Angoisse, de, je crois, devoir trop attendre de le voir et m'inquiéter donc.
Ce n'est pas du tout ça.
Angoisse de fait de devoir le quitter.
Ce n'est pas ça en fait, l'angoisse n'est qu'impatience et cela, sans cesse, renouvelé.
27 oct 91. Soir
Le dialogue de la veille, contrit, entre le prophète et le Sauveur pèse sur la soirée, calme, cependant sans aucune autre attente que celle qu'elle se finisse dans le froid nécessaire de la séparation.
J'écrivais donc : « Les figures de ces textes de fragments, par leur protocole même de production quotidienne, sont sensibles aux saisons. Ainsi, l'automne est propice à la venue de la figure de l'attente qui prend pour prétexte la figure plus spécifique de l'attente amoureuse. Mais ce n'est qu'un prétexte car le texte n'attend rien et les personnages n'attendent rien. Quant à l'auteur, il attend seulement que la production des fragments ne cesse pas et que les saisons du texte continuent de succéder aux saisons du texte. »
La citation de Barthes était la suivante : « C'était au contraire pour indiquer par ce geste que je vivais une sorte de point zéro du désir et que tout était en moi aussi étale que le paysage. »
Je réécoute le cours pour replacer la citation dans son contexte, celui de ce cours où l'on entend de jeunes personnes rire aux petites plaisanteries du maître. Je m'étonne de la liberté de Barthes qui, d'une certaine manière, à sa manière, raconte ses vacances et précisément un tour en auto dans la campagne jusqu'à un point en hauteur duquel on peut admirer l'Adour.
Quel est le moment que décrit ici Barthes ? Celui où il croise les bras, comme, dit-il, une sorte d'anti Rastignac face à Paris et lui, face au paysage, qui vit alors l'expérience de non-désir qu'il a déjà abordée lors de la séance précédente, celle de vouloir être un tas, ou, à la rigueur, une flaque.
Et dans la montagne syrienne, un jour, on a rejoué la scène, croyant l'avoir oubliée.