Qu'est-ce que Diégèse ?

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2024















La diégèse, c'est dans l'analyse des récits, notamment cinématographiés, un rapport de tension entre le réel et la fiction. C'est donc le réel puisque, aussi bien, il n'y a de réel que par interprétation.
  • Diégèse est le protocole d'une écriture quotidienne. Le protocole change chaque année. Diégèse commence en 2000.
  • Diégèse est une fiction qui joue avec le temps. C'est un seul texte et c'est un hypertexte.
  • Diégèse, c'est le rapport entre le temps qui passe, le temps réel, le temps de la vie et le temps du récit, le temps de la fiction.
De ce rapport naît le texte. Il s'agit donc d'imaginer ce que peut être la diégèse d'un hypertexte.
Le protocole permet d'écrire tous les jours.

C'est aussi une rêverie autour des nombres premiers. Chaque jour, s'inscrit le nombre de jours d'écriture et le nombre de jours de vie ainsi que leur rapport en pourcentage. Ces nombres sont décomposés en facteurs de nombres premiers. Une valeur particulière est attachée aux jours qui correspondent à un nombre de jours de vie qui est un nombre premier. Cela est retranscrit dans un calendrier construit à la manière d'une spirale d'Ulam, du nom de ce mathématicien qui, dessinant une spirale de nombres entiers dans le sens inverse des aiguilles d'une montre a constaté que ceux-ci s'alignaient de manière particulière. Ce calendrier est construit sur 100 ans.










2000 C'est un faux journal intime. Le site s'appelle ou s'appelait Demain 2000, car les textes quotidiens étaient écrits avec un jour d'avance.










2001 C'est le même protocole, mais chaque jour, un mot est lié avec le même mot dans un des deux textes du même jour, un an auparavant. La barre de titre affichait 2001 = 2000+1. Le temps de 2001 est un bégaiement.










2002 C'est un carnet de voyage, qui reprend chaque jour une phrase de 2000 et une phrase de 2001. L'itinéraire est construit à partir de cartes informatiques sur le Web. Un moteur de recherche fournit les images. Depuis 2002, les sites qui contenaient certaines de ces images ont disparu ou ont changé d'adresse et les liens sont rompus et ont donc été enlevés.










2003
L'idée était d'abord de reprendre des notes prises à Lisbonne pour écrire un texte de fiction. Mais le temps porte ensuite vers le thème de l'éclipse, qui se déploiera dans un texte qui n'existe que sur papier et dont les fragments sur le site constituent le matériau de construction. À la place du texte qui n'a pas encore été écrit, j'ai mis des photos de Lisbonne.










2004 Je recopie phrase par phrase, du début jusqu'à la fin, Les Méditations métaphysiques de Descartes et les commente librement, sans bien évidemment aucune prétention de faire de la philosophie, ce qui est aussi une façon de faire de la philosophie.










2005 Une image, un texte. L'image est d'abord prise avec mon téléphone mobile, jusqu'en juillet, puis par un appareil photographique numérique bas de gamme, mais cependant plus perfectionné. Ce ne sont donc pas des images «de qualité», des photographies photogéniques. Ce sont des fragments de réel pixelisés. C'est tout. Le texte à côté de l'image est une chronique qui commence par la révolte contre les commentaires médiatiques et politiques après le tsunami en Asie. C'est Charles Péguy et son pamphlet Notre jeunesse qui reviennent, qui rappelle que tout commence en mystique et tout finit en politique. Je marche en 2005 une main dans celle de Louis Massignon et l'autre dans celle de Charles Péguy. Je râle.










