme un véritable carnet de
travail. Il permet au lecteur de considérer toute l'œuvre dans une
perspective génétique nouvelle. Jean-Jacques Queloz a tiré parti de
cette opportunité. Les premiers crayons de À cor et à cri l'ont conduit
à dégager la poétique de cette œuvre: évacuation du "je" au profit du
"il", pour que la poésie soit atteinte et le discontinu brisé. Ainsi,
nous faisons un pas de plus dans la connaissance d'une figure majeure
et singulière de la littérature du XXe siècle. »
C'est bien comme cela que l'on avait compris l'intérêt de l'ouvrage.