Diégèse | |||||||||
jeudi 11 mai 2000 | 2000 | ||||||||
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à venir et déjà passé | |||||||||
Je
suis allé à
Saint-Ouen et tu m'attendais
là bas. Je ne me rappelais plus ta beauté. Tu m'avais laissé,
ce soir d'hiver, près du périphérique, et j'avais
pensé que je ne te reverrais jamais. J'ai regardé tes yeux au lieu d'écouter les mots qui se disaient. J'ai regardé tes mains plutôt que les lettres que tu écrivais. J'ai regardé les mouvements de tes bras et bredouillé les mots de bienvenue et d'au revoir, j'ai marqué par le silence le trouble que tu me donnais, la marche des jours brisée par ta présence inouïe. Je suis rentré ce soir et dans la solitude retrouvée de cet appartement clos, je laisse mon cœur taper la chamade de la rencontre, au besoin, quand il le faut, pour s'endormir dans le cœur de la chaleur des orages qui se perdent. |
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déjà passé et à venir | |||||||||
Je
suis allé à
Saint-Ouen. Le lieu était vide. Le gymnase de cet ancien comité
d'entreprise avait perdu des tôles pendant la tempête et s'était
rempli d'eau de pluie. Les salles sentaient le ciment frais. Et la
poussière
humide aussi. Nous
avons descendu les étages en colimaçon, passant de salles
en salles et devisant. Tes yeux
étaient gris, je ne les regardais pas, ou de biais, ou à
peine, sans oser, sans ciller. Tu ne m'attendais
pas à ne pas te reconnaître, à feindre moins que l'indifférence,
moins que la vie de toi. Je ne sais pas ce qu'il y avait sur les
plafonds
découverts, moroses. J'ai regardé par la fenêtre les pavillons cossus mais pauvres, qui disent la vanité de tous les héritages. J'ai pensé à Rimbaud et à tes voyages. Tu ne rentrerais pas de Manille. |