2006 Je tente, comme en 2003, mais sous la tutelle littéraire et politique de Monsieur Harold PINTER, d'écrire un texte. Diégèse est l'Atelier du texte. Je reprends un mot, une phrase, un bout de phrase des années précédentes, des mêmes dates des années précédentes. Ce sont les matériaux. Puis je fais trois colonnes. La colonne de gauche, c'est avant le texte, c'est ce qu'il y a dans ma tête avant le texte. La colonne du milieu, c'est le texte, qui continue d'un jour sur l'autre. La colonne de droite, c'est après le texte, déjà le commentaire du texte. Chaque semaine, le texte est rétabli sous forme de séquences, notées S01, S02, S03... On peut accéder aux séquences par la page du calendrier 2006.










2007 Je reprends le prélèvement d'images. Ce sont ainsi chaque jour une image et une phrase. On peut supposer que les phrases sont prononcées par les personnages de 2006. D'ailleurs, ce sont parfois, exactement, des phrases déjà prononcées en 2006. Cependant, certains jours, les mots ou les phrases viennent de plus loin, et viennent de 2000 ou de 2001 ou de 2002 ou de 2003 ou de 2004 ou encore de 2005... Ce n'est pourtant pas comme si tous les mots avaient été prononcés, si tout avait été dit. C'est juste un parcours, une permanence et aussi une diégèse.










2008 Les personnages de 2006, Gustav, Mathieu et Noëmie, reviennent. Avec eux un quatrième personnage nommé D.
Les quatre partent en voyage en suivant les traces du narrateur de 2002 , en accomplissant donc exactement le voyage de 2002. Les personnages répètent en les agençant et parfois en les détournant des phrases déjà prononcées, déjà écrites les années précédentes, reprises en liens labyrinthiques. Gustav est perdu. Mathieu essaye de l'aider. Noëmie cite Descartes et D. est l'auteur d'un texte que l'on ne connaît pas.










2009 En hommage à Monsieur Harold PINTER, décédé le 24 décembre 2008, je prolonge la méthode «Pinter» entreprise en 2006. Chacun des personnages apparus en 2006 et voyageurs en 2008 dispose de 91 jours de textes et de sons et peut reprendre, ou non, les phrases qu'il a prononcées les années précédentes. Ce sera d'abord Noëmie, puis Mathieu, puis Gustav et enfin D. On trouve aussi des sons, captés au hasard du temps. Les relations entre les images, les sons et les textes sont à la merci et au bon vouloir du lecteur.










2010 Je tente d'allier la méthode «Pinter» à une nouvelle méthode, qui est en fait pour moi une première méthode, et qui serait la méthode «  Barthes  ». Je reprends les cours de Roland Barthes au Collège de France de 1978-1980 sur La préparation du roman, cours auxquels, pour certains d'entre eux, j'ai assisté. Cette méthode Barthes, qui commence par le constat et la définition de ce qui serait le «  milieu de la vie  », ou ce que Péguy aurait appelé «  le point de non retournement  », et qui commence aussi par la nécessité d'accepter sa propre mort et même de prendre conscience que l'on est mortel, pose d'emblée l'écriture comme une salvation. Et, comme Pinter, de ce que cela dit et de ce que cela fait, je ne sais rien. Les cours de Roland Barthes au format mp3 sont disponibles à l'écoute ou en téléchargement sur UbuWeb.










2011 Je choisis chaque jour une maxime de François de La Rochefoucauld, puis je choisis une photographie ou un film publicitaires. Je produis ensuite une forme brève en rapport avec l'image ou le film publicitaires. Les personnages de 2006, 2008 et 2009, participent à distance.










2012 Les personnages apparus en 2006, Gustav, Mathieu et Noëmie, accompagnés de Daniel, leur auteur, reprennent le voyage de 2002, de 2008 et de 2009. Ils s'éloignent de Paris, y reviennent, en repartent. Il leur arrive de commenter le monde. Leur exercice cependant demeure un exercice littéraire. Quand ils le peuvent, les personnages publient leurs lignes sur le réseau social Facebook à partir d'un compte à leur nom. Ils sont amis les uns avec les autres, et aussi avec l'auteur.










2013 Chaque jour, un des personnages, selon l'ordonnancement défini en 2011, s'adosse aux Maximes de La Rochefoucauld pour tenter de décrypter les travers de ces humains qui sont aussi des personnages. Cela constitue leur «statut» de leur compte sur le réseau. Les images sont celles de 2012 extraites des images panoptiques de «GoogleView».










2014 Les personnages écrivains tressent du roman et du romanesque avec des romanciers du 19e siècle. En janvier, Daniel Diégèse commence par La Fortune des Rougon, d'Émile Zola, premier roman des 20 romans naturalistes des Rougon-Macquart. C'est un exercice de littérature augmentée. L'hypertexte se régénère, le texte matériau des années précédentes étant presque épuisé et saturé.










2015 Mathieu Diégèse reprend La Fortune des Rougon et en fait un texte compressé. Selon le découpage institué en 2014, il émet un message de moins de 140 caractères, qui peut ainsi alimenter son compte «Twitter», tandis que Gustav Diégèse, reprend le même roman, comme un guide et le décalque en plaçant les personnages dans la ville syrienne d'Alep, en 2011, au moment du soulèvement syrien contre le régime baathiste, réprimé violemment. Le roman décalqué vient alimenter son compte «Facebook».










2016 Je rapproche dans une lecture continue et alternative deux auteurs qui se côtoient peu, voire même qui ne se côtoient pas : Charles Péguy et Pier Paolo Pasolini. Je juxtapose leurs textes politiques en prose, leur critique commune de la modernité. Cette juxtaposition s'effectue par la publication quotidienne de l'un et de l'autre et par quelques fragments que j'écris et qui doivent fonctionner comme un lien lectoral entre les deux textes. Les fragments cependant forment eux aussi des textes qui sont consolidés et publiés en tant que textes autonomes. Ensemble, ils forment recueil.










2017 Je récole chaque jour un des mots arabes qui demeurent en moi, depuis plus de vingt ans que j'ai quitté le Proche-Orient. J'associe à chacun de ces mots un court texte qui relate la relation linguistique, donc affective, que j'entretiens avec lui.










2018 Noëmie, Mathieu, Gustav et Daniel écrivent des livres, dont nous ne verrons que la couverture et la quatrième de couverture. Ils constituent ainsi une bibliothèque de 365 livres. Les photographies, sauf exception, sont celles des années 2007 ou 2005; parfois, mais plus rarement, de 2003.










2019 Noëmie, Mathieu, Gustav et Daniel donnent à lire une page des livres dont ils ont donné la quatrième de couverture en 2018. Le premier janvier 2019, c'est la première page du premier livre. Le 31 décembre 2019, c'est la dernière page du dernier livre.










2020 Mathieu, Gustav, Daniel et Noëmie écrivent Les Évangiles augmentés. Mathieu augmente l'Évangile selon Saint Matthieu, Gustav, l'Évangile selon Saint Marc, Daniel, l'Évangile selon Saint Luc et Noëmie, l'Évangile selon Saint Jean. Chaque évangile est découpé en quatre-vingt onze parties et chaque évangile est donc augmenté en quatre-vingt-onze jours.










2021 Je reviens sur des jours passés, à l'affût de ce que les médias en disaient. Puisque les médias prétendaient répondre à la question: «Qu'est-ce qui se passe?», plus de vingt ou trente ans plus tard, peut-on vraiment leur concéder cette capacité ? Ce retour sur le passé commence le lundi 27 décembre 1999 et se termine en 1990. Chaque date retenue correspond à un nombre de jours de vie de l'auteur dont le nombre est un nombre premier. La table des correspondances est ici. Que s'agirait-il donc de faire? En quelque sorte, de prédire le passé.










2022 Je prends le sens inverse du travail de 2021. Chaque jour, j'écris un texte qui ressemble à un texte de journal personnel, mais d'un jour à venir. Comme en 2021, il s'agit des jours où mon nombre de jours de vie est un nombre premier. Par le jeu de l'apparition et de la répartition des nombres premiers parmi les nombres entiers, ce jour sera chaque jour un peu plus éloigné du jour de l'écriture que le jour précédent. La table des correspondances indique ainsi qu'en décembre 2022, l'écriture aborde le mois de décembre 2032. C'est donc une sorte d'autobiographie en avance, qui s'enfonce toujours davantage dans la fiction. Ces textes quotidiens, reprenant une technique éprouvée en 2001, 2002, 2006, 2008, 2009, mais aussi en 2018 et 2019, sont construits par agencement des textes du même jour des années précédentes. On peut suivre l'hypertexte en suivant le lien. Ces textes sont aussi souvent des carnets de voyage, celui de l'itinéraire éprouvé en 2002, 2008 et 2012 ou bien, à partir de 2025 et suivi encore en 2026, un nouvel itinéraire, effectué d'abord sur un vélo doté d'une assistance électrique, puis dans une fourgonnette électrique aménagée. L'itinéraire fait le tour de France, remonte ou descend des rivières et des fleuves avant de devenir vraiment erratique. 2027 sera plutôt ferroviaire quand 2028 reprend le vieux voyage de 2002. En 2029, je fais un tour des cathédrales françaises, en train, quand en 2030, je visite toute l'année des stations thermales françaises. En 2031 et jusqu'au printemps 2032, je visite des sous-préfectures françaises.










2023 Je choisis un article de presse, le plus souvent dans les archives du journal Le Monde. La date du journal est celle du même jour de l'année, mais d'une année passée entre la naissance de l'auteur, en juin 1960 et la date du jour de l'écriture. L'année est choisie en fonction du nombre de jours de vie de l'auteur ce jour-là. Il faut que ce soit un nombre premier. Ainsi, il faut attendre le premier janvier 1975 pour que l'auteur connaisse un premier janvier un nombre de jours de vie qui soit un nombre premier (5323). En revanche, le lendemain, c'est un article du 2 janvier 1961, l'auteur ayant atteint ce jour-là 211 jours de vie et 211 est un nombre premier. L'idée générale est banalement de constater que le passé prépare le présent et prépare donc l'avenir. Le choix de l'article est discrétionnaire et dépend principalement de la rêverie de l'auteur. Il s'attache rarement aux faits qui marquent l'actualité de l'époque, préférant les signaux faibles de l'avenir en gestation.










2024
En 2024, c'est un système à 25 personnages qui se met en place, dans lequel on retrouve Gustav, Mathieu, Noëmie et Daniel qui est devenu Danièle et 21 nouveaux personnages qui vivent et travaillent dans différentes villes de France. Chaque personnage livre tout au long de l'année entre 30 et 40 pages d'un journal personnel d'une année passée entre 2000 et 2024. Yiannis publie son journal de l'année 2024. Chaque personnage intervient en fonction d'une table réglée sur le nombre de jours de vie de l'auteur et s'arrêtant arbitrairement sur ceux qui sont des nombres premiers entre 2000 et 2024. 18 jours, le travail d'écriture se téléporte dans l'avenir après 2024 et l'auteur fait la synthèse de ce que l'on sait sur chacune et chacun des personnages. C'est que ces jours-là, il n'y a pas eu de nombres de jours de vie nombres premiers entre 2000 et 2024.
Fidèle à la méthode d'Harold Pinter, on ne sait rien des personnages avant que le texte ne commence à s'écrire, de leurs liens éventuels, ni même si celle et ceux qui portent des prénoms déjà rencontrés dans ce travail sont les mêmes personnages ou bien des homonymes. Roland Barthes pouvait affirmer dans son cours au Collège de France que l'une des structures de La Recherche est « un système de noms propres ». C'est donc bien en référence à Barthes, sinon à Proust, que se met en place ici un tel système.










Pierre Oudart








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